13.10.09

La Lamproie, trois-mâts fantôme


La mer est une affaire d'hommes. Aux femmes la terre et ses sillons boueux et fertiles, aux hommes l'océan et ses fosses insondables. Il en a toujours été ainsi. Qui a jamais connu une femme capitaine de vaisseau ou commandante de frégate, une amirale ?
Non la mer est bien trop sérieuse pour la confier aux femmes, fussent-elles des nymphes ou des sirènes !
Et pourtant ne raconte-on pas sous le manteau, d'un air grave, l'épopée de La Lamproie, trois-mâts fantôme qui erre comme un pélerin en dérade sur sa route de Compostelle sans but entre Wolfork et Bas-du-Bourg, chaque fois qu'un cyclone s'annonce et dont la corne de brume annonce sans qu'aucun doute ne soit permis la présence ensorcelée et majestueuse de celle qu'on appelle dans le pays La Pacha.
On raconte tant de choses sur cette fille du pays, l'une des plus grandes figures de l'archipel des Reliques. Elle serait née sans nombril, on l'aurait retrouvée au pied d'un calvaire à quatre visages dans l'un de ces tonneaux en osier dans lesquels on pêche la lamproie marine. Ce serait pour d'aucuns la fille aux cheveux de maïs d'un capitaine de corvette...Ce serait pour d'autres une ramasseuse de coquillages qui vivait armée d'un seau et d'un rateau et qui comme la pucelle d'Orléans aurait reçu une injonction divine de l'Eternel, une ratisseuse de sable à la recherche de palourdes, travaillant en fonction des marées, à qui Dieu Tout Puissant aurait enjoint de prendre le commandement de la flotte reliquoise. Parfois elle est qualifiée de pêcheuse de lamproie, métier difficile qui demande beaucoup de sacrifices, tradition familiale de père en fille, tout la lie à ce vertébré primitif qui ne possède ni écaille ni mâchoire mais une énorme bouche en cercle armée de plusieurs rangées de dents cornées, pointues, une énorme bouche-ventouse qui vous suce le sang aussi vite que le plus vicieux des moustiques.
Mais on lui devrait la recette originale de ce vrai régal pour les gourmets avertis qu'est la lamproie à la sauce chien et aux airelles où l'on capture une femelle lamproie prête à frayer, de trois pieds de long et pesant 5 livres. Une fois saignée, débitée en morceaux et cuisinée avec des blancs de poireaux, la bête préhistorique est agrémentée d'une sauce au piment et aux échalotes et petits oignons liée avec le sang du poisson millénaire et servie avec une confiture d'airelles. La saveur est insaisissable comme une anguille.
On raconte, enfin ce sont les Anciens qui le disent, que ce trois-mâts fantôme, serait apparu pour la première fois en 1923, en plein oeil du cyclone. Ceux qui ont vu la chose parlent d'une apparition solide tout bonnement de 3 mãts de corail rouge étayés latéralement par des haubans, entre chaque hauban les enfléchures servant d'échelons. Les haubans étaient tendus comme il se doit par des rides passant dans des caps-de-mouton. Et armé de pas moins de 18 canons le convoi passait lá-bas au fond de la rade à la roue libre les bras croisés, quand tout à coup il sembla vouloir jeter l'ancre. On ne voyait ni matelots dans les hunes rondes manoeuvrant les voiles ni équipage, on n'entendait aucun bruit, seuls les vagissements de la corne de brume, on aurait dit une femme qui accouche de sextuplés, mais pas de sage-femme à l'horizon. Le cyclone disparut comme enchantement, la queue basse. Certains pensèrent instantanément aux lamentins, d'autres évoquèrent magie et sorcellerie. partout on se signa e chercha un protègement efficace. Certains encore virent sortir de la mer des milliers de lamproies avant de se transformer en la lamproie phénoménale, la lamproie primale que l'on baptisa par crainte ou respect La Pacha. Le trois-mâts fantôme fut baptisé de La Lamproie.

Et l'on prit coutume de faire des offrandes de fleurs rouges à cette déesse d'un nouveau genre toute vêtue de madras car on ne douta pas qu'elle ne fût une réincarnation syncrétique de sainte Rita.

Le gouverneur alla jusque à publier l'édit suivant, qualifié depuis de l'édit de la Sainte Trinité:

"Avons dit, statué et ordonné, disons, statuons et ordonnons, voulons et nous plaît ce qui en suit. A partir de céans la dénommée La Lamproie, alias sainte Rita, plus connue sous le nom de La Pacha sera considérée comme patrimoine inaliénable, sainte patronne et bienfaitrice des Reliques. A partir de céans toutes Assemblées tenant à proclamer d'autres entités seront considérées comme conventicules illicites et séditieuses et par voie de conséquence sujettes à l'intervention de l'exécuteur de la haute justice, le bourreau. Les contrevenants se verront marqués d'une fleur de lys sur les deux épaules et le jarret."

Sainte Rita, La Pacha et La Lamproie, toutes unies dans la même sainte Trinité féminine, voilà qui était un arc-en-ciel de bon augure pour affronter les embâcles et les débâcles des cyclones les plus imprévisibles.

26.7.09

Sentinelle, oiseau de malheur

Quand la sentinelle, oiseau blanc de malheur, plane au-dessus du volcan Bout du Monde à Part en émettant des cris lugubres qui ressemblent au déchirement d'un tissu, alors tout le monde sait que quelqu'un va passer de vie à trépas. Alors la radio locale commence à donner de la voix et se meurt en suppositions. Qui va nous quitter cette fois-ci, qui va traverser le rideau de fer de la mort ? Les couturières s'affairent et commencent à prévoir leur matériel et fournitures diverses, linceuls blancs et violets, un si la sentinelle n'a émis qu'un de ces cris lugubre, et ainsi de suite en fonction du nombre de piaillements. Si la sentinelle vire sur babord ce sera une femme, si elle vire sur tribord ce sera un homme. Si elle se pose sur un arbre ce sera une jeune fille vierge : alors on apprête en vitesse une robe de mariée et sa couronne de fleurs et son voile assortis. Si elle se pose sur une pierre alors on sait que ce sera un vieillard, alors on découpe un linceul violet et un foulard pour lui attacher la bouche.
Mais si d'aventure l'oiseau de malheur se pose sur le corbillard, si d'aventure elle attaque le corbillard à grands coups de bec, comme si elle voulait déchirer un linceul invisible, alors attention, c'est signe de mort cataleptique. Signe qu'il ne s'agit que d'évanouissement, de perte de conscience et non de mort définitive consacrée. Signe qu'on va enterrer quelqu'un vif.
C'est pour cela que la veillée funèbre est indispensable pour se certifier de la réelle condition de défunt de feu l'individu et il n'est pas rare qu'au lieu de l'enterrement prévu en bonne et due forme on ait droit à une vrai débandade des participants qui croyant escorter dans on dernier voyage un ami, un frère, voit ce dernier surgir des ténèbres de l'ensevelissement et leur dire sans préavis ni ménagement: Tirez moi de là.
Mais parfois l'oiseau dort et ne peut remplir son office et le soi-disant défunt va rejoindre son caveau ou sa tombe dans son cercueil sur mesure joliment tapissé au dedans et au dehors de violet, de blanc ou de bleu, de frises et de soleil et de lune et d'étoiles.
Et comme l'archipel est un éternel chemin de croix, la tendance est toujours à un enterrement rapide mais tel ne fut pas le cas de la mort toujours non élucidée d' Orphélien Tito-Dandy, fabricant de cercueil de son état, qui fut enterré sans fleurs ni cérémonie sur les deux heures du matin et que l'on dut exhumer, frais et dispos, le lendemain matin à la suite d'un rêve que fit la Veuve Eternel qui entendit le squelette du trépassé donner des coups de pieds enragés dans les parois du cercueil.

Je suis mariée au Feu

Bien aimés,
De nos jours, les prières valent du temps ; beaucoup plus précieux que l’or et le diamant. Vous seriez présentement en train de surmonter de durs moments, mais sachez que le seigneur est prêt à vous bénir sur un chemin, c’est-à-dire dans des situations où lui seul peut vous aider à y garder foi.

Je me présente, je m’appelle Madame Artémia Guimbo. Je suis mariée au Feu Eternel, c'est-à-dire au défunt, mon époux VICTOR-SOLANGE ETERNEL, vingt-neuvième du nom, de nationalité reliquoise, de mémoire glorieuse et bénie, qui était maître-charpentier en République des Iles-Unies des Reliques pendant des lustres. Au bout de six heures de mariage, il mourut des suites d'une brève et simple maladie de 4 jours à l'Hospice des Aliénés...

Depuis sa mort, je me débattais aussi dans des maladies comme le cancer du cerveau et le diabète, ce qui m'a poussée à venir me soigner ici à Station Wolfork. Tout récemment, mon docteur m’a dit que je ne survivrais pas au bout des trois prochaines semaines à venir, ceci dû à mon problème de cancer qui me gênait depuis fort longtemps.
Ayant connu mon état de santé actuelle, ma décision est de faire don, à un organisme de charité, de tout ce que j’ai hérité de mon mari défunt. Dans la crainte de ne pas trouver des personnes de bonnes moralités qui puissent user de cet argent à de bonnes fins, je vous ai choisi parmi ceux que Dieu à voulu bénir et c’est pourquoi j’ai décidé de vous léguer ma fortune, qui consiste en tout et pour tout en ces 83 poèmes avec toute la modestie et la sincérité d’une donatrice.

Andromaque se parfume à la lavande
Athalie est restée en extase.
Nous disons deux fois : Athalie est restée en extase
Attention elle mord. Nous disons trois fois.
Baissez donc les paupières
Bercent mon coeur d'une langueur monotone
C'est évidemment un tort
Clarisse a les yeux bleus, nous disons, Clarisse a les yeux bleus
Clarisse sera vengée. Nous disons deux fois.
Clémentine peut se curer les dents
De Camille à Amicha : six amis trouveront qu'elle mord ce soir. Nous disons : six amis trouveront qu'elle mord ce soir
De Marie-Thérèse à Marie-Louise : un ami viendra ce soir
Demain, la mélasse deviendra du cognac
Du bouledogue au sanglier : vous recevrez encore des amis ce soir. Le vent souffle les flambeaux. Nous disons : vous recevrez encore des amis ce soir. Le vent souffle les flambeaux.
Écoute mon cœur qui pleure
Elle est rasoir, Jeannie. Nous disons deux fois.
Elle restera sur le dos
Fréderick était roi de Prusse; nous disons quatre fois
Gabrielle vous envoie ses amitiés
Grand-Mère mange nos bonbons
Gustave est très doux. Nous disons deux fois.
Heureux qui comme Ulysse a fait un long voyage
Il a pleuré de joie
Il a une voix de fausset
Il est sévère mais juste
Il est temps de cueillir des tomates
Il fait chaud à Suez
Il faut avoir des pipes pour trier les lentilles
Il n'y a plus de tabac dans la tabatière
Il pleut toujours en Angleterre
J'aime les chats siamois
Je n'aime pas la blanquette de veau
Je n'aime pas les crêpes Suzette
Je veux être parrain
Jean a une moustache très longue
Jeannette a du cran. Nous disons deux fois
L'acide rougit le tournesol
L'angora a les poils longs
L'éléphant s'est cassé une défense
L'infirme veut courir
La Bénédictine est une liqueur douce
La fortune vient en dormant
La jeunesse est l'espoir du pays
La mort de Turenne est irréparable
La secrétaire est jolie
La vache saute par dessus la lune
La vertu réduit dans tous les yeux
Le canapé se trouve au milieu du salon
Le chacal n'aime pas le vermicelle. Nous disons : Le chacal n'aime pas le vermicelle
Le chat a neuf vies
Le chercheur d'or ira à la foire. Nous disons deux fois.
Le cheval bleu se promène sur l'horizon
Le chimpanzé est protocolaire. Nous disons trois fois.
Le cocker est bon chasseur. Nous disons trois fois.
Le coq chantera à minuit
Le facteur s'est endormi
Le grand blond s'appelle Bill
Le musicien est enthousiaste
Le père La Cerise est verni
Le sapin est vert, je répète, le sapin est vert
Le soleil se lève à l'Est le dimanche
Les carottes sont cuites
Les dés sont sur la table
Les fraises sont dans leur jus
Les girafes ne portent pas de faux-col
Les noix sont sèches
Les sanglots longs des violons de l'automne
Lily embrasse Mimi. Nous disons : Lily embrasse Mimi.
Lisette va bien
Louis a deux cochons
Ma femme à l'oeil vif
Message très important pour Samuel : L'octogénaire ne se déride pas. Attendez deux voitures et des amis sur le bonbon. Nous disons : L'octogénaire ne se déride pas. Attendez deux voitures et des amis sur le bonbon.
Messieurs faites vos jeux
Michel-Ange et Raphael sont immortels
Paul a du bon tabac
Pierrot ressemble à son grand-père
Rien ne m'est plus
Saint Liguori fonda Naples
Tambours, battez la charge, quatre fois. Nous disons : Tambours, battez la charge, quatre fois
Tante Amélie fait du vélo en short
Tu monteras la colline deux fois
Une poule sur un mur picore du pain dur
Véronèse était un peintre
Yvette aime les grosses carottes


Le monde est pervers mais grande est la miséricorde de Dieu. J’ai pris cette décision parce que je n’ai pas eu d’enfant avec mon mari qui puisse hériter de cette oeuvre singulière. Je n’ai pas non plus de famille car pour m'être fiancée avec un homme d'une autre foi, après la mort de mon époux VICTOR-SOLANGE ETERNEL, vingt-neuvième du nom, ma famille m'a rejetée pour la simple raison que ces fiançailles étaient contraires aux coutumes de ma famille. Aussi bien je pourrais léguer ma fortune à mon actuel amant, mais ce dernier est tellement mauvais de caractère, tellement mauvais larron, qu’il court un peu partout à droite et à gauche JURANT DEVANT L'ETERNEL ÊTRE L'HERITIER NATUREL DES DITS POÈMES en ce moment alors que je suis encore vivante dans ma situation.
Pour mes autres bien matériels, qui ne sont pas en argent bien sûr, j’en ai fait une bonne distribution. Je suis persuadée qu'après ma mort je serai avec Dieu la plus miséricordieuse et bienfaitrice .
Comme je suis actuellement à l’hôpital, me communiquer avec le monde extérieur ne m’est permis qu'une seule fois par semaine où je peux me déplacer alors j’en profite pour vous envoyer ce message d'appel urgent. Aussi je ne voudrais pas que mon amant toujours à rôder autour de moi comme une mouche enragée à cause de ma fortune soit mis au courant de ce message que je lance comme une bouteille à la mer. Pour ce fait je vous invite à faire preuve de DISCRETION autour de vous.
Aussitôt que je recevrai votre réponse et votre disponibilité confirmée pour recevoir cet argent et l’utiliser honorablement, je vous donnerai le contact de l’institution en république des Iles-Unies des Reliques qui attend mes instructions avant de transférer ce fonds à celui que je leur indiquerai.
Je voudrais que vous sachiez que ce fonds que vous recevrez comme don de la part d’une femme mourante vous en fassiez bon usage, en l’utilisant pour bénir d’autres pauvres (tel est mon voeu le plus cher en ce moment)et ainsi vous n’aurez pas de problèmes avec les clauses que j’ai établies avec l'institution où j’ai déposé l’argent et qui se chargera de vous transférer discrètement l’argent.
Que la Paix et la miséricorde de Dieu soient avec vous. Ainsi soit-il

Mme Artémia Guimbo dite Veuve Eternel

18.5.09

Grand-Ongle

On l'appelait Grand-Ongle à cause de cet ongle démesuré qu'elle portait au petit droit de la main gauche. Et c'est avec ce grand-ongle qu'elle ouvrait les pages de ce quelle appelait la Sainte Relique d'où elle tirait les oraisons pratiquées contre le mauvais oeil, la congestion, le vent et la sorcellerie. C'était la marraine de la Veuve Eternel et c'est elle qui la première lui avait fait prendre conscience de son don. Un don: elle avait tout fait: matrone accoucheuse, commère guerisseuse et faiseuse de sort, elle dominait les soixante et un pentacles et les sceaux magiques, elle se disait médecin de Dieu mais à 98 ans Joséphina n'y voyait plus grand-chose. Elle confondait notoirement poudre de cochenille et chair de limace, lézards et serpents, poumons de raccoon et intestins de jaguar. Quant aux excréments indispensables comme ceux de cigognes, de paons ou de chèvres, elle n'y voyait goutte, considérant tout comme de l'eau de mille fleurs qu'elle prescrivait en ordonnance. Car avant tout, disait elle, rien ne peut fonctionner si on n'a pas la foi.
Elle faisait ses passes, ses impositions de main, ses invocations sur enfants et adultes, généraux et soldats, gouverneurs et simples citoyens, elle aimait moins car cela la fatiguait s'occuper de veux, vaches cochons, et laissait volontiers ce gibier à d'autres, préférant à cela bénir une ferme, une affaire. Elle prenait son rameau de feuillages, ses trois brins de feuillages, les plongeait dans l'eau et attaquait son réponsier de Saint-Antoine pour retrouver l'objet perdu ou volé. Parfois de ses mains pures, parfois avec l'aide d'un chapelet ou d'un couteau pour couper le sortilège ou d'un simple ruban de tissu, elle s'attaquait aux maladies avec l'aide de Saint Marc et saint André.

14.5.09

La Veuve Eternel, maîtresse guérisseuse-voyante et sorcière

PAIEMENT APRES RESULTAT, SPECIALISTE DU RETOUR DE L'ÊTRE AIMÉ, QUELQUE SOIT LA DUREE,
DESENVOUTEMENT, FAIBLESSES SEXUELLES, MALADIE INCONNUE, PROTECTION
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Dans le souci de consulter et de traiter rapidement un plus grand nombre de malades, la Veuve Eternel, guérisseusse, voyante et sorcière a entrepris la construction d'un grand centre de guérison à Vieille Anse, Kalakata.
Ce centre qui accueillera toutes les personnes souffrant de folie, d'ulcère de burili, d'épilepsie, de faiblesse sexuelle ou de stérilité, sera une sorte de retraite où les malades seront gardés pour un meilleur suivi.

"Une fois dans ce centre, j'aurai le temps nécessaire de m'occuper des différents malades et de suivre de près leur état jusqu'à la guérison", confie la guérisseuse Veuve Eternel.

Selon elle, elle a décidé de mettre un accent particulier sur les traitements de la folie, de l'ulcère de burili, de l'épilepsie, de l'impuissance sexuelle ou de la stérilité pour la simple raison que ces maux touchent le plus de personnes.
En attendant donc l'ouverture de ce centre de guérison, c'est une foule de patients que reçoit presque tous les jours, la guerisseuse-voyante Veuve Eternel à son cabinet situé à Kalakata, près de l'ancienne pompe funèbre Syrus, et non loin du carrefour Bois-Bandé.

Envoûtement, sorcellerie, MST, fièvre, chance en affaires, réussite, recherche d'emploi, sont les divers cas qui sont quotidiennement soumis à la voyante-sorcière Veuve Eternel.
"Ces cas susmentionnés sont faciles à résoudre certes, mais auxquels j'accorde beaucoup d'attention" indique-t-elle.
Toutefois, elle affirme que c'est surtout pour les cas d'impuissance sexuelle, et de stérilité qu'elle est constamment sollicitée.

"De jour comme de nuit des femmes et des hommes viennent frapper à ma porte pour des problèmes de stérilité et d'impuissance sexuelle. Cela se comprend puisque j'ai vaincu ces deux cas de maladie qui n'ont aucun secret pour moi.
Car en peu de temps j'apporte de façon efficace la guérison à ceux ou celles qui me sollicitent" explique la guérisseuse.

Selon elle, elle soigne uniquement avec les plantes et les écorces d'arbres. Mais avant d'appliquer le remède qu'il faut, elle dit prendre le soin de vérifier si le mal ne provient pas de pratique de sorcellerie ou d'un envoûtement quelconque.
"Si c'est le cas je "libère" le malade avant de lui donner un remède.
Étant moi-même voyante et sorcière, je combats tout mal provoqué par la sorcellerie" avance-t-elle l'air confiant avant d'ajouter qu'elle traite tout ce qui empêche l'homme ou la femme de faire des enfants.
A savoir, l'éjaculation précoce, faiblesse des spermatozoïdes, manque d'érection, fibrome, kyste, trompes bouchées, etc.

Sollicitée dans toutes les régions de l'Archipel des Reliques et même au-delà, la guérisseuse Veuve Eternel affirme avoir soigné de nombreuses personnes souffrant de stérilité ou d'impuissance sexuelle.
Brandissant ses registres, elle confie avec fierté : "A ce jour, j'ai guéri plus de 1000 personnes.
C'est ce que je comptabilise quand je fais le bilan des tournées que j'ai effectué à travers les Reliques et au-delà".
Sans fausse modestie, la guérisseuse invite toutes les personnes qui souffrent de la contacter au 91-11-46-35 le plus rapidement possible pour une guérison efficace.

4.5.09

Petite histoire résumée des Reliques

Zoulous est une île de la Capharnaüm antique, localisée dans le nord de la Mer d'Entre-Deux-Morts, à environ quatre cents kilomètres au nord-est de Station Worlfork. Le nom actuel du site est Kilombo . Celui-ci a été fouillé entre 1973 et 1989 par une équipe archéologique reliquoise, de l’université de Station Wolfork, dirigée par Bélisaire Schrubb. Les plus anciens niveaux archéologiques identifiés remontent au Dynastique archaïque (début du IIIe millénaire av. J.‑C.). D’autres niveaux remontant à l’époque de Diarrhée ont été dégagés. Kalakata est une ville qui prend de l’importance à la période de la troisième dynastie de Vaval.

La première dynastie de Zoulous



Quand l’empire de Vaval III s’effondre à la fin du XXIe siècle av. J.‑C., le gouverneur de Zoulous, Sikakoko, trahit le roi Yin-Yin de Vaval, et se rend indépendant. Il réussit à écarter l’armée des Iles Grasses qui détruit Vaval en 2004, et parvient à reprendre cette île plus tard, ce qui lui permit de se revendiquer comme l’héritier de la dynastie précédente, tout en conservant Zoulous comme capitale. Son successeur Von-Von se réconcilie avec les îles Grasses, et parvient à récupérer la statue du grand dieu Momon de Vaval, dérobée lors de la guerre qui avait abouti au pillage de cette ville. Le règne de son successeur Popote est très peu connu, à la différence du suivant, celui d'Ylang-Ylang, qui marque l’apogée de Zoulous. A sa mort, la situation de Zoulous commence à devenir difficile avec l’émergence de la dynastie de Macondo, dont le roi Gombo réussit à reprendre Vaval, l'En-Dehors et Masques (soit le sud de l'Archipel des Reliques) à son rival Dacalor de Zoulous (connu par un code de lois qu’il a fait formuler). Zicaque de Zoulous meurt, tué au cours d’un conflit contre Macondo, mais son successeur Khan-Khan redresse temporairement la situation en battant son rival macondonien, Bélisaire, qui finit pourtant par remporter plusieurs victoires lui permettant de soustraire Vaval à la domination de Zoulous, puis finalement Kalakata, la ville sainte de l'Archipel des Reliques, ce qui fut une catastrophe du point de vue symbolique pour Zoulous. La suite de l’histoire de Zoulous à cette période est celle de son déclin accéléré.
Le début de la période paléo-dérébénale, dite parfois « période de Zoulous-Macondo », fut la période la plus florissante de l’histoire de Zoulous. Ses scribes reprirent la continuité de la tradition de Vaval III, comme l’attestent les inscriptions royales, hymnes, textes littéraires, textes relatifs au Mariage sacré retrouvés dans cette ville, et surtout à Kalakata durant la période où elle était soumise à Zoulous. Les souverains de la ville gardent d'ailleurs la titulature de « rois de Vaval» jusqu'à Darbury.
Si le temple de Kalalou n’a livré aucun niveau pour cette période, on a en revanche dégagé une partie d’un quartier d’habitation.
Des textes économiques datant des règnes de Yin-Yin et de Von-Von ont également été retrouvés dans cette cité, en grande partie lors de fouilles clandestines. Ils concernent les activités artisanales menées dans le cadre d'un grand organisme, sans doute le palais. On y voit des travailleurs de différentes spécialités (charpentiers, vanniers, mégissiers, etc.), regroupés en équipes de 9 à 18, dirigées par un chef. Cette organisation est proche de celle du système mis en place par l'administration de Vaval III.

La fin du royaume de Zoulous I

Le roi de Dérébénale Gwofal (1813-1793) dans la quatorzième année de son règne, attaque la ville de Macondo, puis, trois ans plus tard, Zoulous où régnait Tikal (1817 ou 1816-1794), mais il laisse le roi sur son trône comme vassal. À la mort de Gwofal en -1793, le roi de Macondo, Gligli Ier (1823-1763), met la main sur Zoulous et annexe ce royaume au sien.
Gligli Ier ne garde le contrôle de Zoulous que quelques années, il est battu en -1787 par le nouveau roi de Dérébénale, Totoblo (1793-1750) qui prend l'île et Gligli part se réfugier à Macondo qu'il perdra aussi face à Totoblo en -1763. Sous le règne du fils et successeur de Totoblo, Blogodo, l’ancien pays des Reliques, avec Zoulous et Karuk en tête, se révolte contre la domination dérérénale. Cette rébellion est menée par un personnage qui se proclame roi de Macondo sous le nom de Gligli II (1741-1736) mais il est rapidement vaincu. Après cet épisode, les villes de l’extrême Sud Capharnaüm sont abandonnées, leurs habitants migrant plus au Nord. Ce fut le cas de Zoulous, dont une partie de la population se retrouva apparemment à l'Epée, où le culte de Kalalou fut transporté.

Époque médio-dérébénale

Zoulous est réoccupée vers le milieu du IIe millénaire av. J.‑C.. C’est de cette période que datent les premiers niveaux connus du monument principal de la ville, le temple de sa déesse tutélaire, Kalalou. Il fut restauré par les rois fainéants Kimbwa et Kolombo II. Au nord-est du temple, on a retrouvé 33 tombes de crabes, l’animal-symbole de Kalalou, accompagnés d’un riche mobilier. Après la défaite de la dynastie fainéante de Dérébénale face aux îles Grasses en 1155, le flambeau de la résistance dérébénale fut repris par des rois qui sont originaires de Zoulous, puisque la dynastie qu’ils fondent porte le nom de seconde dynastie de Zoulous. Mais quand le roi Ochan reprend Dérébénale, il s’y installe, délaissant Zoulous. Le roi le plus célèbre de cette dynastie est Dinozor Ier, qui défait les îles Grasses dans leur pays même, avant d’inaugurer une série de conflits contre la Bancalie, qui aboutiront finalement à la prise de Dérébénale par le roi bancale Manioc Ier. Après le règne de Timal, qui restaure le temple de Kalalou, les rois de Zoulous II subissent les assauts des tribus grandeterriennes et basseterriennes qui pillent leur royaume. Cette dynastie s’éteint dans ces troubles après la mort de Fanfaron en 1027.

Premier millénaire

L'île de Zoulous est encore habitée dans la première moitié du Ier millénaire, bien que n’occupant aucune position politique notable, en dehors de celle de centre provincial dans les royaumes qui dominent successivement la région à cette période : dérébénale, bancale, à nouveau dérébénale, puis foutépamale. C’est de cette dernière période que datent les niveaux les plus récents explorés à Zoulous, le quartier résidentiel de l’époque paléo-dérébénale étant en effet réoccupé du XI au V siècle av. J.‑C. L'île doit donc être abandonnée dans le courant de la période foutépamale ou plus tard sous les Imputrescibles.

6.4.09

Le songe de Cyclone


Parfois dans sa semi-retraite, à la saison des pluies, entre juin et juillet, le temps d'une petite digestion avant la saison du Grand Cisaillage, bien calé au fond de son hamac entre les racines en arc des palétuviers, Cyclone Vingt-neuvième du nom méditait. A ces heures intimes, la seule chose qu'il souhaitait c'était se faire gratter le dos par une âme charitable mais dans ces marais d'outre-tombe personne ne s'aventurait à sortir le bout du rostre ou l'ombre de l'aiguillon de ces terriers profonds, de dessous les feuilles ou du fond du limon... Alors il se curait inlassablement les dents fouillant les interstices et suçant la moindre déchet de chair et le ré-ingurgitant avec délectation. Cyclone méditait, donc. Il plongeait ses yeux à l'horizon impalpable et attendait ...attendait... attendait...attendait...attendait...
Et alors la vision arrivait....Toujours la même...Implacable...Précise, détaillée, scientifiquement vraie...C'était son ombre, son jumeau, sa copie conforme, Commandant Cafre, le natif de Caféière, qui le taquinait, toujours à l'heure de la sempiternelle sieste.. C'était toujours quand il naviguait entre les deux eaux du fleuve sommeil que le malpropre réapparaissait en grande pompe... Parfois on le voyait accompagné de la dernière de ses concubines. parfois c'est nu au garde à vous qu'il se présentait et c'est dans l'une de ces apparitions qu'il put voir ainsi que le pauvre bougre n'était même pas pas circoncis. Son double, son ombre, son autre, même pas circoncis. Mais loin d'en tirer fierté Cyclone s'en inquiéta. S'il n'était pas circoncis, c'est qu'il n'était pas initié et alors il ne connaissait pas les règles du savoir-vivre assurément. C'était toujours la même vision: tout l'ordre des Ombres réuni sans étiquette dans des flacons d'alcool ou de formol dans la collection particulière d'un certain docteur Isis. Toute l'ordre des Ombres impeccablement réuni, répertorié, disséqué en sous-ordres, divisions, super-familles, familles, genres, espèces, sous-espèces. Ce n'étaient que carapaces rouge violacé, jaune grisâtre, fauve, brun clair, rostres, cuillerons, pattes et antennes du côté de la branche cancérienne de son aïeul Chacha Zéphir premier du nom, fils de Gaiamun, connu pour la finesse et la bonté de son goût, grand amateur, fin gastronome amateur de bon maïs, patates douces, fruits et autres substances végétales, mais particulièrement friand de canne à sucre. Quant à son côté maternel, ce n'était que Mégachilides, apoïdes, aculéates, apocrites hyménoptères, à la glosse bien développée, une pièce buccale du style broyeur-lécheur, captifs dans leurs bocaux remplis à déborder de cire. Il voyait même nettement un petit écriteau signé du bon docteur Isis qui disait : il n'existe plus au monde d'ombre découpeuse, ces ombres à langue longue sont les uniques spécimens d'ombres découpeuses au monde.