25.3.07

Le mambo du coq et de la mouche


Le Commandeur n'était pas du genre à jeter l'éponge au premier round ! Certes l'uppercut au menton plus le coup dans le foie et le crochet du gauche qu'il dut encaisser coup sur coup avec la fin de non recevoir de Flore de Sainte Rita étaient dignes de figurer dans toute bonne anthologie de la boxe amoureuse mais il savait que le match se jouait en douze rounds. C'était lui le spécialiste du ring, le poids coq, elle la challenger, la poids mouche et que peut un poids mouche devant un poids coq aux allures de super welter. De plus s'il avait su apprivoiser un ara cobalt, oiseau en voie de disparition, et le rendre capable au bout de 6 ans d'annoncer sur le rythme les 60 pas du quadrille, comment ne pourrait-il pas séduire cette Sainte Rita en jupons, cette femellle majuscule qui se croyait maîtresse du Madison Square Garden ?
Il faillit mettre genou à terre à la fin de la deuxième reprise suite à un coup bas donné par la reine de beauté. Mais n'écoutant que son goût du beau geste il feignit de ne rien sentir et n'esquissa pas même l'ombre d'une grimace. Au contraire on aurait dit qu'il esquissait des pas de quadrille mâtiné de mambo!
Le troisième round le trouva à la porte de chez Flore avec des graines pour son perroquet Ismaël.
Il lui fallait à tout prix entrer dans la citadelle et y laisser ses petits pions, tous aussi efficaces que ce perroquet de Troie.
Mais la belle faisait la sourde ou faisait sa prière mais la porte demeura close.
Au quatrième round le poids coq super welter frappait à la porte d'Artémia Guimbo mais on lui fit dire que cette dernière ne recevait pas à l'heure de la sieste.
Il revint donc à sept heures du soir pour chercher chez la spécialiste des plantes aromatiques, médicinales et liturgiques une protection, amulette, quelque chose pour résoudre le noeud de vipères lubriques dans lequel il s'était enfoncé tout seul.
- Il me la faut coûte que coûte ! fit le Dom Juan presque en larmes. Fais quelque chose et vite !