16.3.07

Artémia du Corossol



Chaque lignée de docteurs feuilles a toujours dans sa pharmacopée une petite préférence, une plante totémique de base autour de laquelle s'articulent les autres et c'est cette plante-là qui est sa signature, sa marque de fabrique. Ainsi comme la marque de fabrique de son arrière-grand-mère Magdaléna avait été le corossol, comme celle de sa grand-mère Antonieta Wanda avait été le bon et vieux corossol, comme celle de sa mère Pépita avait été ce même corossol, la marque de fabrique d'Artémia Guimbo fut naturellement une fois pour de bon et pour toujours sa Majesté corossol. Il y avait eu Magdaléna du Corossol, Wanda du Corossol, Pépita du Corossol et maintenant c'est Artémia du Corossol qui avait pris le flambeau de ce coeur vert pour emblème totémique.
Déjà tout petite les premiers mots qu'Artémia apprit à prononcer n'avaient-ils pas été Corossol, Guanabana, Graviola, Soursop, Anona Muricata ! Et son biberon de lait n'avait-il pas été fortifié par non pas de la fécule de maïs ou de toloman mais par de la pulpe de corossol, excellente pour ses effets digestifs et diurétiques ! Il est vrai qu'elle avait hérité à la naissance de sa grand-mère Wanda d'une plantation de corossolliers ! Un hectare de corrosol, environ 300 arbres dont les feuilles vert foncé, les fleurs à trois sépales jaune vert, les racines, les graines noires, l'écorce et la pulpe allaient tisser sa légende.
En même temps que cette plantation Artémia hérita d'un savoir ancestral qui lui fut administré à petites doses infinitésimales par mère et grand-mère sans même qu'elle s'en rendit compte.
A 3 ans elle savait déjà distinguer les feuilles d'un corossollier de celles d'un goyavier et d'un manguier. A quatre ans elle expliquait à qui voulait bien l'entendre que le corrosol possédait des propriétés antibactéricide et anti-inflammatoire. A sept ans, âge de raison, elle savait qu'on pouvait utiliser la plante contre l'arthrite, l'asthme, le diabète et l'obésité.
Entre treize et seize ans elle apprit comment combattre cholestérol, névralgies et rhumatismes, hématurie et urétrite avec l'aide des feuilles, graines ou pulpe de corossol...
Elle apprit la décoction des feuilles écrasées au pilon utilisées en cas de spasmes et de diarrhées, de fièvre et de céphalées. Elle sut que les graines pouvaient être utilisées pour provoquer des vomissements en cas d'intoxication et possédaient aussi une action astringente. Elle apprit un à un les principes actifs de la plante et sut que l'écorce possédait une action spasmolytique qu'on employa dans le contrôle du diabète. Mais ce fut elle qui découvrit à l'âge de dix-sept ans la formule d'une pommade, la fameuse Artémia du Corossol, désormais brevetée en bonne et due forme, une pommade efficace aussi bien dans la lutte contre l'herpès que dans le combat contre le cancer. L'herpès n'a pas de traitement mais avec la pommade d'Artémia la cicatrisation est rapide. Le remède fonctionne aussi comme un bon coadjuvant dans la cicatrisation des blessures internes causées par le cancer.
Par ailleurs Artémia ayant développé un insecticide biologique puissant contre les moustiques, une suspension aqueuse provenant d'extrait éthanolique préparé à partir de graines, de feuilles ou de fleurs de corossol séchés à l'ombre pendant dix jours, on peut affirmer désormais que le corossol est 100 pour cent mortel dans la lutte contre la dengue, la fièvre hémorrhagique et la fièvre jaune.