29.7.06

Kalakata, l'enfer à la mode tropicale



L'île de Kalakata est une île entièrement volcanique, formée d'un strato-volcan conique. Elle culmine au Mont du Bout du Monde à Part à 506 m. Les coulées de lave se terminent dans la mer le plus souvent en d'imposantes falaises verticales sauf sur le versant sud où une jetée permet aux petits bateaux à moteur d'accoster à marée haute. Un escalier de 154 marches en marbre de Carrare traverse la végétation de broussailles pour déboucher sur un plateau où est installé le village de Kalakata. Kalakata s'apparente à un vrai petit enfer miniature !

26.7.06

Situs inversus totalis

L'archipel des Reliques est digne de figurer dans le Livre des Records ! En effet plus de 90 pour cent de ses habitants sont porteurs d'une malformation congénitale rare : le situs inversus totalis, aussi appelé dextrocardie ! Alors que cette malformation n'est censée toucher statistiquement que 2 pour 10000 habitants ! Tous les organes normalement situés à gauche sont à droite, et tous ceux normalement situés à droite sont à gauche.
Par exemple le coeur est à droite, de même que l'estomac et la rate.

17.7.06

Kalakata, île privilégiée du Ciel

Kalakata est un lieu privilégié du Ciel. Ce petit coin de paradis situé au Nord-Ouest de l'Archipel des Reliques, à 9 km au nord de l'île aux aux Zoulous, est dominé par le volcan Bout du Monde à Part. Cette île minuscule peut en effet se glorifier d'avoir eu à un siècle et demi d'intervalle la visite des Quatorze Saints Intercesseurs en 1519, celle de Singe Vénérable en 1660. Plus récemment, à la fin du XIXème siècle le passage du prophète mystique Jean Zoulou XXIX a particulièrement marqué les esprits.
Le 15 septembre 1519, les Quatorze Saints Intercesseurs apparaissent à un pécheur de Kalakata, Edmond, fils de Zébédée, sur les pentes du volcan du Bout du Monde à Part. Ils demandent qu'on leur bâtisse sur ce lieu même une chapelle sous le vocable des Quatorze Saints Intercesseurs et qu'on y vienne en procession pour y recevoir les dons qu'ils veulent y répandre.
Le plus célèbre de ces dons fut la naissance du futur Joachim-Zoulou IV le 4 juillet 1918, à la suite de trois treizaines de prières dont l'une aux Quatorze Saints Intercesseurs et l'autre à Saint-Antoine-des-Divins-Plaisirs, faites par la Reine Charlotte-Zoulou III qui, mariée avec le Prince Consort Séraphin, voulait à tout prix concevoir un fils. L'intercession conjointe des Quatorze Saints et de Saint-Antoine-des-Divins-Plaisirs permit heureusement à la grossesse d'aboutir comme elle le désirait.
Le 15 septembre 1947, le jeune roi Joachim-Zoulou IV vint lui-même sur le Bout du Monde à Part rendre grâces pour sa naissance, puis il continua son voyage pour aller célébrer à Station Wolfork son mariage avec la fille du Président des Reliques le 20 septembre 1947.
Mais trois siècles auparavant, le Ciel avait déjà visité Kalakata.
En pleins flancs encore du volcan du Bout du Monde à Part, le 15 septembre 1660, un jeune berger, Michaud, faisait paître ses cabris par une intense chaleur. Epuisé de soif il s'allongea sur le sol brûlant et voici qu'un singe d'imposante stature se tint soudain là près de lui et lui indiqua un cocotier en disant :
"Je suis le Singe Vénérable, enlève-le et tu boiras".
Le cocotier était énorme, les racines allaient au moins jusqu'à la mer. Plus tard huit hommes pourront à peine le déraciner. Michaud crut à une plaisanterie mais le "singe vénérable ", comme disent les récits de l'époque, réitéra l'ordre. Michaud obéit, déracina sans peine le cocotier et découvrit une eau fraîche qui commençait à ruisseler. Il but avec avidité, il but tout son saoul mais quand il se releva il était seul et le cocotier était encore en place, bien enraciné dans sa gangue de terre volcanique. Ce qui allait devenir la Fontaine au Singe coulait paisiblement...
Michaud ne douta pas de la réalité du fait, les habitants de Kalakata non plus. Avec une extraordinaire rapidité la nouvelle se répandit comme une trainée de poudre : les pélerins se rendirent à la Fontaine au Singe de tous les endroits de l'archipel des Reliques et des pays environnants, des infirmes et des malades de toutes sortes dont la plupart s'en retournérent guéris ou bien consolés de leurs infirmités. Les rassemblements furent considérables et après la construction immédiate d'un oratoire sur le lieu même de l'apparition, une chapelle plus vaste fut consacrée en 1663, celle que nous voyons aujourd'hui avec sa poutre de gloire portant le texte du prophète Isaïe si évocateur en ce lieu : "Venez puiser avec joie aux sources du Singe" ("Haurietis aquas in gaudio de fontibus Simies") .
Cette chapelle fut confiée aux Frères tertiaires de Saint François. Dans la solitude des flancs du Bout du Monde à Part, ils édifièrent dans le choeur latéral droit de l'église un autel baroque dédié aux 14 saints.
A la fin du dix-neuvième siècle le prophète mystique Jean-Zoulou XXIX déclare Kalakata île sainte et proclame la Première Monarchie de Kalakata ce qui déclenche la guerre de Kalakata.
Vingt ans après c'est la Révolution des Crabes et la Proclamation de la Seconde Monarchie de Kalakata. Chapelle et couvent durent être abandonnés puis reconstruits. L'église Saint-Antoine-des-Divins-Plaisirs servit même de prison et est jusqu'à ce jour entretenue avec soin par le curé et les paroissiens tandis que la Fontaine au Singe est encore alimentée en eau dite bénite.
13 jours par an, la chapelle est ouverte à la dévotion des fidèles et, toujours, lors de la Treizaine à Saint-Antoine-des-Divins-Plaisirs, on y vient de tout l'Archipel honorer dans un syncrétisme admirable les Quatorze Saints, le Singe Vénérable et Jean Zoulou XXIX. La Procession des Cercueils qui termine la treizaine chaque année le 13 juin est aussi l'occasion d'une procession endiablée où bombance rime avec pénitence !
Le même jour on commémore la mort de Jean-Zoulou XXIX par un pélerinage festif en bateau entre Extra-Muros, sur l'île aux Zoulous et les hauteurs du Bout du Monde à Part.

5.7.06

L'île aux Papayes


L'ile aux Papayes fut jadis le paradis des cauris ! Ils étaient à une certaine époque bien une dizaine de devins à y pratiquer la caurologie (la lecture du passé et du futur à travers des cauris) dans le plus grand désintéressement financier.
La divination par les cauris faisait l'objet d'un apprentissage qui pouvait durer toute une vie. Il ne s'agissait pas seulement de déchiffrer les signes mais il fallait en maitriser la portée magique.
Et pour cela seule l'initiation par un chaman est obligatoire !
Lorsqu'un devin recevait la visite d'un consultant, il jetait ses cauris (à partir de 12 ) à plusieurs reprises en y joignant des petites pièces appelées "ibo" (il s'agissait d'un petit cauri appelé "ayé", d'une boule de coquille d'oeuf moulue appelée "efun", d'une petite tête de poupée appelée "aguona", d'une graine de guacalote appelée "ewe ayo", d'un petit caillou noir dit "ota" et d'une petite vertèbre ou osselet appelée "egungun") et déchiffrait les figures composées par les cauris comme l'on déchiffre un alphabet.
Les positions des cauris sont ouvertes ou fermées selon que le cauri se trouve "sur le dos" ou sur le ventre. Le dos est la partie bombée et le ventre, la partie naturellement ouverte. En réalité, le cauri n'est jamais vraiment "sur le dos" car ce dos a été découpé. Ce découpage est une des étapes permettant au cauri de devenir actif. Selon les positions des cauris, le devin observera des symboles de la fécondité, de la santé ou de la maladie, du bonheur ou du malheur, des rencontres ou des séparations concernant le consultant ou ses proches. Le cauri en tant qu'intermédiaire du monde des morts donne accès à un univers intemporel dans lequel présent, futur et passé perdent toute consistance pour constituer une trame unie.
Sur 20 cauris, seuls 16 sont lancés ! A chaque lancement de cauris on compte le nombre de cauris qui tombent avec l'ouverture vers le haut pour un total de 256 combinaisons ! Seuls 13 cauris sont lus.
Chacune des combinaisons est un oddu (ou lettre) (une part d'explication de la connaissance du monde, qui pour 50 pour cent est féminine et pour 50 pour cent masculine, certains oddu étant positifs (on parle alors d'"irès") d'autres sont négatifs (on est alors en présence d'"osogbo") et porte en elle une association à un ou plusieurs patakis (paraboles, légendes à partir desquels le sacerdoce obtient des conclusions applicables à la question posée par la personne qui demande à consulter les cauris).
Des quatre coins de l'archipel on venait aux Papayes rendre visite aux devins accompagnés de leurs plateaux de divination Ifa à travers lesquels parlait Orula, l'oracle, le messager des dieux !
Puis vint une époque où les spécialistes de l'interprétation des cauris ne se comptèrent plus guère que sur les doigts d'une seule main. Le maître incontesté de la chose fut un certain Bob Dilogun qui selon la légende serait venu au monde avec une poignée d'herbes dans la main gauche et des cauris dans la main droite, et des ongles faits de cauris ce qui fit savoir à tous qu'il était de la matière première dont on fait les devins. Après que ce formidable jeteur de cauris y soit trépassé en pleine consultation de cauris, on eut affaire à une inflation de cauristes professionnels qui moyennant sacrifices et monnaie sonnante et trébuchante vous livraient jusqu'aux oddu 13 à 16 pourtant compétence exclusive des babalawo !

Il suffit d'une saison cyclonique calamiteuse : le jet de cauris tomba en désuétude faute de combattants et l'île aux Papayes fut bientôt déclarée maudite et en conséquence abandonnée à la gente animale ! C'est vrai qu'elle était déja réputée pour ces coquillages blancs, ces fameux cauris dont elle fut à une certaine époque la première exportatrice mondiale devançant même les Maldives et les Philippines, lieux où le gastéropode marin Cyprae moneta aimait à se reproduire! Mais on ne comptait plus les races de fourmis, moustiques, jackos, crabes, palourdes, lézards à colerette, fourmis vertes, tatous-boules, termites ailés, guêpes, mouches, cheval-bois, araignées, mygales, cabris, raccoons qui frayaient sur l'île. Et petit à petit par on ne sait quel enchantement on entendit parler de la présence de giraffes, kangourous, guépards, éléphants, hyènes tachetées, cobs de buffon, lépoards, chacals à flancs rayés, mangoustes, vautours pêcheurs, antilopes bongos, gorilles des montagnes, okapis et autres cacatoès sur l'île. L'île devenait une vraie arche de Noë giboyeuse, cible de chasseurs et braconniers qui parlaient d'une sorte de carnaval des animaux qui s'y tenait chaque année à la même époque.
On se mit alors à nommer l'île aux Cauris l'île aux Bêtes. Jusqu'à ce que le responsable de la Culture de l'archipel se mit en tête de la débaptiser et elle devint l'île aux Papayes, nom qu'elle porte encore de nos jours, bien qu'elle soit presque entièrement couverte de cactacées !