tag:blogger.com,1999:blog-262201482024-03-14T06:56:38.630+01:00Le Bal d'Entre-Deux-Morts ou Les Très Riches Heures de Victor-Solange Eternel, dit Chevalier CycloneL'archipel des Iles-Unies des Reliques est situé au large de Macondo et du Grand Marécage de Wolfork dans la Mer d'Entre-Deux-Morts. En dépit du chemin de croix permanent qui s'y déroule entre racines et rhizomes, Artémia Guimbo, marchande de simples de son état, et Victor-Solange Eternel, dit Chevalier Cyclone s'affrontent et se rejoignent dans un bal étrange sous la protection de saint Antoine-des-Divins-Plaisirs.Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/11723491451065633801noreply@blogger.comBlogger166125tag:blogger.com,1999:blog-26220148.post-24583934869017092962014-07-06T07:58:00.001+02:002014-07-06T07:58:21.128+02:00double de chapitre 3 du 13 juin 2013Heureusement que, prévoyante comme toujours, Mayotte, l’officiante en chef, avait préparé pour “au cas où” une bassine de fer blanc à deux anses remplie d’eau de délivrance qu’elle avait mise à chauffer au soleil avec les différentes feuilles exigées pour préparer le bain majuscule, bain de nettoyage et de démarrage, la maison et le corps tous unis dans un même élan: deux feuilles et demi de basilic, trois feuilles de corossol, quatre feuilles de semen contra et une feuille de menthe, deux feuilles de citronnelle, une feuille de glycérine, du sang-dragon, de la verveine blanche, du pied-de-poule, du trèfle, du plus-fort-que-l'homme, du devant-de-nègre, de la dent d'ail et pour lier le cocktail, comme de bien entendu, un petit verre de rhum pour détendre, sans oublier bien sûr la petite feuille de fuschia porte-bonheur... Au coucher de soleil ce ne fut que lavage et frictionnage, poudrage de riz et pomponnage, fardage bleu bien prononcé et parfumage d’eau de fleur d’oranger comme pour une fête en matinée. Après avoir longtemps hésité, presqu’une heure, entre le bleu roi et le bleu marine, Mademoiselle la Chevalière s’était finalement rangée à l’avis de sa soeur qui considérait que le bleu roi était une couleur déplacée pour l’occasion, un peu trop originale, voire marginale : c’est donc toute affriolante dans sa belle toilette, une jupe longue volantée en madras et broderie anglaise, un haut en madras smocké agrémenté d'un large col en dentelle avec poignets assortis et un diadème de fleurs de corossol qu’elle allait faire pénitence. Le temps de rectifier le grain de beauté fait avec un bout d’allumette et du charbon et délicatement posé sous le sourcil droit lui-même rehaussé de crayon noir et de mascara vert, d’ajuster sa gaine à baleines et sa jarretière composée de faveurs blanches et bleues, de redresser son collier en os, de s’entendre dire qu’une lune descendante d’or bleu lui arrosait la beauté et Mademoiselle la Chevalière allait se mettre en branle flanquée comme toujours de l’inébranlable chaperon, Roucou. Il n’était pas question de rater le début de la grand-messe de six heures du soir.
Comme à son habitude la Place des Quatorze-Saints n’était qu’effluves et succulences grâce à son verger aux Quatorze Saints Intercesseurs plantés par rangées de deux qui faisait face à la sainte enceinte.
Saint Acace, c’était le jacquier. C’est là que se trouvait le quartier général des volatiles de tout ramage et de tout plumage au grand désespoir des chasseurs. Ramiers, ortolans, coqs et poules y faisaient la roue comme pour mieux narguer la communauté. A un clou pendait son attribut : une couronne d'épines.
Sainte Barbe, le cacaoyer aux fruits d’or, était le point de ralliement des dévotes. A ses pieds on pouvait distinguer une tour à trois fenêtres, un éclair, un livre, une couronne, une palme de martyre et une épée, et un ciboire au-dessus duquel s'élevait une hostie.
Quant à saint Blaise, le manguier, mes amis, laissez-moi vous dire, c’étaient mangues greffées sur mangues greffées, et elles berçaient les nuits et les jours de leurs odeurs, surtout par grand jour de pluie. Monsieur portait cierges entrecroisés, loup et peigne de cardeur.
Sainte Catherine d'Alexandrie, le cocotier, l'écorché vif, portant l'Enfant Jésus, c’était une roue brisée à pointe, un anneau, une épée, refuge d’une congrégation de crabes des grands-fonds qui se laissaient cueillir le dimanche matin en même temps que les grappes de coco vert.
Saint Cyriaque, portant habits de diacre, l’acajou à pommes, était simplement paradisiaque, un Eden condensé de miel et de lait, un bonsaï de paradis.
Saint Christophe, le jambosier, portant l'Enfant Jésus sur son épaule, quand il se mettait à fleurir ce n’était que chaleur sous les robes vite tempérée par un jus de lait et de pomme de rose.
Saint Denis, tamarinier solide, portant sa tête entre ses mains, était le repaire des criquets et des caméléons qui se faisaient la course à longueur d’année.
Avec saint Erasme, un pied de carambole, et ses entrailles enroulées autour d'une quenouille, il n’était pas question de faire de belles bûches pour les feux de la Saint-Jean car c’était l’arbre à palabres.
Saint Eustache, le pied de corossol, était la niche à fourmis nullement effrayées par le taureau, le crucifix, la cerf, la corne et le four qui étaient ses attributs.
Saint Georges et son épée terrassant le dragon, le bananier, ne donnait que des bananes naines et sucrées.
Au pied de saint Gilles, le pied de litchi, reposait une biche, au tour de laquelle se retrouvaient les coeurs transis ou rancis.
Et quant à sainte Marguerite d'Antioche, le bananier à quatre régimes au nombre impressionnant de mains et de doigts, il se murmurait, à l'ombre du dragon qu'elle tenait prisonnier dans ses chaînes, que dans une autre incarnation il avait dû être papaye car ses fruits avaient une saveur inconnue.
Saint Guy avait pris la forme d’un immense calebassier. A ses pieds un coq picorait dans un chaudron entouré de langues d’évêque tirant leurs épées de saint Georges vertes et blanches. Il semblait seul capable de protéger tout le flanc droit de l’église. C’était l’arbre à nombrils à même de terrasser tous les dragons.
A l’écart de tout ce beau monde, en retrait, les mains jointes clouées, comme faisant pénitence, se tordait saint Pantaléon, un pied de figuier mâle tout cabossé qui de temps immémoriaux n’avait jamais prêté vie ne serait-ce qu’à une figue tant il était infesté de parasites. On avait tout tenté pour le faire disparaître du parvis de l'église, creusé jusqu'à deux mètres sous terre pour y débusquer ses racines, sans résultat, un architecte ayant conclu que l'on ne pouvait se débarrasser de lui car ses racines probablement remontaient jusque sous le maître-autel de l'église. Pendant longtemps on se borna à le couper au ras du sol et à le recouvrir de chaux mais rien n'y fit. De guerre lasse on laissa faire et maintenant on le laissait pavaner, puisque semble-t-il c'était ce qu'il voulait faire. Se pavaner sur le parvis ! C’était l’Indicible, Pantaléon, le Maître Intercesseur en Personne à qui était inféodé tout un cortège mâle et femelle de chiens et d'escargots de tout pedigree, qui, murmurait-on sous cape, faisaient les délices du Maitre Intercesseur en Personne....
Depuis 36 ans cet arbre n'avait donné ni une feuille ni un bourgeon. Monsieur l'Abbé Prêcheur avait bien tenté une fois, muni d'une lance, une épée, un grand couteau, une bêche, une tenaille, une pointe de flèche et une herminette, dans le silence de la nuit d'arracher de son parvis l'arbre pour lui inutile, envisageant de le remplacer par un pied de fruit à pain mais il avait vite dû battre en retraite car immédiatement sans que l'on sût de qui était parti le mot d'ordre tout ce que Kalakata comptait de femmes, pucelles, donzelles nubiles s'était retrouvé autour de l'arbre prêt à défendre bec et ongles celui qu'elles considéraient comme frère jumeau de saint Antoine des Divins Plaisirs comme s'il se fût agi du père de leur premier nouveau-né. Elles étaient au nombre de treize à l'époque et décidèrent qu'elles veilleraient à tour de rôle l'arbre pour éviter de futures dégradations. Elle entreprirent aussi de le bichonner, de le câliner lui remettant en offrande qui, un verre de Champagne, qui une assiette de haricots agrémentés de sept crevettes revenus tendrement dans l'huile de palme, qui un cigare accompagné d'une rose rouge, qui une bougie bleu marine importée de l'Autre Bord. Ah on ne reniclait pas à la dépense pour faire plaisir au saint qu'on ne voulait plus appeler Pantaléon mais qu'on n'osait pas encore appeler Antoine pour ne pas chagriner l'autre ! Aussi finit-on par le baptiser l'Intercesseur en Personne. L'Intercesseur en Personne était friand, outre de chiens et d'escargots en tous genres, d'igname, d'huile de palme et de miel d'abeilles. Ah, il ne disait jamais non à son plat d'ignames lentement grillées au feu de bois doublement parfumé d'huile de palme et de miel d'abeilles. Il ne dénigrait que peu de choses: il ne fallait surtout pas lui mettre des gombos sous le nez! A la limite des abats de boeuf, coupés en petits morceaux et revenus dans l'huile de palme, c'était pour lui le plus fin des ragoûts et il semblait s'amadouer presque immédiatement et consentir à vous aider. Monsieur pouvait décider aussi de n'accepter que de la farine de manioc accommodée de miel d'abeilles. Mais selon certains hagiographes si vous commettiez l'impair de lui présenter un verre de tafia ou même une eau de coco, l'eau de coco la plus douce de l'univers, alors vous commettiez l'impardonnable et l'Intercesseur vous le ferait savoir en refusant de goûter à ces boissons détestables, incompatibles avec sa majesté, allant parfois jusqu'à vous le jeter à la figure. Son excellence ne buvait que de la bière blanche...
Pour faciliter le dépôt des offrandes les femmes de la Congrégation de l'Indicible obtinrent des autorités ecclésiastiques après une lutte mémorable une dérogation pour pouvoir installer une sorte d'autel semi-circulaire à 13 marches où les dévôts de saint Pantaléon, de saint Antoine viennent demander l'intercession du saint dans la résolution de toutes sortes de problèmes. La Treizaine à l'Indicible y prend tout naturellement sa place chaque année, liturgiquement, entre le premier juin et le treize juin.
Et voilà qu’en ce premier mardi de juin ordinaire, en cette fin d’après-midi de juin déjà bien mouvementée, la pluie décide de mettre son grain de sel et fait rimer jusqu’à perte de vue bords de trottoirs avec dessins propitiatoires, éclaboussures avec mille tessitures ! Qu’à cela ne tienne ! Il aurait fallu pas moins des variations indéterminées de deux cent quatre-vingt-dix-sept milliards neuf cent trente-cinq millions deux cent un mille trois cent sept gouttes de pluie transparentes et translucides, martelées ad libitum à la limite de la saturation par les gargouilles débouchant sur la Place des Quatorze, pour que la marchande de feuillages consentît à rebrousser chemin. Il était dit que ce mardi qui marquait le lancement de la Treizaine à l'Indicible en Personne serait le point d’orgue d’un annus miserabilis comme Artémia n’en avait connu depuis belle lurette. Ainsi donc, en dépit des trilles chromatiques de cette pluie que d’aucuns auraient qualifiée de persona non grata, de visiteuse indésirable à reconduire immédiatement et sans égards à la frontière, et qui faisait feu de tout bois pour percuter la nuit de son sel et lui faire perdre le nord, Artémia Guimbo, dite Mademoiselle la Chevalière, rayonnait comme un vitrail sans plomb par quelque chose dans les eaux de seize degrés trois minutes de latitude et soixante et un degrés soixante-dix minutes de longitude. Qui a dit que l’amour n’était pas une science exacte ? Ses yeux, pourtant à peine noircis de khôl, jetaient sous ses paupières fardées de violet et de vert douze mille éclats de sel gemme, de boutons de rose, de poivre noir, d’indigo, de sucre candi, de limaille de fer, de gingembre, de poivre blanc, de pistil de safran, de clous de girofle, et j’en passe... Quant à ses cils, elle n’avait pas pu résister à la tentation et c’est peints en bleu roi à l’ombre des verres teintés qu’ils franchirent le porche de l’église pendant que Roucou consciencieusement menait la garde.
Qui dans le voisinage, qui dans l’assistance, messieurs et dames, aurait pu alors deviner que dans ses veines de femme libre et patentée trottinant comme un cabri pour rejoindre sa place bouillonnaient jet stream et eau de mer plus enragés que des fourmis-bouledogues devant des bougies violettes ? Car Mademoiselle La Chevalière, à l’instar de toutes les ouailles présentes à la célébration, était tout ouïe, tout yeux : elle avait patiemment ingurgité la proclamation en première lecture d’Exode 24, versets 3 à 8, puis lapé goulée après goulée comme un punch au coco le psaume 115 en réponse à la première lecture. Ô délices ! “Nous partageons la coupe du salut En invoquant le nom du Seigneur. Voici le sang de l’Alliance Eternelle Voici la Coupe du Salut.” En deuxième lecture elle eut droit comme plat de résistance à Hébreux 9, versets 11 à 15. Suivi d’un Lauda Sion savoureux. Le pain de l’homme était en route, alléluia. Ensuite il avait fallu grignoter délicatement Marc 14, versets 12 à 26 en salade, puis se farcir le dessert : un véritable sorbet artisanal, que l’homélie concoctée par Monsieur l’Abbé, curé de la paroisse, le Père Gaétan, exorciste et professeur de plain-chant grégorien selon lui, dont la chasuble de pistache verte galonnée en or contrastait avec les frises en zinc, les consoles à volutes en fer de l’ambon, l’autel et la cathèdre rococo. Puis après le Credo et la prière universelle était venue l’heure tant attendue du digestif. Pourquoi choisir entre la coupe et le calice ? Artémia aurait tant voulu communier sous les deux espèces, tremper la sainte hostie dans le précieux sang ! Certes, au contact de l’hostie sur le bout de sa langue, le rouge à lèvres avait frémi. Mais qui aurait pu être alerté par cette imperceptible roucoulade ? Et même le Père Gaétan, tout spécialiste qu’il se disait de la chose cachée, n’avait pu percevoir le mouvement d’oeil rapide qui avait, l’espace d’un instant, possédé Artémia en train de faire eucharistie.
Après un chuchotement rapide dans l’oreille gauche de Roucou (une commission urgente, une histoire de sel, sans queue ni tête, de contre-charme soi-disant), suivi d’une profonde génuflexion et de deux signes de croix qui ressemblaient à des arabesques, la borgne pêcheresse avait jailli en doucine du prie-Dieu de l’avant dernier banc de courbaril balafré de traînées brunâtres qu’elle occupait peu après la communion, pour se retrouver toute légère, toute pimpante, rassasiée, habitée sur le parvis de l’église Saint-Antoine-des-Divins-Plaisirs dont les murs de tôles, la charpente de fer et le plafond de palplanches métalliques luttaient désespérément pour échapper à la rouille et aux impacts de cette pluie stridente, luxuriante et lancinante qui glissait sans heurt jusqu’aux confins baroques de l’hypnose. Machinalement, elle rectifia le fard de ses lèvres qui du bleu roi passèrent en un tournemain au fuchsia, le tout souligné par un enclos de crayon noir. Quelle bouche, mes aïeux, quelle bouche ! Quelles lèvres ! Un oeil attentif y aurait décelé jusqu’à trente-huit chemins de traverse menant à autant de geysers ! Mais il n’y avait ni archéologue, ni paléontologue, ni entomologiste, ni vulcanologue dans les parages pour constater de visu les turbulences impalpables du vide aux abois des lèvres de la biche ! Quant à elle, la pluie, elle allait cahin caha, comme si de rien n’était, continuant à pianoter ses petites phrases, ses esquisses torrentielles, ses messes en latin selon le rite tridentin de Pie V qui étaient autant de petits bijoux, de Deutéronomes 8, de Genèses 14, versets 18 à 20, de psaumes 109 et 147, de lettres de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 11, versets 23 à 26, de séquences, cantiques et Evangiles de Jésus-Christ selon saint Jean 6, versets 51 à 58 ou saint Luc 9, versets 11 à 17. Elle n’était plus que manne jaillie de roche très dure et quoi qu’il advienne, elle s’efforcerait de jouer au mieux son rôle de porte-parole du raccommodeur de destinées. Il n’y avait donc de ce côté-là rien de nature à contrecarrer un projet mûri de longue, longue date. Dans douze jours, le même parvis rassemblerait pour la Procession des Cercueils tout ce que l'archipel comptait de fidèles, de catéchumènes et de mécréants. Ici et là des forains mettraient une dernière touche aux préparatifs de la fête en l’honneur de leur Patron ! Dès la communion, les membres des quatorzes fanfares et autres sociétés philarmoniques des Reliques s’éclipseraient eux aussi les uns après les autres, tels d’agiles pantins d’argile, sur la pointe des pieds, l’un se raclant la gorge, l’autre pris d’une soudaine démangeaison, un troisième pris d’une envie pressante, tous s’extirpant de leurs travées respectives la queue aussi basse les uns que les autres, comme faisant pénitence, feignant d'ignorer de l’autre côté de la place la chapelle "Chez Boniface", de son vrai nom Arsène Tamarin. Ce dernier officiait sur trois fronts : marin-pêcheur de cinq heures à midi, maître de dominos après de la sieste, maître de confessionnal et accessoirement commandeur de quadrille dès le coucher du soleil, où là il prolongeait son devoir sacré jusqu’aux heures chaudes où le jour n’avait ni devant ni derrière. Sous le prétexte de fourbir leurs instruments et s’accorder entre eux sur les ultimes détails du charivari profane qui devait suivre la procession des cercueils, les leveurs de coude se complairaient à arroser l’hostie, écluser le paradis, s’irrigueraient tant et tant les papilles que, pour plus d’un, il n’y aurait plus fil ni aiguille assez solide pour ravauder la mémoire. “Pas même un singe vénérable, tombé pour la première fois, contrit, confessé et communié ne peut emboucher un trombone avec la gorge sèche”, dirait un fanfaron. Ce sur quoi, la serveuse du sanctuaire, Flore de Sainte Rita, bonne chrétienne, ah ça oui, qui n’aurait jamais badiné avec le diable, surtout dans son habit de sacristine de tous les jours, une petite jupe en jean, bien mini, bien évasée, bien belle, très mignonne avec sa ceinture à boucle rouge pompéien, emboîterait pour s’exclamer : “Qu’est-ce que je lui sers ? Un petit café ? Une petite eau minérale ?” tout en se rafraîchissant à l’aide de son éventail importé d'Andalousie au-dessous d’une plaque mise en exergue au dessus du zinc en forme de patène qui déclarait qu’en ce lieu de culte l’eau était réservée pour cuire les bananes vertes. Question purement pour la forme car sans même attendre de réponse elle s’empresserait de remplir les calices de la connivence de trois doigts secs d’un tafia apostolique, orthodoxe et agricole à cinquante-neuf degrés (pas du brouillis à cinquante et un degrés au goût infâme de fruit tout juste bon pour les malades et autres invalides incapables de se recueillir et de remettre la cérémonie). Les amateurs recracheraient, non sans les avoir au préalable mirés, humés, dédiés à quelque divinité échouée d’un ailleurs d’antan, leurs quelques degrés de feu bien charpenté et long en bouche, en mâles jets de semence d’or. Les plus discrètes des parts des anges atterriraient à même la dalle de ciment au pied même du comptoir devenu Sainte Table, d’autres plus sauvages dépasseraient de loin Blaise, le manguier consacré qui donnait son ombre à la terrasse réservée aux jeux de dominos et de cartes, pour porter et reporter sur les fonts-baptismaux les pavés de la place subitement transformée en Eden et cour des miracles. La tenancière elle même, Madame Boniface, dénommée Musette par l’état-civil mais que tout le monde appelait par derrière l’Alambic dans le civil (sauf bien entendu son mari, ce qui n’avait pas empêché ce dernier d’interdire son épouse de boisson), telle une grande bouteillère du saulte-bouchon, dépucellerait chopine après chopine, se faisant servir par Flore, qui devait contourner ainsi par la force des choses les ordres formels qu’elle avait reçus (car comment une serveuse peut elle refuser à sa patronne, même ivrogne, sa rasade quotidienne de rosée des montagnes, le fruit de son labeur) ? D’ailleurs pas plus tard que la veille, Musette était apparue entre deux eaux tanguant plus que de coutume, ce qui n’était pas peu dire, vu la façon dont elle boitait déjà en temps normal, alors jugez donc en cette énième semaine du temps ordinaire si propice aux arrosages et aux épanchements. Mais ce mardi matin-là, cela avait été l’apothéose : il n’était guère plus de six heures du matin, imaginez, les pêcheurs avaient pris sur le coup de cinq heures leur brandy matinal et sacré, et voilà que l’Imbibée, l’Alambic et l’Ivrogne réunis dans un seul et même vase comme le Père, le Fils et le Saint-Esprit, se ramène de derrière la boutique bien décidée à faire le pied de grue devant l’ostensoir jusqu’à ce que satisfaction lui soit donnée et qu’elle puisse communier à la coupe. Fortuné, le frère de Boniface, était parti en mer avec celui-ci. Italia, une grande perche de vingt-deux ans, la fille unique du couple, était bien au chaud aux petits soins dans le confort douillet de son petit chez-elle bien à elle blottie contre son mari Elie. Quant à Mathilde, la mère de Boniface et de Fortuné, entre deux clients et vingt vains persiflages, à l’abri des sacs de farine, des caisses de cochon salé, du hareng saur, des queues de cochon en baril, des chopines pleines de haricots rouges ou de lentilles, elle coupait le stock de bouteilles de Martini avec un liquide mystérieux élaboré à partir de feuilles made in Reliques. Après deux secs, quel pêcheur verrait la différence entre Martini Bianco, Martini Rosso, et Martini Pardo ? Musette avait déjà à la main son citron car derrière la boutique il y avait un citronnier. Ça tombait bien pour le punch, il n’y avait même pas besoin de se donner la peine de cueillir. Il suffisait de ramasser. Alors figurez-vous que Madame Brandy-Bologne, au lieu de prendre une gentille petite limonade à l’anis fraîche et ordinaire pour faire tomber la température, au lieu d’asseoir son vieux corps sur un vieux tabouret bien tranquille sur la terrasse à la fraîche en-dessous du manguier, réclame à la barmaid d’une voix geignarde mais sûre de ses droits : “Flore, ma Fleur, s’il te plaît Doudou, verse à Madame Boniface le fond de la bouteille calcinée qui est là-haut sur l’étagère à côté de la bouteille de Bartissol. Tu ne vois pas que ça va s’éventer si tu laisses l’absinthe débouchée comme ça, alors ?” Mais Flore n’entendait pas désarmer. Ayant reçu des consignes strictes et précises, elle ne vacillait pas. Même si elle savait d’expérience que ce n’était pas ces deux trois gouttes d’eau de gratin qui allaient changer grand-chose à l’affaire et éteindre l’immense brasier dans lequel se débattait à longueur de journée le gosier de Musette, elle avait osé prendre son courage à deux mains pour lui refuser son viatique, un petit verre bien habillé de muse verte aux senteurs d’armoise, de cannelle, de fenouil, d’anis, d’hysope et d’angélique. A la place pour la retaper, ce serait une eau de café noir sans sucre. “Tu es une mère pour moi !” bougonna l’Alcoolique. Flore était prête à prendre le pari qu’elle s’écroulerait derrière le bar avant huit heures du matin, record absolu toutes catégories confondues, plumes, coqs, welters, ou lourds. Il n’y avait guère que pour le Vendredi-Saint et le Jour des Défunts qu’elle cessait d’être l’Alcoolique, l’Alambic pour devenir Shéhérazade. Ces jours-là, c’était Mi-carême, elle disait halte là aux bons coups de boisson demandant qu’on lui serve tantôt trois doigts de vermouth au quinquina tantôt un royal verre de soda à l’orgeat pour ne pas offenser la mémoire de Victorien, son défunt de premier mari à longs favoris et énorme moustache, grand échanson actuellement en lieu de vérité sur le portrait retouché qui le montrait accompagné de porte-flûtes tous unis dans le même biberonnage sous la vitre poussiéreuse retenue par miracle par son cadre de bois vermoulu. Mais il aurait mieux valu qu’elle boive car ces jours-là elle n’était que paroles, une vraie Shéhérazade de méchanceté et jalousie qui la traitait de tous les noms d’animaux et de végétaux. Si Flore ne s’était pas retenue, elle aurait elle-même injurié toute la Sainte Famille et Dieu seul sait combien de coups de broc sa patronne aurait ramassé dans la tête, des coups de broc aussi solides que celui qu’elle avait asséné à ce cochon d’Elie, qui avait failli la faire tomber à la renverse un jour qu’elle nettoyait les tables et qu’il lui avait pichonné les fesses. Mais fermons la parenthèse car le temps presse et ce ne sont pas ces paroles couillonnes et inutiles qui vont nous faire avancer sous la pluie battante ! Occupés qu’ils seraient donc à parfaire leur harmonie spirituelle, les adeptes de la palabre, dans l’attente fébrile du tintamarre des cloches qui allait signaler à l’apogée du crépuscule la fin de la messe, tarderaient à se ranger en file indienne par quatre à l’abri de la lumière rare devant le confessionnal bondé de sainte Marguerite, la Bienheureuse. Dans douze jours, douze tout petits jours, la fête votive pourrait avoir lieu. Espérons seulement qu’il ferait beau pour la procession, l’enterrement et tout le bataclan ! Aux alentours, d’autres chapelles votives édifieraient leurs curieuses gargouilles sur roues qui proposeraient avant et après le ite missa est leurs breuvages , chaque camelot y allant de son prône. La noble assemblée de dévots et dévotes pourrait ainsi s’essayer à déguster en toute sainteté tout un chemin de croix de décoctions toutes plus époustouflantes, plus mirobolantes, les unes que les autres, d’une cuvée millésimée, spécialement réservée pour le passage des cercueils. Là, un bouilleur de cru vanterait au chaland une rincette vénielle de l’exquis tourbillon-corbillard de l’amour. Ici, un maître de chai, dévot de longue date de Flore de Sainte Rita, commercialiserait son pousse-rincette du mortel postillon du plaisir, plus connu sous l’appellation de Spécial Flore Fleur de Jaque, procurant éternelle renaissance. Ailleurs ce serait une petite resucée d’une envoûtante laitance élaborée dans le plus grand respect des méthodes ancestrales, le K, le K, l’indétrônable, le tremblement de terre dont on osait à peine proférer le nom. C’était un remède définitif, un coup de pied au cul capital capable selon la rumeur de ressusciter un mort de trois cent soixante-dix-sept heures. Quant à Boniface, son liquide frelaté se vendrait comme de bien entendu comme de l’eau de Lourdes ou de la Fontaine au Singe. Mais qui n’a pas son petit côté voleur ? Mademoiselle la Chevalière, vous l’imaginez bien, bien à l'abri de son dernier modèle de parapluie bleu hydrome à pommeau gravé, passa droit comme un piquet devant les boit-sans-soif, comme un automate articulé par des fils invisibles allant de station en station. Elle semblait se diriger vers le marché. C’est là que se tiendrait, au retour de la procession des cercueils, le Grand Bal des Roses Fanées, le bal de quadrille au commandeur majuscule où elle allait signer son savoir-faire ronde après ronde, faire virevolter ses semelles de cuir sur le parquet enduit de paillette d'acide borique. Elle n’eut cure des vieux habits mal taillés de la nuit de brai qui la promenait entre bougies bleu marine de treizaine et lampes à pétrole, des pousse-pousse à nacelles qui la faisaient hurler de frayeur année après année aux chevaux de bois au hennissement béat, des mâts de cocagne où se balançaient déjà dans son esprit des volailles dodues aux stands de carabines à air comprimé, près de l’escabeau de bois menant à l’estrade déserte qui devrait à son heure abriter concours de chant, concours de danse et de beauté. Elle ne put néanmoins s’empêcher de ressentir un pincement de coeur à l’approche de la borne-fontaine de fonte placée sous la protection d’une statue du Singe Vénérable autour de laquelle commençaient déjà à s’ériger des baraques foraines de sucreries et confiseries. C’est là, dans cette portion de marché, qu’était son point de ralliement, l’endroit à partir duquel elle rayonnait autrefois, tant que durait le Bal, à vendre ses feuillages. C'est lá treize ans auparavant que son histoire avait chaviré ! Et mal chaviré, tout bonnement ! Elle avait été, ce jour-là comme toujours, fidèle au poste, “royale au Bal”, disait-elle. “Royale au Bar”, disaient les mauvaises langues. Tout cela parce qu’elle avait dû remplacer au pied levé Flore de Sainte Rita pendant deux misérables petites heures qui avaient duré une éternité, tout cela pour une malheureuse histoire de chapelet en os. En effet la manie de Flore était de collectionner les chapelets, comme d’autres collectionnent des boucles d’oreille. A cette époque-là, au dernier recensement, elle possédait cent quarante-sept exemplaires de ces breloques de toute nature, dont une bonne moitié de pacotille. Mais, noblesse oblige, seul avait accès à la promenade en public un chapelet fétiche, en os 18 carats, spécialement importé d’Inde celui-là, dont les soixante grains glissaient comme une rivière au creux de ses doigts, pendant que, par souci d’harmonie sans doute, une chaîne en or trônait à son cou. Et chacun de ces chapelets, qu’il soit de buis, d’ivoire, de bois violet ou de bois serpent, de grenat, d’os ou de plastique avait son curriculum vitae, excusez du peu ! Bien que Flore fût intarissable sur la provenance des autres chapelets, qu’elle avait baptisés “mes intercesseurs”, on n’aurait pu lui tirer un mot vaillant quant aux tenants et aux aboutissants de ce chapelet fétiche en os. On savait seulement qu’il avait été fabriqué sur mesure selon ses strictes spécifications. Une nébuleuse de secret entourait le dit objet. Encore une de ces fameuses promesses, vous comprenez ! Mais, quoi qu’elle eût fait pour étouffer l’affaire, il se murmurait qu’elle portait ce chapelet en dévotion à l’Indicible, l'Intercesseur en Personne. Et voilà que Mademoiselle la Chevalière s’était mise en tête de scintiller, allez savoir pourquoi, avec justement l’Indicible en os ! A sa grande surprise, le marché fut vite négocié. Charité chrétienne n’étant pas un vain mot, une heure à remplacer la sacristine de chez Boniface et elle l’aurait, le dit chapelet, le temps pour Flore de Sainte Rita de régler quelques comptes avec un admirateur secret qui lui avait offert un perroquet couleur cobalt ! Toujours est-il que Mademoiselle la Chevalière, arborant son collier en os astiqué comme un bouclier de bronze autour du cou, s’était divisée en onze pour pouvoir être partout à la fois, honorant de sa présence de femme-buffle la fraîcheur de la terrasse à l’ombre du manguier, la cuisine où son fruit à pain bleu chantait l’amour à une orphie en court-bouillon, le comptoir, le parquet, chaque arbre de la Place des Quatorze où des boeufs entiers arrosés d’eau bénite grésillaient en permanence par-dessus des feux de bois, embrassant du regard les trois orchestres qui embrasaient la nuit jusqu’à l’aube. Et pourtant, malgré le talisman en os qui lui faisait gonfler la poitrine, malgré saint Pantaléon ou saint Antoine qui avait intercédé auprès du Fils, malgré le Fils qui avait intercédé auprès du Père et des Quatorze-Saints, aucun maître sucrier fait tornade aux yeux doux ne l’avait emportée, ramassée comme une fleur avant midi à l'heure de l'Eucharistie, avant la montée de sève totale. La bufflesse avait eu beau se faire rivière, se laisser dériver charriée par l’alcool comme un bouchon, en total déséquilibre avec deux boucles d’oreille à l’oreille droite, une seule à l’oreille gauche, déployer ses ailes comme un cerf-volant de la race des plus fins limiers. Ce fut le fiasco. Car par on ne sait quel mauvais hasard, pour seul baiser-tornade elle reçut en plein oeil l’explosion d’un bouchon. Et même pas un bouchon de Champagne, un vieux bouchon de mousseux malencontreusement mis en orbite sur l’axe de son oeil gauche cacao ! La sève s’était transformée en sirop, pas une seule autre tornade ne daignant alors s’accrocher à son ancre. Elle pâtissait maintenant de sa réputation d’allumeuse qui ne savait qu’incendier les mèches et jamais les éteindre. C’est alors que, triste comme le Christ sur le Calvaire, elle prononça ce voeu terrible qu’elle ne piétinerait jamais... ce voeu auquel elle resterait jusqu’à l’heure du trépas redevable... ce voeu qui la maintenait pieds, poings, ventre et fesses liés... ce voeu qu’elle ne fit partager à personne mais qui portait la promesse à l'Indicible qu’en cas d’exaucement elle se ferait porter en procession dans un cercueil décoratif (à la châsse de cuivre doré surmontée sur les pinacles, au crétage de cabochons de verre, et aux pans de toitures ornés de fleurs de bananier stylisées) au dernier jour de la Treizaine à l'Indicible en Personne du parvis de l’église au cimetière. Il suffisait pour cela qu’elle retrouve le plein usage de cet oeil, il fallait que la grâce lui soit accordée de pouvoir distinguer entre pierreries, cornalines, cristal de roche, malachites et améthystes ! Et pour sceller le pacte avec l'Indicible elle suça comme un premier biberon de lait avant l’Apocalipse un litre de K de fine réserve qui trônait chez Boniface à côté d’une image de Saint Raphael terrassant le dragon infernal. Et voilà que maintenant, aux portes de la Treizaine, il s’agissait de récupérer non pas un seul oeil borgne, mais un oeil borgne et l’autre étrangement ébloui ! En attendant, presque treize ans après, treize ans déjà, oui, après cette beuverie sismique et monumentale, à raison de quinze Pater Noster, quinze Ave Maria quotidiens et cinq mille quatre cent quatre-vingt oraisons à saluer chacune des dix vertus: pureté, prudence, humilité, foi, louange, obéissance,pauvreté, patience, charité, compassion alors que l’assemblée piaffait d’impatience devant les interminables circonvolutions autour de la croix du maître autel du prêtre qui s’affairait en oraisons pour dons et grâces obtenus, Mademoiselle K avançait machinalement entre bals et cotillons invisibles en direction du Studio De Tito, qui abritait à vrai dire l'atelier de Pompes Funèbres d’Orphélien, comme dans un mauvais rêve, faisant fi de l’ombre dans laquelle elle plongeait, se foutant magistralement du qu’en-dira-t-on, comme un vent follet tiré à hue et à dia au milieu d’un gué traversant le temps aboli. Que cherchait-elle précisément ? Le sel ou le café ? Ou encore l’alcool ? Voire d’autres déboires amoureux ? Pas même Roucou, son racoon rouge, ses deux yeux qui marchaient, n’avait été mis dans la confidence !<div class="blogger-post-footer">Copyright Jean-Marie Baltimore javaligwada@gmail.com</div>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/11723491451065633801noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-26220148.post-46840891595299465882012-11-11T14:42:00.000+01:002014-08-07T18:48:32.305+02:00Week-end à Caféière<div style="text-align: justify;">
Sacré Bout du Monde à Part. Jadis le volcan s'appelait Caféière ! C'était l'époque où Commandant Cafre, son plus illustre exciseur, arrière-petit-fils d'Ochan, y semait le soufre tandis qu'au même instant son éternelle épouse, Dièse de Sainte Lumière, elle même descendant en ligne directe de Jean VIII l'Angélique et que d'aucuns appelaient tout simplement Déesse, vaquait dans le charivari de son carnaval permanent. On y accédait par une route en contrebas du cimetière de Kalakata. Si l'on peut qualifier de route ce qui n'était alors tout au plus qu'une trace, une illusion de chemin, un entrelacs de nids à poules ! Seul le regard aiguisé d'une fourmi coupeuse de feuilles pouvait y retrouver ses petits. Et ces dernières ne s'en privaient d'ailleurs pas à tel point que certains en arrivèrent parfois à se mélanger les pinceaux, qualifiant Caféière de Fourmilière. Quand ils ne la qualifiaient pas simplement de Contrebas de Cimetière ou de Soufrière. Puis de glissement en glissement on baptisa Caféière de Le Bout du Monde à Part.</div>
<div style="text-align: justify;">
Ce qui pourrait apparaître étrange au non-initié, non habitué aux caresses volcaniques, n'était somme toute que logique. D'autant plus qu'à Caféière jamais on ne planta le moindre plant de café !</div>
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Mais pour les initiés, les adorateurs inconditionnels de la Déesse, Dièse de Sainte Lumière, une déesse post-moderne si l'on en croyait les écrits d'un maître plume de l'époque, Godwin Dieudonné, post- moderne parce que polyglotte, polychrome et polysyncrétique, Caféière, Bout du Monde à part, tout cela n'était que blasphème: le lieu saint, entendez par là l'espace de drive de la déesse, avait pour nom tout simplement Chapelle. D'initié en initié les limites de la dite Chapelle se mélangeaient, pour certains le lieu saint original était la Place des Quatorze, lá où pour la première fois l'existence même de la Déesse avait été révélée au Tout Monde à la suite de l'apparition au-dessus de la tête de la Veuve Eternel sur un arbre perchée...Pour d'autres le lieu saint commençait au pied de Pantaléon, l'Indicible, le Maître Intercesseur En Personne, seul épargné du terrible martelage, témoin muet quoi qu'en première ligne de l'apparition . Voici d'ailleurs comment la Veuve Eternel racontait la chose:</div>
<div style="text-align: justify;">
"Des mamelles de la Papesse en habits pontificaux je vis sortir pour venir se placer au dessus de la tête de la vénérable une tiare somptueuse faite de 9 halos de joyaux et bãtisses surmontées d'une pierre précieuse formant bouton où virevoltaient 9 qualités d'anges sculptés: dans le premier halo froufroutait tout un régiment de guêpes maçonnes. Le deuxième halo foisonnait de moustiques de la plus belle race maringouine. Dans le troisième couronne, ce n'étaient que fourmis folles vibrionnant, et dans le quatrième halo se pavanaient des criquets multicolores psalmodiant. Le cinquième halo était l'antre des mouches à miel bourdonnant. Quant au sixième halo y reignaient les araignées. C'était le dernier anneau visible. Tout ce beau monde allait, venait apparemment dans le plus grand des désordres. Un halo allait dans le sens des aiguilles d'une montre, l'autre dans le sens contraire des aiguilles d'une montre, l'un faisait une pause toutes 30 secondes alors que l'autre continuait ad libitum tandis qu'un troisième demeurait immobile des jours voire des heures voire des années. Les trois derniers anneaux étaient invisibles aux yeux des incroyants. Il fallait avoir la foi pour voir les septième, huitième et neuvième anneaux car si on les voyait on pouvait illico devenir aveugle de façon irréversible. Selon la Veuve Eternel, l'Elue de la Déesse, le septième anneau était chargé de nombrils, le huitième de restes d'ongles et le neuvième des cheveux entremêlés de toute la communauté."</div>
<div style="text-align: justify;">
Témoins épars de ce culte on trouvait dans tous les recoins de la Chapelle des offrandes faites à la Déesse, friande en premier chef de gombos, mais grande amatrice de ces mets délicieux que sont cheveux, cigares, ongles et nombrils en tous genres...</div>
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<br /></div>
<div class="blogger-post-footer">Copyright Jean-Marie Baltimore javaligwada@gmail.com</div>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/11723491451065633801noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-26220148.post-13229393607193685452012-09-23T02:24:00.003+02:002013-03-13T13:12:14.591+01:00Le Banquet de Caféière"Ouaille, ouaille, ouaille ! " s'exclama Cyclone en soulevant avec précaution l'un après l'autre les mille os de son vieux corps endolori. Laminé au lendemain d'une de ces nuits de bagatelle bien arrosée d'écumes et de mélasse distillées dont il était coûtumier. La mangrove puait le tafia, l'excrément et la boue, tous unis dans un même éreintement. Son foie ne tenait plus que par un ventricule, il chercha en vain ses lunettes dans la boue pour mieux respirer par les yeux. Ses reins, quant à eux-mêmes, sainte Vierge de Miséricorde, même après avoir labouré la nuit à coups de houe, trahissaient une petite érection matinale. Il parvint non sans peine à écarquiller un demi-oeil pour se rendre compte de l'endroit où il avait atterri. Il faisait encore nuit noire et toute une meute de lunes semblait rire de son infortune. " Ricanez tout votre soûl, les hyènes, riez tant que vous pouvez, les vautours, riez tant que vous le pouvez encore parce que je vais vous raidir votre rire à jamais, je vais vous l'étrangler en pleine gorge". Il brandit son scalpel à double tranchant au ciel comme pour sonner l'hallali et il les injuria copieusement, traita de tous les noms d'oiseau la mère, la marraine, la grand-mère de la lune, tous les amis, parents et alliés en prirent pour leur grade jusqu'à la huitième génération :<br />
"Arrêtez de me toiser, bande de sacrées salopes !" leur cria-t-il en brandissant son poing serré dégoulinant de rage, leur décochant au passage un crachat pestilentiel. "Retirez vos yeux de mon corps, vieilles commères ! Allez, dégagez, couché, circulez ou je vous romps la dure-mère!". Quelqu'un allait payer, on ne pouvait pas ainsi se moquer impunément, quel que soit le nom du mauvais larron responsable du méfait présent, justice serait faite. Il tenta alors une géographie instinctive du chaos: il n'y avait pièce trace de dulcinée, de Drusilla dans les parages. La question qui le taraudait était: "Mais comment ai-je bien pu atterrir ici?" Il tenta bien de se remémorer les événements de la veille mais ce ne fut qu'un champ de cannes béant qui se présenta à son esprit et tout au fond de ce champs de cannes interminable que vit-il? je vous le donne en mille: cette saleté de double, Commandant Cafre, son faux jumeau, dégustant à jeun à cheval sur sa monture Incitatus un petit calice qui ne pouvait guère contenir que tafia, petite eau ou esprit pour ensuite mordiller un morceau de canne au maximum de sa fruité !<br />
"Messieurs, messieurs, messieurs, quelle malpropreté !" fit-il en hochant la tête et en se triturant la barbe blanche naissante sur le menton. Au plus loin que son regard groggy pût porter au clair de lune ce n'était que carnage ! Nuages ? Carnage ! Rivière ? Carnage ! Mangrove ? Carnage ! Champs de canne ? Carnage !<br />
"Mais regardez la curée chaude que le Malpropre a fait !"<br />
<br />
C'est alors qu'il tenta de reprendre ses esprits, raisonner, voilà ce qu'il convenait de faire. Il fallait tout d'abord se débarrasser des écuries de marbre et des mangeoires d'ivoire où se repaissait cette Ombre. Pour tenter de dégriser rapidement il entreprit de faire une révision mentale de tout ce qu'il savait sur l'ordre des Ombres.<br />
"L'ordre des Ombres, se récita-t-il à lui-même d'une voix pâteuse et monocorde, est constitué outre en espèces et sous-espèces, genres et sous genres, Extravagants, Ecorchés, Bohêmes et Fous. L'Ordre des Ombres siège dans le foie des Cyclones, ils ne sont pas circoncis dans le cas des Ombres mâles ni excisées dans le cas des Ombres femelles, ce qui est source d'instabilité dans le système car les Ombres n'en font qu'à leur tête, un jour devant l'oeil du cyclone, la minute d'après derrière sa queue, les Ombres sont infidèles par nature, libertines et incontrôlables plus rapides que la sagaie de Chacha elles savent profiter de la moindre petite heure de bagatelle que s'accordent les cyclones pour commettre leurs méfaits derrière leur dos." Cette récitation acheva de le déraidir, il se dressa sur ses pattes, et la mangrove entendit le craquement saumâtre et stagnant des os de ses genoux. Cyclone reprenait du service. Cyclone émit alors en direction de la lune ce qu'il lui avait promis : un flot d'haleines pestilentielles qui obligèrent la commère à plier bagage et à aller grimacer de l'autre côté de l'Entre-Deux-Morts. C'est ainsi que Cyclone conçut un stratagème pour ôter tout pouvoir de nuisance à jamais à son Ombre, Commandant Cafre, Auguste Jules César Germain a.k.a. Calligula, qu'il jugeait par trop envahissante.<br />
Comme on ne peut lutter contre son Ombre à armes égales, il fallut bien se procurer quelques médecines, quelques envoûtements capables sinon de tuer - car les Ombres sont immortelles, et quand bien même vous vous désincarneriez, elles vous survivraient encore le temps de quinze réincarnations - mais au moins d'amadouer, d'apprivoiser ces damoiseaux-damoiselles, de leur cuisiner quelques plats bien assaisonnés à leur goût tout en leur administrant quelques tafias bien préparés, quelques huiles de massages bien dosées pour qu'elles aient toujours envie de s'attacher à vos basques. Bref, il fallait le séduire et pour ce faire, Cyclone convoqua son demi-frère-cousin jumeau pour ce qu'on devait appeler bien plus tard le traité de Caféière mais que d'autres appellent encore le Banquet de Caféière.<br />
D'abord ce fut toute une histoire, une épopée pour retrouver les traces du malotru, qui errait entre deux eaux dans un caniveau. Et il ne consentit à se rendre aux injonctions pressantes de son congènaire qu'après promesse écrite en bonne et due forme, envoyée avant zéro heure, le cachet de la poste faisant foi. Les mots restent, les paroles s'envolent, répétait -il sans cesse. Il fallut lui promettre un menu de nabab pour qu'il daignât se présenter à la conférence Inter Îles des Ombres et Cyclones, car il se refusait à faire un traité en sourdine, tout traité selon le Code des Ombres s'appliquant immédiatement à tous les membres des Ombres. Il fallut donc inviter vingt-neuf délégations d'Ombres alliées et associées conduites par des personnalités aussi prestigieuses que Commandant Cafre, bien évidemment, à tout Seigneur tout honneur, mais aussi Dérébénale des Iles, Sonson Pierre-Gilles, Petit Bois d'Homme, Polisson Frontière, Chacha et j'en passe. Bref toute l'Ombrité, l'Ombrage et l'Ombrerie de l'archipel était réunie pour apaiser les tensions avec les Cyclones qui eux aussi s'étaient déplacé à 29 bien résolus à participer à un règlement pacifique de ces désagréments permanents qui finissaient par leur pourrir la vie. Le conflit devait cesser sur le champ, entendait-on fuser de toutes parts du côté des Cyclones. Cette situation ne pouvait plus durer. L'un suggérait d'employer la manière forte, l'autre d'utiliser la ruse, un autre le venin, un autre la sorcellerie, un autre encore la religion pour remettre sous le joug les Ombres indélicates. De leur côté, les Ombres n'étaient pas en reste allant jusqu'à prôner une indépendance pure et simple, unilatérale, d'autres proposant une autonomie et allant jusqu'à envisager une participation active au gouvernement des Cyclones. On créa ainsi des commissions mixtes pour aplanir les difficultés. Celle qui reçut le plus de volontaires fut la commission alimentation. C'est à eux que revenait la charge d'organiser le banquet qui devait précéder la Conférence et aboutir à la signature du Traité de Caféière. Pour se prononcer de manière plus sereine la dite commission organisa un banquet pour s'éclaircir les idées et les papilles, il fallait pouvoir juger sur pièces, car Cyclones comme Ombres ont toujours eu la réputation d'être gros mangeurs. Ah ça oui, Cyclones comme Ombres de Cyclones ont la même caractéristique fondamentale: ils ne sont jamais feignants quand il s'agit de mangeaille, ils ne jouent pas quand il s'agit de se goinfrer. Cyclones, Ombres, farine du même sac, vous dis-je ! Avec des voraces de cet acabit il ne fallait pas donner dans la dentelle. Il fallait du gouleyant, du grasseyant, du sonnant et du trébuchant avant toute chose. Dans ce qu'il convient d'appeler le pré-banquet les Cyclones mirent les petits faitouts dans les grands et tentèrent bien la manoeuvre d'affaiblir par rupture d'interdits et de totem leurs Ombres en leur proposant des plats de haute voltige, des mets mitonnés aux petits piments de la haute gastronomie reliquoise comme l'ouragan glacé vénitienne, la selle d'orage moissonneuse, le nuage à la broche, le fonds d'alizé au velouté. On conçut encore expressément pour ces messieurs-dames les consuls plénipotentiaires les délices exquis d'une gentille mazarine de vents devant, de petits courants d'air variés, et de plateaux de brise. Comme boisson, là encore, on ne lésina pas sur les moyens puisqu'on fit venir du Caveau de la Présidence de la République des Iles Unies Michel Cabaret, dit Mimilo, le maître sommelier pour certains, pharmacien apothicaire pour les plus Justes et maître sorcier pour la plupart, qui préconisa Graves et Médoc en carafe, Volnay et Sauternes en bouteilles,Théophile Roederer frappé et autres liqueurs. Ce dernier imagina même de faire venir à grands frais de Macondo l'orchestre symphonique pour qu'il puisse pendant le banquet charmer les oreilles des participants avec Samson et Dalila de Camille Saint Saens et le ballet de Copélia de Léo Delibes. Mais du côté des Ombres on ne l'entendait pas de cette oreille. Des breuvages exotiques d'importation suspecte susceptibles de vous mettre les membres en lambeaux, de vous faire perdre vos entrailles, de faire de vous au bout d'une seule gorgette des aveugles et des paralysés ? Ce fut un tollé mémorable: tous exigeaient, tous, sans aucune exception, le tafia à la richesse centésimale de 70 degrés à volonté pour arroser leurs agapes. Du pur clairin, sans réduit. Pas de ces faux tafias trempés, frelatés, noyés à l'eau de source ou aromatisés de morceaux d'écorces, de sirop, de feuillages ou de fruits et d'épices provenant de guildiveries suspectes car il n'y avait dans leur rang ni impuissants ni femmes enceintes ...Ils n'iraient en outre à cette conférence qu'à la condition sine qua non que figure au menu du banquet leur plat totémique, le Dja, fait de haricots blancs accommodés de riz blanc, saucisses, tripes et cachalot salé. Il fallait en outre garantir la présence sur la table de salade tomates et concombre, sauce chien et farine de manioc. Et s'il fallait à tout prix un ballet, que ce soit un ballet pyrotechnique de tambours, comme feu d'artifice à la signature du traité...<div class="blogger-post-footer">Copyright Jean-Marie Baltimore javaligwada@gmail.com</div>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/11723491451065633801noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-26220148.post-32848168305914414872012-06-17T16:18:00.000+02:002014-10-17T21:29:33.220+02:00Le testament du Chevalier Cyclone<div style="text-align: justify;">
Les archives de l'Hôpital des Aliénés de l'Ile de l'Epée conservent comme un joyau inestimable une étude de cas clinique où ont été transcrits les faits et gestes d'un certain Victor-Solange Eternel dit Chevalier Cyclone, alias Eternel XXIX lors de son séjour sur les lieux du 1 juin au 13 juin 1899. Echoué on ne sait comment dans les parages, le forcené de 5 pieds 6
pouces, tout en se vantant par ailleurs d'être encore champion en amour,
spadassinait comme sur un théâtre, multipliant feintes, fentes,
parades et ripostes, savourant chaque touche dans son duel contre un certaine Mademoiselle la Chevalière dans un état de jubilation et d'hébêtement sans pareille qui lui
valut son internement manu militari. Ce ne sont pas moins de sept machettes, plus de cent houes, dix-sept arcs et flêches empoisonnées, trois lance-pierres, trois séries de six bâtons de tout bois et de tout acabit, plusieurs scies, onze marteaux et tant d'autres outils mêlés de perversion et de gracieux supplices raffinés que se targuait d'avoir fabriqués le malpropre admis dans un état de fureur telle que pendant ses crises deux infirmiers suffisent à peine à le maîtriser. Il se débarrasse même du gilet de force avec les dents, se livre à mille désordres, déchire ses effets, se barbouille de ses excréments et même les mange tout en se disant en outre exceller au maniement du sabre d'abordage et de l'archet, du fleuret et de l'épée... Ce spécialiste des exercices du corps disait enfin dominer la natation, le patinage, le tir au pistolet et la danse !</div>
<div style="text-align: justify;">
Cette étude de cas clinique dite Testament du Chevalier Cyclone comprend 83 aphorismes qui sont ainsi offerts au visiteur et qui sont la seule production littéraire de l'Archipel qui ait dépassé ses frontières. Ils ont été regroupés de façon posthume par la bibliothécaire mademoiselle Amélie Blancart à partir des bégaiements du dénommé Chevalier Cyclone, alias Eternel XXIX, dont le décès dans des circonstances encore inexpliquées le 13 juin 1899 fut qualifié d'ulcère de la vessie.</div>
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<br /></div>
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Nicole se parfume à l'alcool </div>
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Anasthase est resté en extase. Nous disons deux fois : Anasthase est resté en extase </div>
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Attention elle meurt ravissante et espiègle. Nous disons trois fois. </div>
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Baissez donc les paupières </div>
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Bercent mon corps satisfait du plaisir</div>
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C'est évidemment un porc </div>
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Le cacao a les yeux verts, nous disons, le cacao a les yeux verts</div>
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De Clémengis la douloureuse image sera vengée. Nous disons deux fois. </div>
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Clémentine peut se curer les oreilles</div>
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De Charles-Geneviève-Louis à Auguste-André-Thimotée : six amis trouveront qu'elle meurt ce soir. Nous
disons : six amis trouveront qu'elle meurt ce soir </div>
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De Marie-Eugénie à Marie-Adélaïde : un cerf-volant viendra ce soir </div>
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Demain, la mélasse deviendra du tafia</div>
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Du homard à la langouste : vous recevrez encore des palourdes ce soir. L'alizé souffle les flambeaux. Nous disons : vous recevrez encore des palourdes ce soir. L'alizé souffle les flambeaux. </div>
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Écoute ma fleur qui pleure </div>
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Elle est vermine, Jeannie. Nous disons deux fois. </div>
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Elle restera sur le dos</div>
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Le court-bouillon est dans la russe; nous disons quatre fois </div>
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Gabrielle vous envoie ses amitiés </div>
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Grand-Mère mange son bonbon chaud</div>
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La Mère Jacques n'est pas un piment doux. Nous disons deux fois. </div>
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Heureux qui comme Ernestine a fait un long voyage </div>
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Il a pleuré de joie </div>
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Il a une voix de fausset</div>
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Le chirurgien est à jeun au mois de juin</div>
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Il est temps de cueillir des piments</div>
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Il fait chaud à Valparaiso </div>
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Il faut avoir des fa mineur pour trier les adagios </div>
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Il n'y a plus de farine dans la fourmilière </div>
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Il pleut toujours en enfer </div>
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J'aime le boudin bien pimenté </div>
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Je n'aime pas le colombo de veau </div>
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Je n'aime pas les dombrés Suzette </div>
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Je veux être parrain </div>
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Jean prend la mouche très facilement </div>
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Renée a un bon coup de reins. Nous disons deux fois </div>
<div style="text-align: justify;">
La geôle rougit le tournesol </div>
<div style="text-align: justify;">
La mangouste a les poils longs </div>
<div style="text-align: justify;">
L'éléphant s'est cassé une défense </div>
<div style="text-align: justify;">
L'infirme veut courir </div>
<div style="text-align: justify;">
L'huile de ricin est une bonne purge </div>
<div style="text-align: justify;">
La fortune vient en dormant </div>
<div style="text-align: justify;">
Les caquets des belles dames sont l'espoir du pays </div>
<div style="text-align: justify;">
La mort de Vaval est irréparable </div>
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La bougresse est jolie </div>
<div style="text-align: justify;">
Le cabri saute par dessus la lune </div>
<div style="text-align: justify;">
La vertu réduit dans tous les yeux </div>
<div style="text-align: justify;">
Le crabe se trouve au milieu du maïs </div>
<div style="text-align: justify;">
Le raccoon n'aime pas le vermicelle. Nous disons : Le raccoon n'aime pas le vermicelle </div>
<div style="text-align: justify;">
Le lézard a neuf vies </div>
<div style="text-align: justify;">
Le chercheur d'or ira à la plage. Nous disons deux fois. </div>
<div style="text-align: justify;">
Le cheval de bois se promène sur l'horizon </div>
<div style="text-align: justify;">
Le requin est protocolaire. Nous disons trois fois. </div>
<div style="text-align: justify;">
Le marchand de sorbet est bon danseur. Nous disons trois fois. </div>
<div style="text-align: justify;">
L'écrevisse chantera à minuit </div>
<div style="text-align: justify;">
Le soleil s'est endormi </div>
<div style="text-align: justify;">
Le grand couillon s'appelle Léon </div>
<div style="text-align: justify;">
Le chirurgien est un poisson</div>
<div style="text-align: justify;">
Le père Guillaume Tout Coeur est verni </div>
<div style="text-align: justify;">
Le semen contra est amer, je répète, le semen contra est amer</div>
<div style="text-align: justify;">
Le soleil se lève à l'Est le mardi-gras </div>
<div style="text-align: justify;">
Les haricots rouges sont cuits </div>
<div style="text-align: justify;">
Les grains de dés sont sur le sable</div>
<div style="text-align: justify;">
Les cannes sont en fleurs </div>
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Les ortolans ne portent pas de chapelet </div>
<div style="text-align: justify;">
Les pistaches sont bien grillées </div>
<div style="text-align: justify;">
Les sanglots longs des giraumons à l'automne </div>
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Le sel embrase la mer. Nous disons : Le sel embrase la mer </div>
<div style="text-align: justify;">
Arlette va bien</div>
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Edmond a deux cochons bien gras</div>
<div style="text-align: justify;">
Ma maîtresse a l'oeil vif </div>
<div style="text-align: justify;">
Message très important pour Samuel : Le trigonocéphale ne se déride pas.
Attendez deux dames-jeannes et des amis sur le bonbon. Nous disons :
Le trigonocéphale ne se déride pas. Attendez deux dames-jeannes et des amis sur
le bonbon. </div>
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Messieurs faites vos oeufs</div>
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Hugo et Raphaël sont immortels </div>
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Paul a du bon tafia </div>
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Pierrot ressemble à son grand-père </div>
<div style="text-align: justify;">
Rien ne m'est plus </div>
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Saint Coeur du Matin fonda Kalakata </div>
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Tambours, battez la charge, quatre fois. Nous disons : Tambours, battez la charge, quatre fois </div>
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Tante Amélie fait de la confiture de fruit à pain </div>
<div style="text-align: justify;">
Tu monteras le cocotier deux fois </div>
<div style="text-align: justify;">
Une poule sur un mur picore du manioc </div>
<div style="text-align: justify;">
Véronique était une fille-garçon </div>
<div style="text-align: justify;">
Yvette aime les grosses quénettes</div>
<div class="blogger-post-footer">Copyright Jean-Marie Baltimore javaligwada@gmail.com</div>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/11723491451065633801noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-26220148.post-69749344365221872112012-06-15T19:19:00.001+02:002012-09-29T16:38:13.702+02:00Jugement rectificatif de l'acte de décès de Victor-Solange Eternel dit CycloneJugement rectificatif de l'acte de décès de Victor-Solange Eternel dit Chevalier Cyclone le 20 avril 1899<br />
<br />
République des Iles-Unies des Reliques<br />
Au nom du peuple reliquois<br />
Le Tribunal de première instance de Station Wolfork, jugeant en matière civile a rendu sur requête le jufgement suivant:<br />
A Messieurs le Président et les Juges du Tribunal de première instance de Station Wolfork<br />
Le Procureur de la République par intérim prés le tribunal de ce siège agissant dans l'intérêt de l'ordre public<br />
Vu la demande de la Veuve Tito-Dandy demeurant à Kalakata; <br />
Attendu que la dite dame expose que feu Tito-Dandy (Orphélien-Félix) est décédé à l'Hospice des Aliénés de la commune de L'Epée ce treize juin mil huit cent quatre-vingt-dix-neuf et qu'ayant été déclaré à son décès sous le nom de Victor-Solange Eternel dit Chevalier Cyclone, il y a lieu de rectifier l'acte de décès du sus-nommé;<br />
Attendu que la demande de la veuve Tito-Dandy est justifiée par les pièces qui sont produites à l'appui;<br />
Attendu que c'est par suite d'une erreur commise par l'Officier de la commune de L'Epée que l'acte de décès porte Victor-Solange Eternel dit Chevalier Cyclone au lieu de Tito-Dandy (Orphélien-Félix);<br />
Attendu en effet qu'aux termes de l'acte de naissance du décédé dressé par l'officier de l'Etat Civil de Kalakata il est né le 25 décembre 1845;<br />
Requiert en conséquence qu'il plaise au tribunal sur le rapport de l'un des Messieurs les juges rectifier l'acte de décès du sus énoncé<br />
Dire que le nom de Victor-Solange Eternel dit Chevalier Cyclone sous lequel il est désigné y sera remplacé par celui de Tito-Dandy (Orphélien-Félix);<br />
Ordonner que le jugement à intervenir sera inscrit sur les registres de l'année courante de la commune de L'Epée;<br />
Que la mention de la dite rectification sera faite en marge de l'acte réformé partout où besoin sera;<br />
Qu'expédition n'en pourra désormais être délivrée sans contenir la dite rectification;<br />
Qu'enfin le jugement à intervenir sera écrit et expédié sur papier libre et enregisté gratis, vu l'indigence constatée de la veuve Tito-Dandy (Orphéĺien-Félix).<br />
Parquet, le 20 avril 1909<br />
Le Procureur de la République par intérim<br />
Signé: César Dégardel <br />
<br />
<br />
Nous, président du tribunal de première instance de Station Wolfork (Iles-Unies des Reliques)<br />
Vu la requẽte qui précède<br />
Indiquons l'audience de ce jour 20 avril 1909 pour être sur notre rapport statué sur la dite requête.<br />
Signé: Ernest Bougainville<br />
<br />
Le Tribunal,<br />
Vu la requête qui précède;<br />
Ouï Monsieur Bougainville, président de ce siège, qui s'était commis à cet effet en son rapport;<br />
Ouï monsieur Dégardel, Procureur de la République par intérim, en ses conclusions;<br />
Après en avoir délivré, conformément à la loi<br />
Adoptant les motifs de la requête<br />
Dit que l'acte de décès inscrit sur les registres de l'Etat civil de la commune de l'Epée le 13 juin 1899 sous le numéro 75 sera rectifié en ce sens que le nom de Victor-Solange Eternel dit Chevalier Cyclone y sera remplacé par celui de Tito-Dandy Orphélien-Félix qui est le vrai nom du décédé;<br />
Ordonne que le présent jugement sera transcrit sur les registres de la commune de L'Epée, que mention en sera faite en marge de l'acte réformé; partout où besoin sera; qu'expédition n'en pourra désormais être délivrée sans contenir la dite rectification.<br />
Les dépens passent en frais de justice criminelle.<br />
Ainsi jugé et prononcé publiquement au Palais de Justice par le tribunal de première instance de Station Wolfork (Iles-Unies des Reliques) en son audience civile du jeudi 20 avril 1909.<br />
Etaient présents:<br />
Messieurs Bougainville, Président, Dacalor, Juge, Etienne, Juge par Intérim, Dégardel, Procureur de la République par intérim et Georges Blombo, commis -greffier.<br />
Et ont signé le Président et le Commis-greffier<br />
Signé: Bougainville et Blombo<br />
<br /><div class="blogger-post-footer">Copyright Jean-Marie Baltimore javaligwada@gmail.com</div>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/11723491451065633801noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-26220148.post-53023507874476352552011-08-04T14:40:00.005+02:002013-01-07T11:56:34.627+01:00Le Jardin des Simples de Mademoiselle Pepita<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-aUU6rexSVkc/TjqR1kNbsWI/AAAAAAAAAnk/yh9NELiPnm4/s1600/Anthurium1.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="240" src="http://2.bp.blogspot.com/-aUU6rexSVkc/TjqR1kNbsWI/AAAAAAAAAnk/yh9NELiPnm4/s320/Anthurium1.jpg" width="320" /></a></div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
La Veuve Guimbo était cuisinière, mais pas n'importe quelle cuisinière, monsieur. Non, non, non! Avant la mort de son mari ce n'étaient guère que trois mètres sur quatre de carreaux de légumes et autres racines gourmandes qu'elle prélevait au gré de ses besoins et de ses envies. Un brin de persil par ci, une tige de citronnelle par là pour agrémenter les plats qui mijotaient dans la cuisine. Du temps de sa jeunesse seules comptaient dans le potager les plantes condimentaires: elle y avait planté ainsi de l'ail, des oignons, du persil, de la ciboule, de la ciboulette, du cerfeuil, de la vanille, de la girofle, du céleri, de la coriandre, de l'échalote, du cumin, de la moutarde, de l'origan, du piment café, du gingembre, du bois d'inde, de la noix muscade, du romarin, du safran, du serpolet, du thym et de la sauge. Car il est vrai que Pépita Sandragon, même si elle était loin d'être une maîtresse de maison accomplie, avait le don, hérité d'une kyrielle de vieilles grands-mères et arrière-grands-mères aux origines abracadabrantes, de marier entre eux feuilles, bourgeons, fleurs et racines, et ses sauces étaient comme des bouffées délicieuses de Paris qui par effluves venaient caresser le museau des passants de son quartier. </div>
<div style="text-align: justify;">
Ce n'est pas sans raison qu'on l'appelait jadis la femme-prototype, la femelle-aromate non pas de Kalakata, car l'appellation était désormais réservée à Flore de Sainte Rita, mais à l'Ile de l'Epée où se trouvait son domaine. Il y eut bien des moments où, découragée par les coups de boutoir d'un cyclone ou d'un soleil trop chaud, elle abandonnait le jardin à son sort, oh cela durait, quoi, deux mois, trois mois, une semaine, un Carême tout au plus quand il fallait arroser matin et soir, mais dès l'hivernage et ses pluies abondantes, elle se réveillait un beau matin tiraillée par des envies de rangement, de nettoyage de printemps et commençait à remettre le jardin en ordre de combat. Il fallait bien sûr retirer les mauvaises herbes, les brûler, bêcher, sarcler, labourer, biner les parcelles de terre du jardin. </div>
<div style="text-align: justify;">
Quand elle le parcourut pour la première fois à quatre pattes sous le regard de sa mère, Antonieta Wanda Sandragon, Maman Bise, qui veillait à ce qu'elle n'avale pas la terre, à l'âge de la mamelle, ce n'était alors guère plus qu'un jardinet de poupée, flanqué derrière le cabaret Le Ballet des Fleurs, qu'elle appelait pieusement presque en chuchotant pour on ne sait quelques obscures raisons l'Infirmerie. Mais Wanda Sandragon, propriétaire du Ballet des Fleurs, en digne commerçante et infirmière avisée, entreprit au fil des années et des acquisitions successives d'en faire un domaine qu'elle baptisa en l'honneur de sa fille de Jardin des Simples de mademoiselle Pepita . C'était alors un potager tiré au cordeau avec ses carreaux impeccables, un potager qui était un vrai miroir de propreté. Maman Wanda avait divisé l'enclos en neuf parterres. Il y avait le parterre des plantes aromatiques, le parterre des plantes condimentaires, celui des plantes magiques, celui des plantes médicinales, celui des plantes tinctoriales, celui des plantes consacrées à Marie, chacun de ces parterres contenant neuf carrés. Et au milieu de ces parcelles dans cet enclos de vingt ares, une serre pour les semis et les repiquages. Elle avait organisé enfin chacun des quatre-vingt-un carrés en fonction de l'usage final de chaque plante. Par exemple dans le parterre des plantes médicinales on trouvait un carré pour les fièvres et les refroidissements, un autre pour les maladies des femmes, un autre pour les maux de ventre, un autre encore pour l'hypertension et ainsi de suite ... dans ce jardin il y avait toujours un remède pour chacune des afflictions censées toucher la plupart des hommes et des femmes de la goutte aux hémorroïdes en passant par toutes les qualités de traumatismes susceptibles et imaginables. Dans le parterre des plantes condimentaires, il y avait le carré des desserts et celui des fruits de mer et crustacés, il y avait le carré des viandes blanches et celui des viandes rouges. C'était une organisation si poussée que même l'abbesse Hildegarde n'y aurait pas retrouvé son latin.. Tant et si bien qu'avant même que sa fille Pépita n'atteignît l'âge de seize ans le jardin de Wanda Sandragon était digne des plus grandes abbayes médiévales et même les étoiles quand elles flottaient au-dessus paraissaient toutes ébaubies devant le jardin de la belle sauterelle.</div>
<div style="text-align: justify;">
Mais devant ce jardin à la française, devant cet ordre intemporel et cette sainteté parfaite la jeune Sandragon qui ne manquait pourtant pas d'appoint fut prise d'un ennui phénoménal: elle qui ne rêvait que de vertige se retrouvait propriétaire d'un cimetière semblait-il, un verger agencé en forme de croix. Elle entreprit donc d'agrémenter ce viridiarium tropical en y plantant des fleurs. Pourquoi ne pas joindre l'utile à l'agréable? Jouxtant cet enclos où il n'avait poussé jadis que des plantes condimentaires, des plantes médicinales, terrestres, aquatiques et hygrofiles, elle résolut de faire sinon un véritable jardin à l'anglaise, comme le lui proposaient certaines âmes charitables, mais un jardin à la mode des Reliques, tout simplement. Il fallut tout redessiner mais par petites touches, sans chamboulement, à partir d'une architecture secrète que seule elle pouvait maîtriser. Comme un peintre devant son canevas, elle brodait les pleins et les déliés d'une écriture cursive de graines et de racines, de tiges et d'écorces. Les sommités des fleurs et les boutons floraux devenaient des prolongements de son âme. En un hivernage son jardin devint méconnaissable. Les fleurs d'igname rivalisaient en beauté avec les fleurs de corossol et celles des arbres à pain. La feuille de cachiman coeur de boeuf rivalisait de beauté avec la feuille de crête coq d'Inde. Parfums de feuilles et fleurs d'avocatier, effluves de manguiers et de pruniers d'Espagne se fondaient dans ceux des pommes-lianes et des racines de pourpier bord de mer. Mais sa fierté, sa signature, ce n'étaient ni les calebassiers ni les tamariniers royaux contre la constipation, ni les papayers mâles aux fleurs miraculeuses, ni les quénettiers dévoreurs d'eczéma, c'étaient ses cognassiers, les seuls et uniques exemplaires de tout l'archipel, protégés comme des trésors incas, avec chiens de garde et pièges de tout acabit capables de décourager chez n'importe quel garnement, chez n'importe quel verrat, la moindre tentative de prélever un bout de branche capable de ressusciter ailleurs l'arbre prunelle de ses yeux. On venait des quatre coins de l'archipel pour goûter à sa confiture de coing délicatement parfumée et pour admirer, à distance comme il se doit, le galbe de ses arbres merveilleux que plus d'une lui jalousait.</div>
<div class="blogger-post-footer">Copyright Jean-Marie Baltimore javaligwada@gmail.com</div>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/11723491451065633801noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-26220148.post-23213304408573376622011-06-13T22:00:00.008+02:002012-09-29T20:24:30.834+02:00L'ineffable odeur de peau de Flore de Sainte Rita<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-SIJ2XygaUgU/Tfdgj6EXaNI/AAAAAAAAAnc/qMGzmUyxnSM/s1600/220px-Musk_1616.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="282" src="http://4.bp.blogspot.com/-SIJ2XygaUgU/Tfdgj6EXaNI/AAAAAAAAAnc/qMGzmUyxnSM/s320/220px-Musk_1616.jpg" width="220" /></a></div>
<br />
Tout le corps de Flore de Sainte Rita porte le cachet du surnaturel : quand elle entre en transe des abeilles mystérieuses, voltigeant autour de sa bouche entr'ouverte y entrent, viennent y cueillir le pollen et en ressortent sans lui faire aucun mal...Mais au delà du regard qui tend à s'attarder sur les formes rebondies de l'ensorceleuse, au delà du goût de sa langue, jardin secret de myrrhe et d'encens au milieu des corolles de jasmins odorants, c'est sa peau, le parfum de sa peau qui envoûte l'odorat, c'est sa peau, le parfum de sa peau dont la réputation des charmes a dépassé les limites de l'Autre Bord. Il faut avoir respiré, humé, inspiré la peau de la donzelle au moment de l'extase. Il s'en dégage une odeur ineffable, une odeur si inoubliable que quiconque a senti cette odeur en est à jamais rendu esclave. Oh la peau de Flore de Sainte Rita, on pourrait écrire tant de manuels de biologie que cela ne suffirait à décrire le tremblement de terre qu'occasionne dans les narines la simple évocation de ces effluves. C'est un parfum numineux...<br />
On a bien dépêché des quatre coins du monde le ban et l'arrière-ban des plus fins limiers de l'industrie des parfums pour tenter de répliquer cette odeur divine réputée animale et boisée, oscillant constamment entre le musc et le bay-rum. Ils sont venus des quatre points cardinaux, d'Inde, de Marrakech, du Brésil et même des Iles-Unies pour tenter de synthétiser ce joyau aux 46 composants réputé aphrodisiaque mais Flore de Sainte Rita n'entre en transe que le mardi. Seul jusqu'à aujourd'hui le parfum Flore de Sainte Rita a su s'approcher de l'original. Il faut dire que son créateur n'est autre que Flore de Sainte Rita elle-même, la femme prototype de l'archipel des Reliques, la femelle aromate dont la chair d'orphie à maturité suscite les convoitises éternelles da la gent masculine qui l'a côtoyée. <br />
On raconte donc que sous cette peau, cette chair angélique, mélange de peau d'orphie aux écailles chatoyantes et de peau de sirène, se trouverait une glande en forme de coeur qui conserve, tel chez un chevrotain porte-musc, un musc que même les muscs les plus musqués de Nankin et de Tonkin ne sauraient surpasser. Une analyse plus approfondie révèle cependant des milliers de chemins de traverse sous cette peau, des milliers de passerelles de boias d'Inde aqux saveurs de girofle, citronnelle et anis, qui mènent à autant de goufres béants, de précipices d'où jaillissent des sources chaudes comme des geysers de neige éternelle. Au microscope on voit parfaitement un enchevêtrement de réseaux tous reliés au coeur. Car la peau de Flore de Sainte Rita a l'odeur ineffable du coeur. L'odeur du coing et du coeur de palmier disent les mauvaises langues mais pour les inconditionnels pour les adeptes de sainte Rita il s'agit bel et simplement de l'odeur du coeur. Mais le coeur a-t-il une odeur ? Et si oui est-ce odeur de fruit vert, blet ou mûr ? Est-ce odeur de musc ou de bois d'Inde, de jaque dure ou de jaque molle ?<div class="blogger-post-footer">Copyright Jean-Marie Baltimore javaligwada@gmail.com</div>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/11723491451065633801noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-26220148.post-13653687218493006422011-06-01T10:07:00.001+02:002013-06-14T02:00:27.043+02:00Le premier jour de la treizaine à l'IndicibleCela faisait douze ans depuis son veuvage, depuis la disparition prématurée de son époux, parti trop jeune à l'âge de 36 ans, victime d'un cyclone. Mais en bonne dévote de l'Indicible, patron des cas désespérées, jamais Artémia Guimbo ne perdit vraiment patience. Alors que certains se contentaient de treizaines de 13 jours (optant même de réduire la treizaine en neuvaine) et que d'autres allaient jusqu'à prier treize mardis de suite, Artémia pensait que prier pendant treize mois d'affilée le saint patron n'était pas digne de sa cause qui était désespérée parmi les désespérées. Elle avait donc fait la promesse à l'Indicible de fermer son coeur à l'amour de soi, l'amour privatus, pour ne plus se consacrer qu'à l'amour jumeau, l'amour du prochain et l'amour de Dieu. Elle s'était retranchée dans sa béatitude et s'il ne s'était agi de ses filles elle y aurait terminé ses jours. Ces dernières qui grandissaient comme des fleurs à son image ne voyaient pas d'un bon oeil leur mère à la maturité glorieuse se confiner dans le pain rassis d'une vie certes captivante de professeur d'art floral, capable de vous égréner comme des litanies au bas mot 68 recettes de bouillons de feuillages mais incapable de répondre au désir ardent de ceux qui voulaient l'apprivoiser. 13 ans de ce régime sans feu et sans maïs arrivaient à leur échéance et Artémia était tout feu tout flamme, attentive aux mille manifestations du saint, cherchant à lire en tout phénomène des présages.<br />
Dans treize jours c'en serait fini de cette vie de carème ... dans treize jours retentirait l'ego conjugo vos in matrimonio de monsieur l'abbé.... dans treize jours elle pourrait elle aussi défiler aux bras de son mustang...dans treize jours elle crèverait tendrement l'oeil au noirs oiseaux de malheur pour qu'ils lui chantent à l'unisson: "tu es fidèle seigneur, tu es fidèle seigneur...et dans treize jours elle leur répondrait sans sourciller: ton sang est mon sang et ton peuple est mon peuple......<br />
Mais instantanément son corps commença à la tirailler de tous les côtés.<div class="blogger-post-footer">Copyright Jean-Marie Baltimore javaligwada@gmail.com</div>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/11723491451065633801noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-26220148.post-14810237645189625652011-06-01T10:06:00.009+02:002012-12-17T13:57:35.690+01:00Hippolyte-Léon Deleuze Flammarion dit Ismaël et la Treizaine à Saint-Antoine-des-Divins-PlaisirsL'ara cobalt de Flore de Sainte Rita, le dénommé Hippolyte-Léon Deleuze Flammarion appelé aussi Prince-Régent Ismaël, possédait un répertoire unique qui faisait la fierté de sa maîtresse. De son premier maître Arsène Tamarin, dit Boniface, dit le Commandeur, il avait appris tous les commandements du quadrille. C'était un vrai artiste, un Commandeur digne de toutes les légions d'honneur. Nul ne sut jamais comment il apprit le Cantique des cantiques. Ce que l'on sait c'est qu'au contact de Flore de Sainte Rita, bibliothécaire au Centre des Féticheuses Moisson d'Amour le matin, serveuse chez Boniface le soir, reine du Quadrille d'Or, l'ara cobalt était devenu un vrai recueil de prières volant. Il savait sans férir les prières générales, les prières pour soi-même, les prières pour autrui, les prières pour ceux qui ne sont plus sur la terre et les prières pour les malades et les obsédés. Il savait tout du gouvernement des esprits, savait les nommer tous du grand Patron au petit dernier. Imitait tam-tams et grelots on ne sait comment. Il aimait raconter comment la déesse des éclairs était venue le chercher à l'époque où sa tête était devenue une plaie et qu'il était paralysé à la croisée des chemins.<br />
<br />
Flore de Sainte Rita l'avait entraîné à se consacrer chaque matin à l'entretien avec les Anges Gardiens et les Esprits Protecteurs et avait pour lui faciliter la tâche divisé l'année liturgique comme pour elle en treizaines. Méthodiquement elle lui enseigna comme le recommandent les Esprits l'Oraison Dominicale simple et développée, lui fit goûter aux saveurs de la profession de foi, de l'adoration et de la soumission, lui inculqua le principe de charité. Puis elle entreprit de lui enseigner les prières de la Treizaine<br />
Elle commençait ainsi le premier jour de la Treizaine:<br />
<br />
Chers Soeurs et Frères, présentons à Jésus nos prières afin que, par l'intercession de Saint-Antoine, il répande sur nous Sa Miséricorde.<br />
Ce sur quoi Hyppolite-Léon poursuivait:<br />
<br />
1. Le Docteur évangélique<br />
Saint-Antoine, tu as été proclamé Docteur de l'Église pour ta profonde sagesse de théologien, pour ton exemple de vie évangélique et pour ton zèle incomparable d'apôtre de l'Évangile. Obtiens-nous du Seigneur une foi forte, une vie droite, et rends-nous attentifs à l'enseignement de l'Église, notre Mère. Fais que notre vie soit conséquente avec la Foi que nous professons.<br />
<br />
Gloire au Père.<br />
<br />
Le lendemain c'était :<br />
<br />
2. Le secours des mourants<br />
Saint-Antoine, tu es allé vers la mort en chantant un hymne à la Vierge et en disant : " Je vois mon Seigneur. " Nous te prions de nous assister au dernier jour, de secourir ceux qui sont à l'agonie, et d'intercéder en faveur des âmes de nos parents et amis défunts.<br />
<br />
Gloire au Père.<br />
<br />
Le surlendemain c'était :<br />
<br />
3. L'artisan de paix<br />
Saint-Antoine, tu as été toute ta vie un artisan de paix. Viens au secours des victimes de la violence, du terrorisme et de la guerre. Dans un monde comme le nôtre, si plein de haine et de sang, fais que nous soyons toujours des témoins de la non-violence, de la paix et de la promotion humaine.<br />
<br />
Gloire au Père.<br />
<br />
Puis on avait:<br />
<br />
4. L'ami du Christ<br />
Saint-Antoine, toi qui as vaincu les tentations du démon par la puissance de la Croix, rends-nous forts et généreux pour résister au mal. Avec toi, puissions-nous être de vrais annonciateurs de l'Évangile.<br />
<br />
Gloire au Père.<br />
<br />
On continuait avec:<br />
<br />
5. Le secours des malheureux<br />
Saint-Antoine, toi qui as guéri tant de malades et tant de plaies, donne-nous le salut de l'âme et du corps. Intercède auprès du Seigneur pour la guérison et la santé de tous ceux qui ont demandé l'aide de nos prières, et rends-nous disponibles au service des malades, des personnes âgées et des handicapés.<br />
<br />
Gloire au Père.<br />
<br />
On arrivait alors au sixième jour:<br />
<br />
6. Le marcheur de Dieu<br />
Saint-Antoine, tu as longtemps marché sur les routes de France et d'Italie pour annoncer à tous le Royaume de Dieu. Sois le compagnon de notre pèlerinage terrestre. Protège les voyageurs, les routiers, les conducteurs, de tous les dangers de ce monde, pour que, d'étapes en étapes, ils parviennent au chemin du salut.<br />
<br />
Gloire au Père.<br />
<br />
Le septième jour c'était:<br />
<br />
7. Le compagnon fidèle<br />
Saint-Antoine, nous avons recours à toi quand nous perdons de petites choses et tu nous aides à les retrouver, pour notre paix et notre joie. Aide-nous surtout à demeurer fidèles dans les grandes choses. Fais que nous ne perdions rien de l'essentiel et que nous cherchions d'abord ce que Dieu Veut de meilleur pour chacun de nous.<br />
<br />
Gloire au Père.<br />
<br />
Le huitième jour:<br />
<br />
8. Le maître spirituel<br />
Saint-Antoine, grand maître de vie spirituelle, délivre-nous de la présomption de pouvoir vivre sans Dieu. Aide-nous à renouveler notre vie selon l'Esprit de l'Évangile et des Béatitudes, à donner le bon exemple, et à faire grandir spirituellement ceux qui vivent auprès de nous.<br />
<br />
Gloire au Père.<br />
<br />
La neuvième prière: <br />
<br />
9. Le protecteur des enfants<br />
Saint-Antoine, dont le cœur était rempli d'amour et de tendresse pour l'Enfant-Jésus que tu portais dans tes bras, bénis toutes nos familles et bénis nos enfants. Aide-les à grandir en sagesse, en taille et en grâce, devant Dieu et devant les hommes.<br />
<br />
Gloire au Père.<br />
<br />
La dixième prière:<br />
<br />
10. Le réconciliateur<br />
Saint-Antoine, toi qui, pendant ton ministère, as guidé et soutenu ceux qui venaient écouter ta parole, tu es devenu pour eux le serviteur de la Miséricorde de Dieu. Aide-nous à reconnaître nos fautes et à recevoir humblement le Sacrement de la Pénitence qui nous réconcilie avec Dieu et avec nos frères, dans un même amour.<br />
<br />
Gloire au Père.<br />
<br />
La onzième prière:<br />
<br />
11. L'auteur sacré<br />
Saint-Antoine, tu nous as laissé comme œuvre écrite deux recueils de "sermons", pour l'instruction et l'édification du peuple chrétien. Nous te prions pour ceux qui ont reçu vocation d'enseigner. Nous te prions aussi pour les responsables de presse et ceux qui ont la charge de l'information. Conscients de leur responsabilité, qu'ils recherchent sincèrement la vérité et la communiquent en toute charité.<br />
<br />
Gloire au Père.<br />
<br />
L'avant-dernière prière<br />
<br />
12. Le défenseur des pauvres<br />
Saint-Antoine, toi qui, durant ta vie, t'es toujours prodigué pour la libération des prisonniers et la défense du pauvre, fais que nous soyons attentifs au message de libération de l'Évangile, et que nous en vivions, pour nous-mêmes et pour les autres. Donne-nous le courage de protéger les faibles, les petits et les pauvres devant les injustices des puissants de ce monde.<br />
<br />
Gloire au Père.<br />
<br />
La treizième et dernière prière<br />
<br />
13. Le serviteur de Marie<br />
Saint-Antoine, puisque tu as si bien servi et glorifié sur terre la Vierge Marie, intercède auprès de son Cœur de Mère, pour qu'Elle nous donne toujours Jésus, Son Fils. Sur Son conseil et à ton exemple, que nous soyons généreux pour faire ce qu'Il nous dira.<br />
<br />
Gloire au Père.<br />
<br />
L'ara cobalt savait toutes les prières par coeur et il ne se passait pas un jour sans qu'il ne les récite à l'heure où retentissaient les matines. Il dormait alors perché sur un manguier qui se trouvait au fond de la cour de chez Flore de Sainte Rita. Oui, il y avait belle lurette que la volière avait été mise aux oubliettes. Monsieur Hippolyte-Léon Deleuze Flammarion était un oiseau libre et clairvoyant ! On raconte même que Flore de Sainte Rita lui donnait volontiers la becquée comme s'il se fut agi d'un oisillon coq en pâte. Elle lui concassait consciencieusement ses sept grains de maïs bleu, mastiquait tout cela jusqu'à en faire une pâté pour enfin régurgiter son hostie en bouillie dans le bec grand ouvert de l'animal. Celui-ci dès lors pouvait intercéder mystiquement, invoquer les esprits, conjurer les mauvais sorts le corps enduit de kaolin et de farine. Les génies alors s'incarnaient en lui du génie de l'eau au génie du vent, du génie du feu au génie du tonnerre !<br />
Vint le jour de triste mémoire où avant même les matines, un faucon le saisit par le collet et s'envola avec la ferme intention d'en faire son festin. Le volatile réveillé en sursaut cria d'une voix étranglée: Fleurisse, Fleurisse ! mais la pauvre Flore de Sainte Rita qui était en pleine transe à cette heure-là ne pouvait l'entendre. Il cria encore: Fleurisse, Fleurisse ! Les matines commencèrent à sonner. Flore de Sainte Rita écarquilla ses yeux immenses comme des pleines lunes ! La vision qu'elle eut devait la poursuivre jusqu'au trépas: elle vit le faucon emmener sa proie qui criait d'une voix bien distincte quoique légérement étranglée la dernière prière à Saint-Antoine-des-Divins-Plaisirs. Elle eut le temps d'entendre encore "Cavaliers aux....." mais le mot "Dames" s'évanouit dans la même éternité impitoyable que le Gloire au Père.<div class="blogger-post-footer">Copyright Jean-Marie Baltimore javaligwada@gmail.com</div>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/11723491451065633801noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-26220148.post-85594132157063354502011-05-18T16:44:00.009+02:002011-06-30T15:29:10.269+02:00Le confessionnal bisIl est de notoriété publique que sur la place des 14 il y a deux confessionnaux. Celui de l'église tout en rococo, un trois places en bois où, sous le sceau de la confession, le desservant du culte, le père Gaëtan y exerce le ministère de la réconciliation de façon héroïque et féconde, absout et dissout les péchés, procurant miséricorde, conseil et réconfort pŕesque dix-sept heures par jour selon les dires de la gouvernante du curé, qui du fond de son presbytère clame à qui veut l'entendre:<br />
'Le père Gaëtan, c'est un saint, comme le bon curé d'Ars. Le confessionnal c'est sa maison.<br />
Que Dieu vous pardonne ! C'est ainsi qu'il termine sa confession tout en sachant très bien qu'on va pécher encore et encore et il pardonne l'avenir par anticipation."<br />
En pénitence poursuit-il, vous me direz deux Pater Noster puis vous laverez l'âme qui a servi à votre péché dans l'eau bénite de l'un des deux bénitiers situé de chaque côté de l'entrée.<br />
Mais pour que l'absolution soit complète, pour que l'acte de contrition soit sincère il enjoint chaque pécheur à planter sept noyaux de jacque ou sept pépins de grenade qui après avoir été immergés dans l'eau bénite vont redonner à Kalakata des couleurs devant l'Eternel.<br />
L'autre confessionnal c'est "Chez Boniface", siège de la Société des Ivrognes Patentés. C'est la chapelle que d'autres pénitents choisissent pour faire leur examen de conscience et leur acte de contrition. La tradition est même de veiller son cerceuil toute la nuit dans ce confessionnal jusqu'à ce que résonnent les matines et les laudes.<br />
Sur le comptoir trônent deux cloches, répliques miniatures des deux cloches de l'église. Hermine, cloche de 614 kilos, qui sonne le fa, et Joséphine, cloche de 319 kilos, donnant le la et sur lesquelles sont inscrits le nom de l'évèque de Station Wolfork, le nom du curé de Kalakata, le nom du parrain et celui de la marraine sont remplacées par Théodore et Théodule, deux clochettes qui portent l'inscription suivante: "Je suis éternelle puisque fraternelle et toujours à Kalakata pour Saint-Antoine-des-Plaisirs-Divins je sonnerai". Et d'ailleurs à une certaine époque quand l'église menaçait ruine et qu'il y avait certains désagréments à prononcer la messe les jours de pluie c'est de ce confessionnal bis qu'on tira les ressources nécessaires. Mais néanmoins quand monseigneur l'Evèque se rend à Kalakata pour la Grand-Messe de Requiem pour le repos des âmes des cerceuils, l'établissement, tout confessionnal bis qu'il soit, baisse le rideau le temps de la Grand-Messe de Requiem jusqu'à la deuxième absoute au cimetière. Car de même qu'à l'église la règle est que dans ce temps de pénitence et d'affliction qu'est la Grande-Messe de Requiem on ne tolérerait en aucun cas un morceau d'orgue, ni en accompagnement ni en solo, les clients, tout maître suceurs de canne qu'ils soient, ont aussi leurs codes et leurs lois et parmi ceux-ci il y avait: Entre l'église et le cimetière nous sommes tous sur le même canot. La procession des cercueils c'est l'occasion de se refaire à peu de frais peau neuve et accessoirement âme neuve. Un espace captif leur est ainsi réservé, le jour de la procession des cercueils, sur la dernière travée de l'église, car c'est au sein de la Lyre de la Société des Ivrognes Patentés qu'ils prêtent hommage aux âmes des défunts et qu'ils assistent comme tout un chacun à la grand-messe de Requiem. Comme tout un chacun ils fredonnent les 19 versets de "Dies Irae" chanté par le choeur, prononcent leur "Dona eis requiem" et leur "Eis requiem sempiternam" à l'unisson. Au chant du propre de l'Offertoire on les voit entonner a capella "Ego sum" avec le cantique "Benedictus" et les versets qui suivent. A la fin de la messe le célébrant s'en va à la banquette, défait sa chasuble et endosse la chape avant de s'approcher du catafalque pour donner la première absoute. Après la prière de Monseigneur, le "Non Intres", le choeur entonne le répons "Libera me Domine" et les versets qui suivent. Quand finalement les corps sortent de l'église pleine à craquer et que le choeur commence à chanter l'antiphone "In Paradisium", les deux confessionaux et leurs pénitents se retrouvent pêle-mêle tous unis dans un même élan portés par le choeur qui accompagne la procession au cimetière pour la seconde absoute. Aprés une dernière aspersion, vient l'encensement et chacun vaque à ses occupations conscient du devoir accompli. Et les Ivrognes Patentés peuvent rejoindre leur confessional bis.<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://2.bp.blogspot.com/-1SnDfmTNZ18/TdPbSfxDBwI/AAAAAAAAAnQ/oumHEYuXBhA/s1600/220px-Confesionario.JPG" imageanchor="1" style="clear:left; float:left;margin-right:1em; margin-bottom:1em"><img border="0" height="293" width="220" src="http://2.bp.blogspot.com/-1SnDfmTNZ18/TdPbSfxDBwI/AAAAAAAAAnQ/oumHEYuXBhA/s320/220px-Confesionario.JPG" /></a></div><div class="blogger-post-footer">Copyright Jean-Marie Baltimore javaligwada@gmail.com</div>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/11723491451065633801noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-26220148.post-63989002085133973432011-05-15T13:10:00.011+02:002011-08-03T18:12:20.005+02:00La Congrégation des Veuves de Ti-ZoulouEn tant que membre de la Congrégation des Veuves de Ti-Zoulou, mieux encore en tant que chef de Septaine de cette confrérie dont la dévotion consistait à faire une fois par semaine le Chemin de la Croix, à tour de rôle de telle manière qu'il en ait un au moins de fait chaque jour sans interruption, Artémia, dont le jour était le mardi, était exemplaire. Pas un mardi où, en état de grâce, contrite de ses péchés et décidée de demeurer fidèle à Son Seigneur, elle ne s'acquittât de ses obligations, pas un mardi où elle ne trottinât d'un pied de la croix à l'autre, d'une station á l'autre le long des 3320 pas de la Voie Douloureuse comme une femelle raccoon diligente en quête de miel, comme un cabri en quête de pâturage entre les quatorze stations et le maître-autel. Et quand bien même elle fût malade elle ne se dérobait pas et faisant fi du privilège de prier devant un crucifix indulgencié en récitant un petit acte de contriction ou le verset: "Te, ergo, quoesumus, familis tuis submemi, quos pretioso sanguine tedemisti" comme le permettait Sa Sainteté le Pape, elle se rendait religieusement à l'église pour accomplir son devoir avec la certitude que le jour où elle quitterait ce monde ce serait en odeur de sainteté. Elle avait ainsi emmagasiné des milliers des milliers et des milliers d'années d'indulgences plénières et des centaines de milliers d'années d'indulgences partielles mais la grâce qui surpassait toutes les autres c'était l'Absolution Générale qu'elle recevait jusqu'à 36 fois par an et par laquelle on lui restituait l'innocence du baptême et où elle recevait la Très-Sainte Eucharistie comme s'il se fût agi d'une cuillère de confiture de banane. Sans compter qu'elle devait bien plus qu'à son tour remplacer au pied levé au pied de la Croix de Jean-Zoulou XXIX l'un, alité, ou l'autre en déplacement. Tout ça valait bien un océan infini de miséricordes. Le mardi c'étaient des milliers d'âmes qu'elle allait délivrer du Purgatoire et même si toutes ces activités ne faisaient pas d'elle une Sainte Clarisse, elle n'en était pas moins la plus fameuse pénitente de la paroisse de Kalakata et de toutes les autres paroisses des Reliques Unies.<br />
Comme tous les membres de la Congrégation elle se devait de porter autour du cou un chapelet séraphique, symbole de pénitence, pauvreté et chasteté. On pouvait porter le chapelet sur la chemise. Le cordon pouvait être de fil, de coton, de lin ou de chanvre, en soie ou en ruban de corde nouée de couleur blanche et on ne devait le quitter qu'en cas de nécessité, pour le reprendre dès que cela redevenait possible. Quant aux grains de cette patenôtre séraphique ils pouvaient être d'os ou de corne, de corail ou de nacre, d'ambre ou de jais, de bois ou de cristal de roche avec des grosses perles pour marquer les décades en ambre ou en corail ou en perle précieuse comme l'émeraude, l'améthiste, le saphir, l'or ou l'argent. et pour couronner le tout un ou deux pompons rouges. <br />
<br />
La Congrégation des Veuves de Ti-Zoulou se partageait en séries de deux sortes: les Septaines, ceux qui s'engageaient à faire un Chemin de la Croix par semaine à tour de rôle et les Trentaines, ceux qui promettaient d'assurer un Chemin de la Croix par mois. Chaque Paroisse de l'Archipel des Iles-Unies des Reliques formait en moyenne entre 3 et 4 septaines et 4 et 5 trentaines, ce qui garantissait 7 chemins de la Croix chaque jour dans chaque paroisse. Pour faire partie de la Confrérie on devait verser aussi un tafia dans le cas des membres de Trentaines et 4 tafias dans le cadre des Septaines pour l'acquit des messes.<br />
<br />
La Confrérie s'était placée sous le patronage principal de Saint-Antoine-des-Plaisirs-Divins (dont la solennité est fixée le 13 juin)et sous le patronage secondaire de Saint Pantaléon et de Saint Léonard de Port-Maurice.<br />
Sa Sainteté le Pape avait accordé une indulgence plénière aux conditions ordinaires de la confession et de la communion aux jours suivants, savoir:<br />
1) le jour de l'entrée dans la Confrérie<br />
2)`à l'article de la mort<br />
3) le jour de la fête patronale de la Confrérie, le 13 juin<br />
4) le jour de la fête de Saint Pantaléon le dernier dimanche de juillet<br />
5) le jour de la fête de Saint Léonard de Port-Maurice le 26 novembre<br />
En outre de ces indulgences les associés jouissaient encore des avantages suivants:<br />
1) Une messe en entrant dans la confrérie pour la bonne mort du premier de la série qui laissera cette vie<br />
2) A la mort une messe avec une communion un Chemin de la Croix de tous les associés de la série<br />
<br />
Les fêtes spéciales de la Confrérie sont le Vendredi Saint, l'Invention de la Sainte Croix (le 3 mai), l'Exaltation de la Sainte Croix (le 14 septembre).<br />
Les huit fêtes suivantes instituées par l'Eglise dans un but de réparation, les mystères et les instruments de la Passion de Notre Seigneur font l'objet d'une dévotion toute particulière et sont célèbrées par la réception de la Sainte Communion:<br />
1) L'oraison de Notre Seigneur au Jardin des Oliviers (le mardi après la Septuagésime)<br />
2) La commémoration de la Passion, le mardi après la Sexagésime<br />
3) La Sainte Couronne d'Epines, le vendredi après la Quinquagésime<br />
4) La Lance et les Clous, le premier vendredi de Carême<br />
5) Le Saint-Suaire, le second vendredi de Carême<br />
6) Les Cinq-Plaies, le troisième vendredi de Carême<br />
7) Le Précieux Sang, le quatrième vendredi de Carême et le premier dimanche de juillet<br />
8) Le Sacré-Coeur, le vendredi après l'octave du saint-Sacrement<br />
Quant aux 36 jours d'Absolution Générale c'étaient:<br />
le jour de l'Immaculée-Conception, à Noël, à la Circoncision, à l'Epiphanie, à la Purification, à la Saint-Joseph, à l'Annonciation, au dimanche des Rameaux, à chacun des jours de la Semaine-Sainte, au Dimanche de Pâques, à l'Ascension, à la Pentecôte, à la Trinité, à la Fête-Dieu, à la fête du Sacré-Cœur, le 21 juin, (en mémoire de l'anniversaire de l'entrée du Pape Pie IX dans le Tiers-Ordre), à la Saint-Pierre, à la Visitation, à la fête de Sainte-Claire (le 12 août), à l'Assomption, à la Saint-Louis, à la Nativité, à la Saint-François (le 4 octobre), à la Toussaint, à la fête de Sainte-Elizabeth de Hongrie (le 19 novembre), à la Présentation, et enfin, le 25 novembre, à la fête de Sainte Catherine, vierge et martyre. En outre, on pouvait recevoir l'Absolution générale quatre fois encore par an, n'importe quel jour, et ces quatre jours-là on recevait de plus la Bénédiction Papale, comme au 21 juin: en tout trente-six fois par an.<div class="blogger-post-footer">Copyright Jean-Marie Baltimore javaligwada@gmail.com</div>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/11723491451065633801noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-26220148.post-29824991763279139362011-04-05T18:03:00.013+02:002014-08-07T18:54:15.092+02:00Mes lèvres verront le miel prendre le goût du cielTout commença par un subtil bruissement, sans que l'on sache véritablement s'il s'agissait d'ailes, de vent s'engouffrant sous les feuilles ou de lames de mer s'écrasant en douceur sur les plages de sable volcanique dans le lointain d'Entre-Deux-Morts. Wolfork fut pris d'un murmure qui enfla, s'amplifia et éclata en mille trilles souterraines jusqu'à prendre possession de l'espace tout entier, jusqu'à isoler la Place des Quatorze-Saints qui soudain prit les allures de l'abysse. Décidément ce ne serait pas un jour banal...Il était 4 heures du matin: entre chien et loup, la place affichait sa nature exubérante habituelle avec ses quatorze saints intercesseurs: Blaise, son manguier, Acace, son jacquier, Catherine d'Alexandrie, son cocotier, Marguerite d'Antioche, son néflier, Eustache, son pied de corossol, Gilles, le letchi, Barbe, son cacaoyer, Christophe, le jambosier, Cyriaque, l'acajou à pommes, Denis, le tamarinier, Erasme, le carambolier, Georges, le bananier, et Pantaléon, l'Indicible, le Maître Intercesseur en Personne et leur marmaille d' abeilles indigènes sans dard qui voluptueusement allaient butinant de pistil en étamine, pollinisant á qui mieux mieux...Perchée au plus haut des cieux de l'Intercesseur en Personne, la Veuve Eternel proférait depuis douze jours ses incantations funèbres, vendant aux enchères à coups de marteau les toutes dernières places du Paradis à qui voulait bien l'entendre. Dans ces longues imprécations elle vouait Untel à la Géhenne, Unetelle au Purgatoire car pour siéger au Paradis à la droite de l'Homme aux Clés, plus personne à ses yeux n'en était digne à Wolfork, qu'elle qualifiait à tout bout de champ d'Ile des Martyrs. On s'était tellement habitué à la distribution d'injures et de damnations que Veuve Eternel et Place des Quatorze étaient devenus presque synonymes. Elle faisait partie du paysage. Depuis douze jours, peuchère...Sans elle la place aurait paru presque dépeuplée, voire anachronique.<br />
"En vérité, en vérité, je vous le dis, au Paradis seul un animal à pattes réussit à pousser c'est le crabe. Au Paradis il n'y a pas de vache. il n'y a pas de lait. Au Paradis il n'y aura pas de thé, pas d'eau de coco, pas de café je vous préviens. Au Paradis seule pousse la vanille, il n'y en a que pour la vanille. Au Paradis il n'y a qu'un animal à ailes et c'est l'abeille sans dard. Et pourquoi me direz-vous ? Parce que comme le crabe elle s'est adaptée. C'est pour cette raison qu'aujourd'hui je mets en vente pour les plus méritants une place réservée á la droite de l'Homme aux Clefs. Aujourd'hui c'est la dernière. Il n' en aura plus sur le marché et alors vous aurez beau venir me supplier, il n'y en aura plus. Alors qui est preneur ? Une place lumineuse à la droite du Concierge... Un, deux, trois, adjugé.. vendu à moi-même et à ma descendance, moi Artémia Guimbo, épouse légitime de Victor-Solange Eternel, dit Eternel XXIX".<br />
Et c'est ainsi que la Veuve Eternel s'était auto-attribué les trois quarts des places disponibles à droite au Paradis pour elle et sa progéniture.<br />
Depuis 12 jours elle s'était installée au faîte de Pantaléon, y avait élu domicile et ne s'en éloignait semble-t-il qu'au beau milieu de la nuit pour accomplir, murmurait-on, basse besogne sur basse besogne. Rien de trop catholique, en tout cas. A Wolfork qui ne connaissait les hauts faits et gestes d'Artémia Guimbo dite la Veuve Eternel qui au prix d'épousailles carnavalesques avait eu le toupet de prendre pour mari un mardi de Saint Antoine un cyclone sans devant ni derrière, un fantoche sans gamme ?...Douze jours qu'elle n'était apparue à la devanture de sa boutique de simples qui était devenue une seule pourriture de feuilles, de sortilèges, d'onguents, d'écorces et de peaux animales.<br />
Et pourtant allez comprendre ! Depuis douze jours, malgré la dérade évidente, c'était une femme impeccable qui se présentait sur l'ostensoir des arbres: toujours sur son 31, lançant ses imprécations comme des cerfs-volants au-dessus de la canopée... Douze jours de déraison ! Douze ans d'errance ! Douze jours de déraille ! La veille elle les avait pourtant prévenus ! Elle avait dit sur le ton de la confidence, en gloussant presque: "Demain, bande de verrats, tous autant cancrelats et ravettes que vous êtes, vous allez voir.... Demain mes lèvres verront le miel prendre le goût du ciel!" <br />Mais ces termes quelque peu sybillins étaient passés comme du vent entre les oreilles de sassafras de tout un chacun. Elle s'insurgeait: "Vous courez dans le vide comme des poulets sant tête mais ne dites pas que je ne vous ai pas prévenus."<br />
Quatre heures du matin ! Le premier chant du coq passa inaperçu surpassé par le vacarme tonitruant d'une colonie d'abeilles sans dard de toutes qualités qui se mirent au garde-à-vous au sommet de l'arbre happé dans un rayon de lune pendant que jaillissaient des mangroves adjacentes des colonies entières, des grappes de crabes et tourteaux de tout acabit, Rois Mages silencieux qui vinrent eux aussi se mettre au garde-à-vous dans l'attente d'un dénouement. Ce fut un vrai charivari. C'est sous cette nuée ardente d'abeilles sans dard et de crabes sans barbe tous unis dans un même élan que naquit en ce treize juin la princesse héritière Maria-Ondine Guimbo Mandaçaia, dite Dalila.<br />
Le père Gaetan, prêtre Tertiaire de Saint François, releva le lendemain matin au pied l'Indicible pèle-mèle les cadavres enchevêtrés et disloqués comme après le passage d'un tsunami de milliers de tubunas, crabes matous, uruçus, mirins, crabes ciriques,gaiamuns, bouches de grenouilles, iraís, jandaíras, crabes araignées, crabes bleus, crabes cailloux, jandaís, boras, guaraipos, jataís, irupuás, tiubas, tubis et crabes des cocotiers... Un vrai calalou de crabes et d'abeilles.<br />
Ce matin-là la Veuve Eternel rentra chez elle comme si de rien n'était, et après avoir débarrassé l'enfant de sa gangue de miel et de graisse de crabe la rinça dans sept lames de mer à hauteur du village de Pituba.<div class="blogger-post-footer">Copyright Jean-Marie Baltimore javaligwada@gmail.com</div>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/11723491451065633801noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-26220148.post-59228144727529705462010-10-05T19:53:00.005+02:002012-09-29T20:31:03.866+02:00L'apparitionLe premier mot qu'elle lui adressa fut des plus banals:<br />
-Excusez-moi, fit-elle, lui intimant de se lever pour qu'elle puisse s'asseoir à côté de lui, prés de la fenêtre du bus 31 qui les emmènerait vers la mer.<br />
Il fallait se décider. Allait-il, lui l'Amiral Zéro, rester à sa place ou lui céder la sienne ? Il réfléchit à trois mille à l'heure et au bout de douze aller-retour entre la terre et la lune et un petit passage par la planète Mars qui ne durèrent que l'espace d'une seconde où il fut subitement baigné d'une étrange lumière, il lui demanda presque hébété:<br />
- Ce bus va à Wolfork d'abord ou il passe par la Sirène ?<br />
- Il passe par la Sirène d'abord, lui répondit-elle<br />
- Dans ce cas je vais m'asseoir ici parce que vous descendrez sûrement avant moi parce que, moi, je vais à Wolfork, precisa-t-il.<br />
Il n'avait guère qu'entr'aperçu en se levant pour lui céder sa place le visage de la dulcinée. Il ne vit nettement que son bras qui agrippait la barre pour s'asseoir. Il s'assit bien sagement un bras tenant comme un gouvernail le livre qu'il était en train de lire, un livre de cuisine qui venait de lui donner l'envie de fabriquer des macarons, et sans aucune raison aucune il vit bien qu'il lui montrait ostensiblement ce qu'il était en train de lire. L'instant d'après le voilà qui lorgnait sur sa droite et qui commença à la détailler en quinconces des pieds à la tête. Ses sandales ouvertes révélaient de petits orteils. Ce qui le surprit le plus ce fut l'absence de bijoux, tout juste un fard à ongles beige crémeux aux ongles des pieds et des mains. S'il fallait lui donner un âge elle avait quelque chose entre 25 et 30 ans et pour lui il eut la certitude que c'était son ange gardien tombé du ciel.<br />
Il fallait à tout prix engager une conversation sans être pour autant outrecuidant. Car elle pouvait descendre à n'importe quel arrêt mais il se dit que si elle s´était assise c'est que logiquement elle voulait se reposer et que donc elle allait descendre un peu plus tard. Mais il fallait avancer, planter une banderille, avancer un pion, vite, vite. La partie d'échecs et de cache-cache amoureux allait commencer.<br />
A droite de l'autre côté de la chaussée il y avait des dunes, presque immaculées, que, il l'avait remarqué quelques semaines auparavant, de nombreuses personnes foulaient. Ce fut une vraie inspiration. Merci seigneur, pensa-t-il.<br />
Encore fallait-il oser, mais de quel droit aborder de la sorte la belle inconnue. par babord par tribord, vent de face ou vent debout ?<br />
IL se jetta à l'eau, après avoir avalé un grand bol d'air, lui qui ne savait pas nager (d'où le surnom amiral Zéro qui lui collait aux basques):<br />
-Mais où donc mènent ces dunes, vous savez, vous ? L'autre jour j'ai vu une ribambelle de gens qui défilaient lá-haut. Il y a quoi derrière ?<br />
Miséricorde ! Elle répondit d'une voix qui semblait provenir d'un choeur de chérubins:<br />
- Ce sont des chrétiens. Ceux qui vont lá-haut ce sont des chrétiens. Ce chemin, cette dune ne mène à nulle part.<br />
- Ah vraiment je me demandais ce qu'ils faisaient la-haut !<br />
- Ils prient....<br />
- ET vous n'êtes pas chrétienne, vous ? s'entendit-il dire<br />
-Si, je suis chrétienne mais eux ce sont des chrétiens plus exigeants. Moi aussi je suis chrétienne mais pas comme eux<br />
-Ah vous êtes baptiste alors ?<br />
-Oui<br />
-Moi j'ai été élevé dans le catholicisme. J'ai même été enfant de choeur, continua-t-il, lui l'athée convaincu<br />
-Moi aussi, j'ai été baptisée, confirmée, j'ai fait ma première communion, continuait-elle<br />
-Vous allez à la plage, s'enquérit-il<br />
-Avec ce pantalon ? sourit-elle.<br />
-Non c'est cette blouse que vous portez, si colorée qui m'a fait penser à ça.<br />
-Non j'habite ici de l'autre côté, dit-elle à Brasilia. Je vais à la banque.<br />
Enhardi par tout ce qui venait de se passer, il fit tout de go, jetant comme le capitaine d'un frêle esquif à la dérive sa bouée de sauvetage:<br />
- Vous me plaisez beaucoup, vous savez, vous avez un email ?<br />
- Non je travaille là-dedans et je n'ai ni email, ni blog, ni site internet<br />
Mais il continua son entreprise de séduction jusqu'au bout. Maintenant qu'il avait dévoilé un pan de son coeur il fallait se livrer encore plus au risque de tout gâcher...<br />
- Mais vous avez un portable quand même...<br />
Il dut dire le mot portable en bégayant car elle ne comprit pas immédiatement. Il dut répéter:<br />
-Un portable. Vous avez un portable ?<br />
-Oui répondit-elle. Un petit portable tout riquiqui. <br />
-Alors je vais vous donner mon numéro. Comme ça on ne se perdra pas de vue. Notez.<br />
Tout se passait comme dans un rêve. L'apparition souriait et inscrivait méthodiquement les numéros au fur et à mesure qu'il les répétait quatre-vingt-onze, onze, quarante-six, trente-cinq. Elle enregistra trente-six au lieu de trente-cinq. Puis revint en arrière et corrigea. Ensuite il fallut épeler le prénom SILEX. Elle referma son portable, se leva. Il n'eut que le temps de lui demander son prénom.<br />
Elle répondit quelque chose comme Karine. Mais il l'avait déjà baptisée d'Aparecida, l'Apparition. Et elle disparut dans la foule. Etrangement, lui qui adorait les derrières bien rebondis et les poitrines saillantes, laissant devienr des formes souriantes et amènes, il ne chercha même pas à la suivre du regard. Peut-être aurait-il dû descendre, l'accompagner. Peut-être aurait-il dû lui demander son numéro au lieu de lui donner le sien ? Peut-être ! Il avait en lui cette certitude, cette foi en elle, une certitude effarée, qui ne reposait sur rien, une force tranquille qui l'impressionna lui-même. Et si elle avait voulu seulement être aimable ? Il repoussa très vite cette idée: on ne note pas le téléphone de quelqu'un sur son portable seulement pour être aimable. Elle le rappellerait, ce n'était qu'une question d'heures, voire de jours. C'était un lundi matin, il était 11h40. Dans 20 minutes l'angélus....<br />
Vint le mardi et les premiers doutes car elle n'avait toujours pas daigné se manifester. Ah c'est moi qui aurait dû prendre son numéro! ET puis aussi quelle idée de se promener en pantalon de treillis ! Elle a dû penser que j'étais un quelconque militaire. Ah non sûrement pas avec cette barbe mal rasée! <br />
J'étais pitoyable pensa-t-il... J'aurais d'emblée dû lui proposer mon meilleur profil , mon meilleur sourire, mes fossettes qui me font croire que je suis irrésistible, et m'asseoir sur le côté du couloir et non du côté de la fenêtre... Car ça m'a avancé à quoi tout ça. Pourrais-je même la reconnaître dans la rue si elle venait par hasard à réapparaître? Et si on ne se revoyait plus ! Il n'osa imaginer le pire et vite chassa cette idée farfelue de son esprit. Elle rappellerait, juré, promis. Il l'avait dans la peau, il le sentait, question de phénoronomes,donc inévitablement elle se manifesterait.... Cela ne faisait pas l'ombre d'un doute. Son destin était tracé à la faux.<br />
Le mercredi arriva et toujours rien. Son portable sonna le mercredi soir vers 21 heures mais ce fut parce qu'une de ses élèves voulut annuler le rendez-vous fixé au lendemain.<br />
Le jeudi matin il était libre, elle l'appellerait sûrement, à moins qu'elle ne se réserve pour le week-end. D'ailleurs le mardi suivant serait férié, cela augmentait à coup sûr les occasions de se faire appeler par l'Apparition.<br />
Il suffisait d'arrêter de se ronger le sang, mordre son frein n'a jamais guère servi qu'à de vieux chevaux de retour, et lui n'en était pas là heureusement. Il se sentait l'âme d'un jeune pur-sang arabe, il piaffait d'impatience mais tout se passait comme si la mer était étale... Nul mouvement, seul le désir qui pulsait entre ses jambes dès qu'il se mettait à penser à elle.<br />
Elle était donc très religieuse, semblait-il. Mais ni plus ni moins que beaucoup d'autres femmes qu'il avait côtoyées dans son existence mouvementée. Voilà qui laissait une marge à l'espoir.<br />
Il prit donc une résolution rapide: S'il fallait se marier, il se marierait, s'il fallait se confesser, il se confesserait, s'il fallait se convertir, il se convertirait, car pour se fondre en elle il venait d'abdiquer, lui le bon vivant de tout, sur la terre comme au ciel, il venait d'abdiquer de l'enfer et du paradis pour un purgatoire éternel dans les girons fatals de l'Apparition<div class="blogger-post-footer">Copyright Jean-Marie Baltimore javaligwada@gmail.com</div>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/11723491451065633801noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-26220148.post-71441265200960434372010-09-23T20:34:00.012+02:002012-06-09T13:19:44.695+02:00La criée des âmesL'encanteuse était toute fébrile. L'encan allait débuter. Sur le parvis de l'église Saint-Antoine-des-Plaisirs-Divins et dans les bars environnants l'atmosphère allait bon enfant chacun piquant sa fourchette avec entrain dans la traditionnelle daube de raccoon aux haricots secs ou remontant en verticale du tafia le plus vert au plus musqué.<br />
Pour la criée des âmes de cette année chacun avait donné son écot. La marguillère en charge avait fait sa tournée et récolté aux quatre coins de la contrée fruits, légumes, animaux et autres objets pour aider les âmes des morts à purger leur mauvais temps au Purgatoire. Oui, la grande vente aux enchères alait débuter. Chacun à défaut de catalogue se préparait à saisir à bon prix la bonne affaire. Tel quel, sans garantie. Pas de réclamation après le coup de marteau, ferme et définitif. On jaugeait de la qualité de la bête. Ah ça c'est de la belle croupe, une bonne reproductrice, entendait-on murmurer à propos d'une génisse. Il y avait pèle-mèle deux confessionaux, un seau d'aspersion avec son goupillon, sept bénitiers, deux fonds-baptismaux, un calice, une chaire, un autel<br />
Mais le clou de la cérémonie, je vous le donne en huit, c'était un corbillard , un corbillard blanc pour enfants, complet avec accessoires et garnitures, un peu rassis mais complet avec ses carapaçons pour chevaux, ses galons en argent, ses gants blancs un peu décatis, ses plumets fanés, ses croix, ses larmes et son baldaquin, ses franges et ses glands d'argent sans oublier ses tentures virginales. Dans cet étrange équipage avait jadis figuré comme un trône le sextuple cercueil de Pantaléon, l'Indicible, le Maître Intercesseur en Personne recouvert de son drap mortuaire et dont les cordons se poêle semblaient prier à tout rompre pour trouver un acquéreur. Oui, six cerceuils dans leur sarcophage de porphyre rouge. Du cerceuil en fer blanc au cerceuil en chêne extérieur on passait successivement par le cerceuil en acajou, deux cerceuils en plomb, et un cerceuil en ébène. Le dit véhicule après quelque trois-quarts-de-siècle de bons et loyaux services allait pouvoir faire l'objet d'une retraite méritée et était le don de l'entrepreneur des pompes funèbres qui venait de faire faillite car cela faisait dix ans tout juste que nulle âme innocente n'était décédée et que le vénérable char hippomobile moisissait dans un atelier. Qui allait oser acheter et à quel prix cet équipage. Si encore il y avait eu les chevaux on aurait pu tirer parti de quelque chose, ne serait-ce que de quelques boucauts de viande, mais de ces chevaux-là il n'y avait plus rien à tirer ni au labour ni à fortiori sur le champs de courses. C'étaient de vieux chevaux de retraite donc à quoi bon un achat à perte ? Chacun y allait de sa petite recette. On pourrait l'utiliser pour les mariages mais on ne voyait poindre à l'horizon aucun mariage dans la région. Ah ça l'encanteuse allait avoir bien du fil à retordre pour placer à l'encan ce chariot funéraire qui tenait plus du macchabée ambulant que d'autre chose.<br />
Ce n'était pas rien, commentait l'encanteuse, vêtue pour l'occasion telle une cochère funéraire en redingote et chapeau haut-de-forme, que ce monument historique qui avait effectué des enterrements de toutes classes. 1re classe (180 F) : corbillard emmené par deux chevaux avec couvertures, garnitures de luxe frangées (argent), quatre cordons argentés, quatre pompons avec plumets et lanternes voilées en crêpe. 2e classe (120 F) : corbillard avec deux chevaux sans couverture, garnitures ordinaires avec franges en coton, quatre pompons avec plumets, lanternes sans être voilées. 3e classe (80 F) : corbillard à un cheval sans couverture, garnitures simples avec frange coton, quatre cordons coton, quatre pompons sans plumet, lanternes sans être voilées. 4e classe (30 F) : corbillard à un cheval, sans garniture...sans oublier une kyrielle d'indigents inscrits au bureau de bienfaisance<br />
Quant aux funérailles religieuses elle rappela qu'elles se déroulaient ainsi : 1re classe (messe à 10 h 30 ou 11 h).- autel : candélabres et cierges, grand catafalque et tentures sonneries : la veille, à midi et le soir, et le jour, au matin et avant l'office.<br />
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2e classe (messe à 10 h).- autel : candélabres et cierges, grand catafalque et tentures sonneries : la veille, à midi, et le jour, au matin et avant la messe.<br />
<br />
3e classe (messe à 9 h).- autel : cierges, petit catafalque sonneries : la veille, à midi, et le jour, avant la messe.<br />
Il ne manquait plus que la mise à prix pour voir si les passions allaient se déchaîner autant qu'elles se déchaînaient pour obtenir un cochon bien gras, dodu et prometteur de bonne ripaille.<br />
L'encanteuse ménageait ses effets.<div class="blogger-post-footer">Copyright Jean-Marie Baltimore javaligwada@gmail.com</div>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/11723491451065633801noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-26220148.post-78077056516009455952010-05-13T13:17:00.016+02:002014-08-07T23:47:30.102+02:00La basse-cour de l'Ecclésiaste<div style="text-align: justify;">
Ah l'épouse légitime de l'Ecclésiaste ! L'unique et seule éleveuse de coqs de l'archipel ! Eleveuse de coqs ! Certains allaient jusqu'à dire souteneuse de coqs. La vérité exige néanmoins une correction orthographique; je dirais donc souteneuse, couveuse, soutireuse, éleveuse, entraîneuse d'un coq. Une relation qui paraissait à tout un chacun si malsaine, si diabolique qu'on ne connaissait depuis belle et vieille lurette la supposée coquine que sous le vocable de l'épouse légitime de l'Ecclésiaste. L'un ne se déplaçait pas sans l'autre et selon toute vraisemblance ils faisaient tous deux couche commune puisque la vieille chaperonne elle-même vendait ses oeufs ainsi: "Les bons oeufs des maîtresses de l'Ecclésiaste, les bons oeufs de mon mari, bien frais, bien appétissants !!!"</div>
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Et il est vrai que les oeufs des poules de l'épouse légitime de l'Ecclésiaste avaient une saveur, un éclat particulier. Leur jaune resplendissait entre le vert des pâturages et le bleu de l'océan, leur coquille était d'un noir de robe cendrée de veuve, le blanc de l'albumine était de la couleur de l'ambre. Suite à on ne sait quel pacte, les oeufs étaient enrobés dans la paille et la chaux, salés, parfumés au café ou au thé, ensevelis sous terre pendant trois bons mois, déterrés, et alors ils devenaient les oeufs de l'Ecclésiaste, à nul autre pareils. D'aucuns experts nommaient ces oeufs oeufs de Cent ans, voire de mille ans. D'autres murmuraient plutôt oeufs de Satan ! Il advint même qu'on les appela les cent oeufs de Serpent de l'Ecclésiaste !</div>
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En effet l'épouse de l'Ecclésiaste avait la manie de compter ses oeufs un par un et ne partait sur le marché que quand elle avait récolté ses cent oeufs, ce qui se produisait tous les jours indéfectiblement avant les 8 heures du matin. Or ce jour-là elle n'en décompta que quatre-vingt-treize. Sept manquaient donc à l'appel. Il fallut trouver le coupable. Ce fut branlebas de combat dans la basse-cour de l'Ecclésiaste mais que nenni ! Pas de trace des 7 oeufs de cent ans qui s'étaient fait la belle. C'est alors que poussant ces investigations jusque dans les buissons aux alentours elle vit un serpent en train de faire sa toilette ou sa digestion. L'intrus avait eu l'audace de gober ses protégés un à un et ceci sans en écraser la coquille qui il est vrai couverte de paille et de chaux avait pu résister à l'assaut gourmand du python. Il faut dire que ces oeufs étaient irrésistibles avec cette robe d'un or sombre, ambré. Le nez était très intense, avec beaucoup de tabac, mais aussi des raisins de bord de mer et des fruits blancs, de canne à sucre et d'hydromel. La bouche était vraiment surprenante, très sucrée, mais avec tout de même de l'acidité.</div>
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Mais au diable l'oenologie, il ne s'agissait que d'oeufs de poule, quand bien même fussent-ils ceux d'un connétable de poulailler, pas de flacons précieux de Veuve Clicquot !</div>
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Elle se saisit de sa machette et d'un coup de lame avisé trancha la tête de l'Ostrogoth avant qu'il n'ait pu régurgiter coquille écrasée et sucer la substantifique moelle...Deux coups de lame après et elle avait récupéré ses oeufs de cent ans pas pour le moins troublés par l'aventure... </div>
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Malgré les racontars, les médisances, avant même d'arriver sur le marché l'épouse légitime de l'Ecclésiaste avait normalement vendu ses oeufs de tous les délices à la populace. </div>
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Quelle affabulatrice, quelle fanfaronne, disaient les envieux ! </div>
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Elle racontait ainsi à qui voulait bien l'entendre et prendre son mal caduc en sainte patience les aventures de ses oeufs de poule: Tenez-vous bien. La pauvre créature, une vieille demoiselle sur le retour, possédait en tout et pour tout ses septante et quelques douze pintades d'origine douteuse plus désincarnées que le Christ sur la Croix mais qu'elle couvait comme des rejetons de haut pédigree. Tout juste laissait-elle un vieux coq de combat brinquebalant jeter sa vieille gourme comme un apache dans les entrailles de ses protégées car sans gourme solide et liquide pas d'oeufs à vendre à la douzaine, vous comprenez....Les septante et quelques douze pintades de l'épouse légitime de l'Ecclésiaste, quelle histoire !</div>
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Elles portaient toutes un surnom: il y avait la Pure, la Cathare, la Parfaite, la Sainte Nitouche, la Catholique, l'Apostolique, la Romaine, l'Angole, la Pharaonne, la Vice-Reine, la Belle Salope, Reine de Saba, bref une ribambelle de demoiselles de haut lignage toutes servies par leur chevalier-servant, j'ai nommé l'Ecclésiaste, l'ex coq de combat Coq d'Arçons, champion du pitt à la retraite, un hérétique refusant par le biais de pépiements et miaulements à peine audibles le Dernier Sacrement, un infidèle à évangéliser qu'elle avait recueilli vagabondant entre vie et trépas après une défaite mémorable (un vrai massacre, Wilfrid Timothée qui l'abandonna de rage le jour de la défaite cuisante raconta même, avant qu'on ne le retrouve lui même décomposé en pleine mangrove, que le pauvre bougre se retrouva au bout cette empoignade avec en tout et pour tout cinq plumes accrochées encore par on ne sait quel miracle au corps étrangement embaumé) contre Baron-Soie devant une foule ébaubie chez Calvaire Marie-Sainte dans les hauteurs de Station Wolfork.....</div>
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Elle l'avait patiemment recousu, dorlotté, massé, remis sur pied, en aurait fait son amant, selon les mauvaises langues, mais toujours est-il que l'ex Général, Connétable et consorts en était ressorti boiteux et avec un oeil éclopé. Il fallut bien se résoudre à rebaptiser l'infirme et au lieu du nom de combat Général qui avait fait sa gloire et elle résolut de le faire entrer dans la carrière ecclésiastique l'affublant bientôt du surnom de Chanoine, puis sans qu'elle y prît garde, de nom doux en nom doux ce fut l'Ecclésiaste qui finit par prendre racine. Parfois dans un accent de colère le cul-de-jatte retrouvait sa gamme, sa toute prestance de Général aux cent vingt-huit quartiers trois-quarts de noblesse, portant le numéro 9 et pesant 17 kilos dans une autre incarnation, et, s'imaginant encore pourvu des ergots légendaires qui avaient fait sa renommée, faisait le coq de combat devant les poulettes. Un vrai paon ! Eclopé, mais un vrai paon ! Notre dit Ecclésiaste pavanait en long et en large du haut de sa soutane, de son rochet et de son camail dans une basse-cour qu'il avait transformée en choeur de l'église de son monastère. Et pour ensemencer les demoiselles de sa bénédiction, il n'y avait pas meilleur ensemenceur, il peuplait comme les rats d'Inde ! L'Ecclésiaste semait à tout vent sa semence à ses ouailles ! Sans flambeaux ni cierges, sans messe basse ni messe haute de requiem le corps présent, avant son inhumation, sans choristes, porte-croix, thuriféraires, bedeau, suisses, sonneurs et fossoyeurs, sans spectateurs sans aficionados qui avaient incontinent après la sanglante et retentissante défaite déserté sa chapelle.</div>
<div class="blogger-post-footer">Copyright Jean-Marie Baltimore javaligwada@gmail.com</div>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/11723491451065633801noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-26220148.post-79220536165415012112010-01-13T13:31:00.014+01:002011-05-14T20:34:28.159+02:00Rêve d'ignames rouges<a href="http://1.bp.blogspot.com/_6jsgq1ZrZvk/S08HTLrfXiI/AAAAAAAAAmc/RZzlV_E-QHc/s1600-h/yam_dream_TH.jpg"><img style="float:left; margin:0 10px 10px 0;cursor:pointer; cursor:hand;width: 198px; height: 162px;" src="http://1.bp.blogspot.com/_6jsgq1ZrZvk/S08HTLrfXiI/AAAAAAAAAmc/RZzlV_E-QHc/s320/yam_dream_TH.jpg" border="0" alt=""id="BLOGGER_PHOTO_ID_5426564102138846754" /></a><br />
Epaminondas Bosco, l'Ecclésiaste, se réveilla en sursaut au premier redoux de la lune de mars. La veille il n'avait pas bu plus que de coûtume, se contentant sur le coup de midi d'un curry de mouton accompagné de bâtons de manioc et de patates douces sans oublier le riz, les haricots rouges, la petite salade et le piment, le tout arrosé de tafia, vin rouge sucré et force bière fraîche. Vers trois heures il n'avait même pas touché aux mangues qu'on lui proposait gentîment et préféré sa petite dose de tafia accompagné là encore de force bière fraîche. Puis il s'était offert une petite glace à l'eau avant de se reposer sur des boulettes de haricots à l'heure de l'angélus le tout en avalant quelques verres de ses deux élixirs préférés bière et tafia. Le soir ce fut une simple soupe, bien fortifiante et regardez ça, il n'avait même pas avalé une eau de café avec un petit morceau de pain beurré comme le lui proposait sa concubine Tereza-Raquel. Il s´était allongé sur le canapé et le voilà maintenant réveillé baigné de sueur se débattant comme un forcené sous un silo d'ignames rouges imaginaires à la Constellation des Pléïades. Rêver d'ignames, et rouges par-dessus tout ça emergeant comme un atoll de bile d'une mer bleu Iemanjá! Que pouvait donc vouloir dire ce rêve-avertissement ? Grâce, malheur, chance ? Il fallait qu'il en eût le coeur net. Qui allait donc pouvoir lui interpréter cela ? On allait lui demander des détails probablement, l'igname portait-il des bourgeons, le tubercule était-il mis en terre, quelle était la teinte exacte de la chose, des tuteurs avaient-ils été mis en place, comment se présentait exactement le plant d'igname, était-il orienté au levant ou au couchant, l'igname était-il apparu enterré, avait-il été trouvé, ou le lui avait-on offert, bref, cela allait barder. Ignames nouveaux ou ignames nouvelles ? Qu'en savait-il, ce n'était pas lui le géniteur! Ce n'était qu'un simple maître barbier spécialiste du coupe-chou, de la pierre d'alun et du blaireau en poils de martre!<div class="blogger-post-footer">Copyright Jean-Marie Baltimore javaligwada@gmail.com</div>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/11723491451065633801noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-26220148.post-79439586276929044122009-10-13T15:40:00.009+02:002013-09-03T01:40:00.852+02:00La Lamproie, trois-mâts fantôme<a href="http://4.bp.blogspot.com/_6jsgq1ZrZvk/StSW6BOFbYI/AAAAAAAAAmQ/vo7ZfmkKiNE/s1600-h/250px-Petromyzon-marinus2_FWS.jpg"><img style="float:left; margin:0 10px 10px 0;cursor:pointer; cursor:hand;width: 250px; height: 188px;" src="http://4.bp.blogspot.com/_6jsgq1ZrZvk/StSW6BOFbYI/AAAAAAAAAmQ/vo7ZfmkKiNE/s320/250px-Petromyzon-marinus2_FWS.jpg" border="0" alt=""id="BLOGGER_PHOTO_ID_5392100577373416834" /></a><br />
La mer est une affaire d'hommes. Aux femmes la terre et ses sillons boueux et fertiles, aux hommes l'océan et ses fosses insondables. Il en a toujours été ainsi. Qui a jamais connu une femme capitaine de vaisseau ou commandante de frégate, une amirale ? <br />
Non la mer est bien trop sérieuse pour la confier aux femmes, fussent-elles des nymphes ou des sirènes !<br />
Et pourtant ne raconte-on pas sous le manteau, d'un air grave, l'épopée de La Lamproie, trois-mâts fantôme qui erre comme un pélerin en dérade sur sa route de Compostelle sans but entre Wolfork et Bas-du-Bourg, chaque fois qu'un cyclone s'annonce et dont la corne de brume annonce sans qu'aucun doute ne soit permis la présence ensorcelée et majestueuse de celle qu'on appelle dans le pays La Pacha.<br />
On raconte tant de choses sur cette fille du pays, l'une des plus grandes figures de l'archipel des Reliques. Elle serait née sans nombril, on l'aurait retrouvée au pied d'un calvaire à quatre visages dans l'un de ces tonneaux en osier dans lesquels on pêche la lamproie marine. Ce serait pour d'aucuns la fille aux cheveux de maïs d'un capitaine de corvette...Ce serait pour d'autres une ramasseuse de coquillages qui vivait armée d'un seau et d'un rateau et qui comme la pucelle d'Orléans aurait reçu une injonction divine de l'Eternel, une ratisseuse de sable à la recherche de palourdes, travaillant en fonction des marées, à qui Dieu Tout Puissant aurait enjoint de prendre le commandement de la flotte reliquoise. Parfois elle est qualifiée de pêcheuse de lamproie, métier difficile qui demande beaucoup de sacrifices, tradition familiale de père en fille, tout la lie à ce vertébré primitif qui ne possède ni écaille ni mâchoire mais une énorme bouche en cercle armée de plusieurs rangées de dents cornées, pointues, une énorme bouche-ventouse qui vous suce le sang aussi vite que le plus vicieux des moustiques.<br />
Mais on lui devrait la recette originale de ce vrai régal pour les gourmets avertis qu'est la lamproie à la sauce chien et aux airelles où l'on capture une femelle lamproie prête à frayer, de trois pieds de long et pesant 5 livres. Une fois saignée, débitée en morceaux et cuisinée avec des blancs de poireaux, la bête préhistorique est agrémentée d'une sauce au piment et aux échalotes et petits oignons liée avec le sang du poisson millénaire et servie avec une confiture d'airelles. La saveur est insaisissable comme une anguille.<br />
On raconte, enfin ce sont les Anciens qui le disent, que ce trois-mâts fantôme, serait apparu pour la première fois en 1923, en plein oeil du cyclone. Ceux qui ont vu la chose parlent d'une apparition solide tout bonnement de 3 mãts de corail rouge étayés latéralement par des haubans, entre chaque hauban les enfléchures servant d'échelons. Les haubans étaient tendus comme il se doit par des rides passant dans des caps-de-mouton. Et armé de pas moins de 18 canons le convoi passait lá-bas au fond de la rade à la roue libre les bras croisés, quand tout à coup il sembla vouloir jeter l'ancre. On ne voyait ni matelots dans les hunes rondes manoeuvrant les voiles ni équipage, on n'entendait aucun bruit, seuls les vagissements de la corne de brume, on aurait dit une femme qui accouche de sextuplés, mais pas de sage-femme à l'horizon. Le cyclone disparut comme enchantement, la queue basse. Certains pensèrent instantanément aux lamentins, d'autres évoquèrent magie et sorcellerie. partout on se signa e chercha un protègement efficace. Certains encore virent sortir de la mer des milliers de lamproies avant de se transformer en la lamproie phénoménale, la lamproie primale que l'on baptisa par crainte ou respect La Pacha. Le trois-mâts fantôme fut baptisé de La Lamproie. <br />
<br />
Et l'on prit coutume de faire des offrandes de fleurs rouges à cette déesse d'un nouveau genre toute vêtue de madras car on ne douta pas qu'elle ne fût une réincarnation syncrétique de sainte Rita.<br />
<br />
Le gouverneur alla jusque à publier l'édit suivant, qualifié depuis de l'édit de la Sainte Trinité:<br />
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"Avons dit, statué et ordonné, disons, statuons et ordonnons, voulons et nous plaît ce qui en suit. A partir de céans la dénommée La Lamproie, alias sainte Rita, plus connue sous le nom de La Pacha sera considérée comme patrimoine inaliénable, sainte patronne et bienfaitrice des Reliques. A partir de céans toutes Assemblées tenant à proclamer d'autres entités seront considérées comme conventicules illicites et séditieuses et par voie de conséquence sujettes à l'intervention de l'exécuteur de la haute justice, le bourreau. Les contrevenants se verront marqués d'une fleur de lys sur les deux épaules et le jarret."<br />
<br />
Sainte Rita, La Pacha et La Lamproie, toutes unies dans la même sainte Trinité féminine, voilà qui était un arc-en-ciel de bon augure pour affronter les embâcles et les débâcles des cyclones les plus imprévisibles.<div class="blogger-post-footer">Copyright Jean-Marie Baltimore javaligwada@gmail.com</div>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/11723491451065633801noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-26220148.post-40556291644866826712009-07-26T15:13:00.008+02:002012-11-04T12:12:38.318+01:00Sentinelle, oiseau de malheurQuand la sentinelle, oiseau blanc de malheur, plane au-dessus du volcan Bout du Monde à Part en émettant des cris lugubres qui ressemblent au déchirement d'un tissu, alors tout le monde sait que quelqu'un va passer de vie à trépas. Alors la radio locale commence à donner de la voix et se meurt en suppositions. Qui va nous quitter cette fois-ci, qui va traverser le rideau de fer de la mort ? Les couturières s'affairent et commencent à prévoir leur matériel et fournitures diverses, linceuls blancs et violets, un si la sentinelle n'a émis qu'un de ces cris lugubre, et ainsi de suite en fonction du nombre de piaillements. Si la sentinelle vire sur babord ce sera une femme, si elle vire sur tribord ce sera un homme. Si elle se pose sur un arbre ce sera une jeune fille vierge : alors on apprête en vitesse une robe de mariée et sa couronne de fleurs et son voile assortis. Si elle se pose sur une pierre alors on sait que ce sera un vieillard, alors on découpe un linceul violet et un foulard pour lui attacher la bouche.<br />
Mais si d'aventure l'oiseau de malheur se pose sur le corbillard, si d'aventure elle attaque le corbillard à grands coups de bec, comme si elle voulait déchirer un linceul invisible, alors attention, c'est signe de mort cataleptique. Signe qu'il ne s'agit que d'évanouissement, de perte de conscience et non de mort définitive consacrée. Signe qu'on va enterrer quelqu'un vif. <br />
C'est pour cela que la veillée funèbre est indispensable pour se certifier de la réelle condition de défunt de feu l'individu et il n'est pas rare qu'au lieu de l'enterrement prévu en bonne et due forme on ait droit à une vrai débandade des participants qui croyant escorter dans on dernier voyage un ami, un frère, voit ce dernier surgir des ténèbres de l'ensevelissement et leur dire sans préavis ni ménagement: Tirez moi de là. <br />
Mais parfois l'oiseau dort et ne peut remplir son office et le soi-disant défunt va rejoindre son caveau ou sa tombe dans son cercueil sur mesure joliment tapissé au dedans et au dehors de violet, de blanc ou de bleu, de frises et de soleil et de lune et d'étoiles. <br />
Et comme l'archipel est un éternel chemin de croix, la tendance est toujours à un enterrement rapide mais tel ne fut pas le cas de la mort toujours non élucidée d' Orphélien Tito-Dandy, fabricant de cercueil de son état, qui fut enterré sans fleurs ni cérémonie sur les deux heures du matin et que l'on dut exhumer, frais et dispos, le lendemain matin à la suite d'un rêve que fit la Veuve Eternel qui entendit le squelette du trépassé donner des coups de pieds enragés dans les parois du cercueil.<div class="blogger-post-footer">Copyright Jean-Marie Baltimore javaligwada@gmail.com</div>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/11723491451065633801noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-26220148.post-20126807435886340842009-07-26T13:21:00.010+02:002014-08-07T15:56:39.592+02:00Je suis mariée au FeuBien aimés,<br />
De nos jours, les prières valent du temps ; beaucoup plus précieux que l’or et le diamant. Vous seriez présentement en train de surmonter de durs moments, mais sachez que le seigneur est prêt à vous bénir sur un chemin, c’est-à-dire dans des situations où lui seul peut vous aider à y garder foi.<br />
<br />
Je me présente, je m’appelle Madame Artémia Guimbo. Je suis mariée au Feu Eternel, c'est-à-dire au défunt, mon époux VICTOR-SOLANGE ETERNEL, vingt-neuvième du nom, de nationalité reliquoise, de mémoire glorieuse et bénie, qui était maître-charpentier en République des Iles-Unies des Reliques pendant des lustres. Au bout de six heures de mariage, il mourut des suites d'une brève et simple maladie de 4 jours à l'Hospice des Aliénés...<br />
<br />
Depuis sa mort, je me débattais aussi dans des maladies comme le cancer du cerveau et le diabète, ce qui m'a poussée à venir me soigner ici à Station Wolfork. Tout récemment, mon docteur m’a dit que je ne survivrais pas au bout des trois prochaines semaines à venir, ceci dû à mon problème de cancer qui me gênait depuis fort longtemps.<br />
Ayant connu mon état de santé actuelle, ma décision est de faire don, à un organisme de charité, de tout ce que j’ai hérité de mon mari défunt. Dans la crainte de ne pas trouver des personnes de bonnes moralités qui puissent user de cet argent à de bonnes fins, je vous ai choisi parmi ceux que Dieu à voulu bénir et c’est pourquoi j’ai décidé de vous léguer ma fortune, qui consiste en tout et pour tout en ces 83 poèmes avec toute la modestie et la sincérité d’une donatrice.<br />
<br />
Andromaque se parfume à la lavande <br />
Athalie est restée en extase. <br />
Nous disons deux fois : Athalie est restée en extase <br />
Attention elle mord. Nous disons trois fois. <br />
Baissez donc les paupières <br />
Bercent mon coeur d'une langueur monotone<br />
C'est évidemment un tort <br />
Clarisse a les yeux bleus, nous disons, Clarisse a les yeux bleus <br />
Clarisse sera vengée. Nous disons deux fois. <br />
Clémentine peut se curer les dents <br />
De Camille à Amicha : six amis trouveront qu'elle mord ce soir. Nous disons : six amis trouveront qu'elle mord ce soir <br />
De Marie-Thérèse à Marie-Louise : un ami viendra ce soir <br />
Demain, la mélasse deviendra du cognac <br />
Du bouledogue au sanglier : vous recevrez encore des amis ce soir. Le vent souffle les flambeaux. Nous disons : vous recevrez encore des amis ce soir. Le vent souffle les flambeaux. <br />
Écoute mon cœur qui pleure <br />
Elle est rasoir, Jeannie. Nous disons deux fois. <br />
Elle restera sur le dos<br />
Fréderick était roi de Prusse; nous disons quatre fois <br />
Gabrielle vous envoie ses amitiés <br />
Grand-Mère mange nos bonbons <br />
Gustave est très doux. Nous disons deux fois. <br />
Heureux qui comme Ulysse a fait un long voyage <br />
Il a pleuré de joie <br />
Il a une voix de fausset <br />
Il est sévère mais juste<br />
Il est temps de cueillir des tomates <br />
Il fait chaud à Suez <br />
Il faut avoir des pipes pour trier les lentilles <br />
Il n'y a plus de tabac dans la tabatière <br />
Il pleut toujours en Angleterre <br />
J'aime les chats siamois <br />
Je n'aime pas la blanquette de veau <br />
Je n'aime pas les crêpes Suzette <br />
Je veux être parrain <br />
Jean a une moustache très longue <br />
Jeannette a du cran. Nous disons deux fois <br />
L'acide rougit le tournesol <br />
L'angora a les poils longs <br />
L'éléphant s'est cassé une défense <br />
L'infirme veut courir <br />
La Bénédictine est une liqueur douce <br />
La fortune vient en dormant <br />
La jeunesse est l'espoir du pays <br />
La mort de Turenne est irréparable <br />
La secrétaire est jolie <br />
La vache saute par dessus la lune <br />
La vertu réduit dans tous les yeux <br />
Le canapé se trouve au milieu du salon <br />
Le chacal n'aime pas le vermicelle. Nous disons : Le chacal n'aime pas le vermicelle <br />
Le chat a neuf vies <br />
Le chercheur d'or ira à la foire. Nous disons deux fois. <br />
Le cheval bleu se promène sur l'horizon <br />
Le chimpanzé est protocolaire. Nous disons trois fois. <br />
Le cocker est bon chasseur. Nous disons trois fois. <br />
Le coq chantera à minuit <br />
Le facteur s'est endormi <br />
Le grand blond s'appelle Bill <br />
Le musicien est enthousiaste <br />
Le père La Cerise est verni <br />
Le sapin est vert, je répète, le sapin est vert <br />
Le soleil se lève à l'Est le dimanche <br />
Les carottes sont cuites <br />
Les dés sont sur la table <br />
Les fraises sont dans leur jus <br />
Les girafes ne portent pas de faux-col <br />
Les noix sont sèches <br />
Les sanglots longs des violons de l'automne <br />
Lily embrasse Mimi. Nous disons : Lily embrasse Mimi. <br />
Lisette va bien <br />
Louis a deux cochons <br />
Ma femme à l'oeil vif <br />
Message très important pour Samuel : L'octogénaire ne se déride pas. Attendez deux voitures et des amis sur le bonbon. Nous disons : L'octogénaire ne se déride pas. Attendez deux voitures et des amis sur le bonbon. <br />
Messieurs faites vos jeux <br />
Michel-Ange et Raphael sont immortels <br />
Paul a du bon tabac <br />
Pierrot ressemble à son grand-père <br />
Rien ne m'est plus <br />
Saint Liguori fonda Naples <br />
Tambours, battez la charge, quatre fois. Nous disons : Tambours, battez la charge, quatre fois <br />
Tante Amélie fait du vélo en short <br />
Tu monteras la colline deux fois <br />
Une poule sur un mur picore du pain dur <br />
Véronèse était un peintre <br />
Yvette aime les grosses carottes<br />
<br />
<br />
Le monde est pervers mais grande est la miséricorde de Dieu. J’ai pris cette décision parce que je n’ai pas eu d’enfant avec mon mari qui puisse hériter de cette oeuvre singulière. Je n’ai pas non plus de famille car pour m'être fiancée avec un homme d'une autre foi, après la mort de mon époux VICTOR-SOLANGE ETERNEL, vingt-neuvième du nom, ma famille m'a rejetée pour la simple raison que ces fiançailles étaient contraires aux coutumes de ma famille. Aussi bien je pourrais léguer ma fortune à mon actuel amant, mais ce dernier est tellement mauvais de caractère, tellement mauvais larron, qu’il court un peu partout à droite et à gauche JURANT DEVANT L'ETERNEL ÊTRE L'HERITIER NATUREL DES DITS POÈMES en ce moment alors que je suis encore vivante dans ma situation.<br />
Pour mes autres bien matériels, qui ne sont pas en argent bien sûr, j’en ai fait une bonne distribution. Je suis persuadée qu'après ma mort je serai avec Dieu la plus miséricordieuse et bienfaitrice .<br />
Comme je suis actuellement à l’hôpital, me communiquer avec le monde extérieur ne m’est permis qu'une seule fois par semaine où je peux me déplacer alors j’en profite pour vous envoyer ce message d'appel urgent. Aussi je ne voudrais pas que mon amant toujours à rôder autour de moi comme une mouche enragée à cause de ma fortune soit mis au courant de ce message que je lance comme une bouteille à la mer. Pour ce fait je vous invite à faire preuve de DISCRETION autour de vous.<br />
Aussitôt que je recevrai votre réponse et votre disponibilité confirmée pour recevoir cet argent et l’utiliser honorablement, je vous donnerai le contact de l’institution en république des Iles-Unies des Reliques qui attend mes instructions avant de transférer ce fonds à celui que je leur indiquerai.<br />
Je voudrais que vous sachiez que ce fonds que vous recevrez comme don de la part d’une femme mourante vous en fassiez bon usage, en l’utilisant pour bénir d’autres pauvres (tel est mon voeu le plus cher en ce moment)et ainsi vous n’aurez pas de problèmes avec les clauses que j’ai établies avec l'institution où j’ai déposé l’argent et qui se chargera de vous transférer discrètement l’argent.<br />
Que la Paix et la miséricorde de Dieu soient avec vous. Ainsi soit-il<br />
<br />
Mme Artémia Guimbo dite Veuve Eternel<div class="blogger-post-footer">Copyright Jean-Marie Baltimore javaligwada@gmail.com</div>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/11723491451065633801noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-26220148.post-40851219941136436782009-05-18T20:11:00.004+02:002011-05-02T19:41:11.794+02:00Grand-OngleOn l'appelait Grand-Ongle à cause de cet ongle démesuré qu'elle portait au petit droit de la main gauche. Et c'est avec ce grand-ongle qu'elle ouvrait les pages de ce quelle appelait la Sainte Relique d'où elle tirait les oraisons pratiquées contre le mauvais oeil, la congestion, le vent et la sorcellerie. C'était la marraine de la Veuve Eternel et c'est elle qui la première lui avait fait prendre conscience de son don. Un don: elle avait tout fait: matrone accoucheuse, commère guerisseuse et faiseuse de sort, elle dominait les soixante et un pentacles et les sceaux magiques, elle se disait médecin de Dieu mais à 98 ans Joséphina n'y voyait plus grand-chose. Elle confondait notoirement poudre de cochenille et chair de limace, lézards et serpents, poumons de raccoon et intestins de jaguar. Quant aux excréments indispensables comme ceux de cigognes, de paons ou de chèvres, elle n'y voyait goutte, considérant tout comme de l'eau de mille fleurs qu'elle prescrivait en ordonnance. Car avant tout, disait elle, rien ne peut fonctionner si on n'a pas la foi.<br />
Elle faisait ses passes, ses impositions de main, ses invocations sur enfants et adultes, généraux et soldats, gouverneurs et simples citoyens, elle aimait moins car cela la fatiguait s'occuper de veux, vaches cochons, et laissait volontiers ce gibier à d'autres, préférant à cela bénir une ferme, une affaire. Elle prenait son rameau de feuillages, ses trois brins de feuillages, les plongeait dans l'eau et attaquait son réponsier de Saint-Antoine pour retrouver l'objet perdu ou volé. Parfois de ses mains pures, parfois avec l'aide d'un chapelet ou d'un couteau pour couper le sortilège ou d'un simple ruban de tissu, elle s'attaquait aux maladies avec l'aide de Saint Marc et saint André.<div class="blogger-post-footer">Copyright Jean-Marie Baltimore javaligwada@gmail.com</div>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/11723491451065633801noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-26220148.post-56097383055689686172009-05-14T10:03:00.004+02:002012-09-29T20:33:21.222+02:00La Veuve Eternel, maîtresse guérisseuse-voyante et sorcièrePAIEMENT APRES RESULTAT, SPECIALISTE DU RETOUR DE L'ÊTRE AIMÉ, QUELQUE SOIT LA DUREE,<br />
DESENVOUTEMENT, FAIBLESSES SEXUELLES, MALADIE INCONNUE, PROTECTION<br />
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Dans le souci de consulter et de traiter rapidement un plus grand nombre de malades, la Veuve Eternel, guérisseusse, voyante et sorcière a entrepris la construction d'un grand centre de guérison à Vieille Anse, Kalakata. <br />
Ce centre qui accueillera toutes les personnes souffrant de folie, d'ulcère de burili, d'épilepsie, de faiblesse sexuelle ou de stérilité, sera une sorte de retraite où les malades seront gardés pour un meilleur suivi.<br />
<br />
"Une fois dans ce centre, j'aurai le temps nécessaire de m'occuper des différents malades et de suivre de près leur état jusqu'à la guérison", confie la guérisseuse Veuve Eternel. <br />
<br />
Selon elle, elle a décidé de mettre un accent particulier sur les traitements de la folie, de l'ulcère de burili, de l'épilepsie, de l'impuissance sexuelle ou de la stérilité pour la simple raison que ces maux touchent le plus de personnes. <br />
En attendant donc l'ouverture de ce centre de guérison, c'est une foule de patients que reçoit presque tous les jours, la guerisseuse-voyante Veuve Eternel à son cabinet situé à Kalakata, près de l'ancienne pompe funèbre Syrus, et non loin du carrefour Bois-Bandé.<br />
<br />
Envoûtement, sorcellerie, MST, fièvre, chance en affaires, réussite, recherche d'emploi, sont les divers cas qui sont quotidiennement soumis à la voyante-sorcière Veuve Eternel. <br />
"Ces cas susmentionnés sont faciles à résoudre certes, mais auxquels j'accorde beaucoup d'attention" indique-t-elle. <br />
Toutefois, elle affirme que c'est surtout pour les cas d'impuissance sexuelle, et de stérilité qu'elle est constamment sollicitée. <br />
<br />
"De jour comme de nuit des femmes et des hommes viennent frapper à ma porte pour des problèmes de stérilité et d'impuissance sexuelle. Cela se comprend puisque j'ai vaincu ces deux cas de maladie qui n'ont aucun secret pour moi. <br />
Car en peu de temps j'apporte de façon efficace la guérison à ceux ou celles qui me sollicitent" explique la guérisseuse. <br />
<br />
Selon elle, elle soigne uniquement avec les plantes et les écorces d'arbres. Mais avant d'appliquer le remède qu'il faut, elle dit prendre le soin de vérifier si le mal ne provient pas de pratique de sorcellerie ou d'un envoûtement quelconque.<br />
"Si c'est le cas je "libère" le malade avant de lui donner un remède. <br />
Étant moi-même voyante et sorcière, je combats tout mal provoqué par la sorcellerie" avance-t-elle l'air confiant avant d'ajouter qu'elle traite tout ce qui empêche l'homme ou la femme de faire des enfants. <br />
A savoir, l'éjaculation précoce, faiblesse des spermatozoïdes, manque d'érection, fibrome, kyste, trompes bouchées, etc. <br />
<br />
Sollicitée dans toutes les régions de l'Archipel des Reliques et même au-delà, la guérisseuse Veuve Eternel affirme avoir soigné de nombreuses personnes souffrant de stérilité ou d'impuissance sexuelle.<br />
Brandissant ses registres, elle confie avec fierté : "A ce jour, j'ai guéri plus de 1000 personnes. <br />
C'est ce que je comptabilise quand je fais le bilan des tournées que j'ai effectué à travers les Reliques et au-delà". <br />
Sans fausse modestie, la guérisseuse invite toutes les personnes qui souffrent de la contacter au 91-11-46-35 le plus rapidement possible pour une guérison efficace.<div class="blogger-post-footer">Copyright Jean-Marie Baltimore javaligwada@gmail.com</div>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/11723491451065633801noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-26220148.post-1636997695933905472009-05-04T14:04:00.000+02:002014-08-07T19:21:08.567+02:00Petite histoire résumée des Reliques<b>Zoulous</b> est une île de la Capharnaüm antique, localisée dans le nord de la Mer d'Entre-Deux-Morts, à environ quatre cents kilomètres au nord-est de Station Worlfork. Le nom actuel du site est <b>Kilombo</b> . Celui-ci a été fouillé entre 1973 et 1989 par une équipe archéologique reliquoise, de l’université de Station Wolfork, dirigée par Bélisaire Schrubb.
Les plus anciens niveaux archéologiques identifiés remontent au Dynastique archaïque (début du III<small><sup>e</sup></small> millénaire <abbr class="abbr" title="avant Jésus-Christ">av. J.‑C.</abbr>). D’autres niveaux remontant à l’époque de Diarrhée ont été dégagés. Kalakata est une ville qui prend de l’importance à la période de la troisième dynastie de Vaval.<br />
<table class="toc" id="toc">
<tbody>
<tr>
<td><br /></td></tr>
</tbody></table>
<h3 class="modifiedSectionTitle">
<span class="mw-headline" id="La_premi.C3.A8re_dynastie_de_Zoulous">La première dynastie de Zoulous</span></h3>
<div class="thumb tright">
<div class="thumbinner" style="width: 222px;">
<a class="image" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Hymn_Iddin-Dagan_Louvre_AO8864.jpg"><br /></a>
<br />
<div class="thumbcaption">
<div class="magnify">
</div>
</div>
</div>
</div>
Quand l’empire de Vaval III s’effondre à la fin du <span class="romain">XXI</span><sup>e</sup> siècle <abbr class="abbr" title="avant Jésus-Christ">av. J.‑C.</abbr>, le gouverneur de Zoulous, Sikakoko, trahit le roi Yin-Yin de Vaval, et se rend indépendant. Il réussit à écarter l’armée des Iles Grasses
qui détruit Vaval en 2004, et parvient à reprendre cette île plus tard,
ce qui lui permit de se revendiquer comme l’héritier de la dynastie
précédente, tout en conservant Zoulous comme capitale. Son successeur Von-Von se réconcilie avec les îles Grasses, et parvient à récupérer la statue du grand dieu Momon de Vaval, dérobée lors de la guerre qui avait abouti au pillage de cette ville. Le règne de son successeur Popote est très peu connu, à la différence du suivant, celui d'Ylang-Ylang, qui marque l’apogée de Zoulous. A sa mort, la situation de Zoulous commence à devenir difficile avec l’émergence de la dynastie de Macondo, dont le roi Gombo réussit à reprendre Vaval, l'En-Dehors et Masques (soit le sud de l'Archipel des Reliques) à son rival Dacalor de Zoulous (connu par un code de lois qu’il a fait formuler). Zicaque de Zoulous meurt, tué au cours d’un conflit contre Macondo, mais son successeur Khan-Khan redresse temporairement la situation en battant son rival macondonien, Bélisaire, qui finit pourtant par remporter plusieurs victoires lui permettant de soustraire Vaval à la domination de Zoulous, puis finalement Kalakata, la ville sainte de l'Archipel des Reliques, ce qui fut une catastrophe du point de vue symbolique pour Zoulous. La suite de l’histoire de Zoulous à cette période est celle de son déclin accéléré.<br />
Le début de la période paléo-dérébénale, dite parfois « période
de Zoulous-Macondo », fut la période la plus florissante de l’histoire de Zoulous.
Ses scribes reprirent la continuité de la tradition de Vaval III, comme l’attestent les inscriptions royales, hymnes, textes littéraires, textes relatifs au Mariage sacré retrouvés dans cette ville, et surtout à Kalakata durant la période où
elle était soumise à Zoulous. Les souverains de la ville gardent d'ailleurs la titulature de « rois de Vaval» jusqu'à Darbury.<br />
Si le temple de Kalalou n’a livré aucun niveau pour cette période, on a en revanche dégagé une partie d’un quartier d’habitation.<br />
Des textes économiques datant des règnes de Yin-Yin et de Von-Von ont également été retrouvés dans cette cité, en grande partie lors de fouilles clandestines. Ils concernent les activités artisanales menées dans le cadre d'un grand organisme, sans doute le palais. On y voit des travailleurs de différentes spécialités (charpentiers, vanniers, mégissiers, etc.), regroupés en équipes de 9 à 18, dirigées
par un chef. Cette organisation est proche de celle du système mis en
place par l'administration de Vaval III.<br />
<h3 class="modifiedSectionTitle">
<span class="mw-headline" id="La_fin_du_royaume_de_zoulousI">La fin du royaume de Zoulous I</span></h3>
Le roi de Dérébénale Gwofal (1813-1793) dans la quatorzième année de son règne, attaque la ville de Macondo, puis, trois ans plus tard, Zoulous où régnait Tikal (1817 ou 1816-1794), mais il laisse le roi sur son trône comme vassal. À la mort de Gwofal en -1793, le roi de Macondo, Gligli I<sup>er</sup> (1823-1763), met la main sur Zoulous et annexe ce royaume au sien.<br />
Gligli I<sup>er</sup> ne garde le contrôle de Zoulous que quelques années, il est battu en -1787 par le nouveau roi de Dérébénale, Totoblo
(1793-1750) qui prend l'île et Gligli part se réfugier à Macondo
qu'il perdra aussi face à Totoblo en -1763. Sous le règne du fils et
successeur de Totoblo, Blogodo,
l’ancien pays des Reliques, avec Zoulous et Karuk en tête, se révolte contre la
domination dérérénale. Cette rébellion est menée par un personnage
qui se proclame roi de Macondo sous le nom de Gligli II
(1741-1736) mais il est rapidement vaincu. Après cet épisode, les
villes de l’extrême Sud Capharnaüm sont abandonnées, leurs habitants
migrant plus au Nord. Ce fut le cas de Zoulous, dont une partie de la
population se retrouva apparemment à l'Epée, où le culte de Kalalou fut transporté.<br />
<h3 class="modifiedSectionTitle">
<span class="mw-headline" id=".C3.89poque_m.C3.A9dio-derebenale">Époque médio-dérébénale</span></h3>
Zoulous est réoccupée vers le milieu du <span class="romain" style="text-transform: uppercase;">II</span><small><sup>e</sup></small> millénaire <abbr class="abbr" title="avant Jésus-Christ">av. J.‑C.</abbr>.
C’est de cette période que datent les premiers niveaux connus du
monument principal de la ville, le temple de sa déesse tutélaire, Kalalou.
Il fut restauré par les rois fainéants Kimbwa et Kolombo II.
Au nord-est du temple, on a retrouvé 33 tombes de crabes,
l’animal-symbole de Kalalou, accompagnés d’un riche mobilier. Après la
défaite de la dynastie fainéante de Dérébénale face aux îles Grasses en 1155, le
flambeau de la résistance dérébénale fut repris par des rois qui sont
originaires de Zoulous, puisque la dynastie qu’ils fondent porte le nom de
seconde dynastie de Zoulous. Mais quand le roi Ochan reprend Dérébénale, il s’y installe, délaissant Zoulous. Le roi le plus célèbre de cette dynastie est Dinozor I<sup>er</sup>,
qui défait les îles Grasses dans leur pays même, avant d’inaugurer une
série de conflits contre la Bancalie, qui aboutiront finalement à la prise
de Dérébénale par le roi bancale Manioc I<sup>er</sup>. Après le règne de Timal,
qui restaure le temple de Kalalou, les rois de Zoulous II subissent les
assauts des tribus grandeterriennes et basseterriennes qui pillent leur royaume.
Cette dynastie s’éteint dans ces troubles après la mort de Fanfaron en 1027.<br />
<h3 class="modifiedSectionTitle">
<span class="mw-headline" id="Premier_mill.C3.A9naire">Premier millénaire</span></h3>
L'île de Zoulous est encore habitée dans la première moitié du <abbr class="abbr" title="premier">I<sup>er</sup></abbr> millénaire,
bien que n’occupant aucune position politique notable, en dehors de
celle de centre provincial dans les royaumes qui dominent successivement
la région à cette période : dérébénale, bancale, à nouveau dérébénale, puis foutépamale.
C’est de cette dernière période que datent les niveaux les plus récents
explorés à Zoulous, le quartier résidentiel de l’époque paléo-dérébénale
étant en effet réoccupé du XI au V siècle av. J.‑C. L'île doit donc être abandonnée dans le courant de la période foutépamale ou plus tard sous les Imputrescibles.<div class="blogger-post-footer">Copyright Jean-Marie Baltimore javaligwada@gmail.com</div>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/11723491451065633801noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-26220148.post-11853649317227297662009-04-06T13:51:00.006+02:002014-11-25T18:35:24.582+01:00Le songe de Cyclone<a href="http://3.bp.blogspot.com/_6jsgq1ZrZvk/SdoN7iX0SxI/AAAAAAAAAmI/2_-kYJIp1OM/s1600-h/11566.jpg" onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}"><img alt="" border="0" src="http://3.bp.blogspot.com/_6jsgq1ZrZvk/SdoN7iX0SxI/AAAAAAAAAmI/2_-kYJIp1OM/s320/11566.jpg" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5321581226181806866" style="cursor: hand; cursor: pointer; float: left; height: 101px; margin: 0 10px 10px 0; width: 150px;" /></a><br />
Parfois dans sa semi-retraite, à la saison des pluies, entre juin et juillet, le temps d'une petite digestion avant la saison du Grand Cisaillage, bien calé au fond de son hamac entre les racines en arc des palétuviers, Cyclone Vingt-neuvième du nom méditait. A ces heures intimes, la seule chose qu'il souhaitait c'était se faire gratter le dos par une âme charitable mais dans ces marais d'outre-tombe personne ne s'aventurait à sortir le bout du rostre ou l'ombre de l'aiguillon de ces terriers profonds, de dessous les feuilles ou du fond du limon... Alors il se curait inlassablement les dents fouillant les interstices et suçant la moindre déchet de chair et le ré-ingurgitant avec délectation. Cyclone méditait, donc. Il plongeait ses yeux à l'horizon impalpable et attendait ...attendait... attendait...attendait...attendait...<br />
Et alors la vision arrivait....Toujours la même...Implacable...Précise, détaillée, scientifiquement vraie...C'était son ombre, son jumeau, sa copie conforme, Commandant Cafre, le natif de Caféière, qui le taquinait, toujours à l'heure de la sempiternelle sieste.. C'était toujours quand il naviguait entre les deux eaux du fleuve sommeil que le malpropre réapparaissait en grande pompe... Parfois on le voyait accompagné de la dernière de ses concubines. parfois c'est nu au garde à vous qu'il se présentait et c'est dans l'une de ces apparitions qu'il put voir ainsi que le pauvre bougre n'était même pas pas circoncis. Son double, son ombre, son autre, même pas circoncis. Mais loin d'en tirer fierté Cyclone s'en inquiéta. S'il n'était pas circoncis, c'est qu'il n'était pas initié et alors il ne connaissait pas les règles du savoir-vivre assurément. C'était toujours la même vision: tout l'ordre des Ombres réuni sans étiquette dans des flacons d'alcool ou de formol dans la collection particulière d'un certain docteur Isis. Toute l'ordre des Ombres impeccablement réuni, répertorié, disséqué en sous-ordres, divisions, super-familles, familles, genres, espèces, sous-espèces. Ce n'étaient que carapaces rouge violacé, jaune grisâtre, fauve, brun clair, rostres, cuillerons, pattes et antennes du côté de la branche cancérienne de son aïeul Chacha Zéphir premier du nom, fils de Gaiamun, connu pour la finesse et la bonté de son goût, grand amateur, fin gastronome amateur de bon maïs, patates douces, fruits et autres substances végétales, mais particulièrement friand de canne à sucre. Quant à son côté maternel, ce n'était que Mégachilides, apoïdes, aculéates, apocrites hyménoptères, à la glosse bien développée, une pièce buccale du style broyeur-lécheur, captifs dans leurs bocaux remplis à déborder de cire. Il voyait même nettement un petit écriteau signé du bon docteur Isis qui disait : il n'existe plus au monde d'ombre découpeuse, ces ombres à langue longue sont les uniques spécimens d'ombres découpeuses au monde.<div class="blogger-post-footer">Copyright Jean-Marie Baltimore javaligwada@gmail.com</div>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/11723491451065633801noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-26220148.post-32358859349273931752008-12-16T13:11:00.005+01:002010-04-08T20:43:18.175+02:00L'apocalypse selon le Grand Margouillat<a href="http://4.bp.blogspot.com/_6jsgq1ZrZvk/SUee93X3j3I/AAAAAAAAAiM/lqBCtH0d1XE/s1600-h/DSC_0020.jpg"><img style="float:left; margin:0 10px 10px 0;cursor:pointer; cursor:hand;width: 320px; height: 313px;" src="http://4.bp.blogspot.com/_6jsgq1ZrZvk/SUee93X3j3I/AAAAAAAAAiM/lqBCtH0d1XE/s320/DSC_0020.jpg" border="0" alt=""id="BLOGGER_PHOTO_ID_5280363873788465010" /></a><br />
<a href="http://4.bp.blogspot.com/_6jsgq1ZrZvk/SUee9uCoXtI/AAAAAAAAAiE/rCS6HAcYTWQ/s1600-h/DSC_0005.jpg"><img style="float:left; margin:0 10px 10px 0;cursor:pointer; cursor:hand;width: 320px; height: 320px;" src="http://4.bp.blogspot.com/_6jsgq1ZrZvk/SUee9uCoXtI/AAAAAAAAAiE/rCS6HAcYTWQ/s320/DSC_0005.jpg" border="0" alt=""id="BLOGGER_PHOTO_ID_5280363871283470034" /></a><br />
<a href="http://4.bp.blogspot.com/_6jsgq1ZrZvk/SUee9V35A5I/AAAAAAAAAh8/ugO3SMLWeUA/s1600-h/DSC0009.jpg"><img style="float:left; margin:0 10px 10px 0;cursor:pointer; cursor:hand;width: 320px; height: 312px;" src="http://4.bp.blogspot.com/_6jsgq1ZrZvk/SUee9V35A5I/AAAAAAAAAh8/ugO3SMLWeUA/s320/DSC0009.jpg" border="0" alt=""id="BLOGGER_PHOTO_ID_5280363864795972498" /></a><br />
"Ouvre les barrières, Margouillat, pour que je passe !" se contenta de murmurer l'apparition. Elle était entourée de serviteurs zélés, au beau milieu du Carrefour Feuilles, tous l'abritant sous un parapluie géant. <br />
"C'est sûrement Baron-Yeux-Rouges", pensai-je, le voyant escorté par la Grande Frida, toute étincelante de langueur, les lèvres maculées de farine de manioc. Il pleuvait, me semblait-il, j'écarquillais les yeux car la lumière était troublante. J'allais être chevauché, je le savais, je ne serais plus qu'un cheval hennissant devant l'au-dela. Je vis tomber en gouttes fines de pluie trois coqs rouges, cinq coqs gris, deux coqs blancs, seize grains de maïs blanc, seize pigeons blancs, trois chèvres à la barbichette soignée, deux gros sacs de farine et trois kilos de café moulu, un cochon d'inde, quatre ou cinq grains de riz, un panier tout plein de racine feuilles des Grands Bois, une bouteille de bière bien fraîche, un tonneau à moitié vide de tafia et six bassines oranges de sang à peine coagulé, je vis une lame trancher un cou et le sang d'un poulet bigarré sacrifié gicler en arc-en-ciel.<br />
"Marinette-bois-séchés , fis-je, arrivant à peine à articuler, viens à mon secours. Sors-moi de cette ferraille".<div class="blogger-post-footer">Copyright Jean-Marie Baltimore javaligwada@gmail.com</div>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/11723491451065633801noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-26220148.post-54725936024788041302008-11-27T16:43:00.008+01:002012-09-29T21:29:42.611+02:00La Genèse de l'Archipel des ReliquesSelon ce que l'on a pu déchiffrer sur les roches gravées que l'on trouve à tout bout de champ sur les nombreuses îles de l'archipel, au début, au commencement de tout, à la racine carrée de nos latitudes et longitudes, à l'on ne sait quelle abscisse ni quelle ordonnée, tout n'était que rhizomes. Rhizomes entrelacés de si douce manière qu'à l'oeil nu personne n'aurait pu distinguer une racine de l'autre, une liane d'une autre, un bourgeon d'un autre. Tout n'était que rhizome, vous dis-je ! Rhizome ! Rhizome derrière rhizome, rhizome après rhizome, rhizome sur rhizome, rhisome sous, rhizome au milieu, rhizome aux trois-quarts, au tiers et à la totalité ! Une gigantesque queue-leu-leu de rhizome ! Ce monde sans microbe, d'éternelle pureté chaque jour redéfinie, bien avant le fruit à pain, les Anciens s'en réfèrent comme un monde archaïque, une ère sans soleil qu'ils nommèrent bien plus tard Matété.<br />
Pour vous imaginer Matété aux temps de la Genèse, imaginez une purée difforme, une purée babélienne d'ignames de toutes les couleurs et de tous les clans, igname rouge, verte, blanche, noire, lilas, rose, grise, jaune, igname enabba, igname pacala, igname plimbite, igname pyramide, igname saint-catherine, igname pousse-en-l'air, igname belep, igname oriental, igname saint-vincent, igname de tasmanie, igname de toutes tribus, assaisonnée de crabes de toutes espèces et de toutes langues. Ainsi était Matété, le premier univers qui survécut aux tremblements de terre, éruptions et autres douceurs qui ébranlèrent l'Arrière-Monde.<br />
Combien de temps dura Matété ? Nul ne le sait vraiment mais de récentes datations au carbone 14 le dissocient clairement de Maglouglou, la seconde ère, l'ère prolifique qui vit l'avènement sur l'archipel de l'igname rouge, symbole du sang des morts, symbole de la lutte que les dieux et les morts ménent inlassablement dans leur monde sous-marin. Cette igname avait toujours cohabité pacifiquement avec ses congénaires mais il semblerait qu'une modification dans son système de synthèse l'ait rendu soudain vénéneuse et les autres qualités d'igname rapidement se mirent à dépérir en présence de la diablesse. Devant les autres lignées d'ignames désormais immangeables on invoqua alors sortilèges, maléfices et bientôt ce ne fut que disette et désolation.<br />
Les roches gravées racontent ainsi l'apparition d'une igname rouge aux dimensions faramineuses : on la nomma Kanbar, ce qui veut dire selon les experts Roi des Rois: deux mètres de long et cinquante centimètres de circonférence pour un poids de cinquante kilos sur la balance. Le même jour qu'apparut cette igname nouvelle, apparurent dans l'ordre le cyclone, le sable, le vent, la pluie, la lune. S'il faut en croire les roches gravées, l'événement majeur de notre création aurait eu lieu à la lune de mars, à la constellation des Pléiades.<br />
Maglouglou 1er car c'est ainsi qu'il devait passer à la postérité est notre ancêtre à tous, l'igname de référence, le légume-racine par où transitent les fastes et les défaites, les songes et les mensonges, l'igname des prémices par excellence.<br />
Maglouglou 1er nul ne sait s'il était mâle, s'il était femelle ou simplement hermaphrodite, mais il fut le premier. Il s'autoproclama illico presto souverain plénipotentiaire et sut s'entourer d'ignames de toutes castes et de toutes qualités à qui il refusa seulement de s'implanter sur l'île sacrée des Nombrils, lieu de pélerinage obligatoire qui lui fut d'office attribué. Il est vrai que l'île aux Nombrils était des plus fertiles avec un sol sablonneux propre à la culture de l'igname vorace de profondeurs et déjá étaient apparus des crabes de toutes engeances qui aéraient constamment la terre, la rendant si meuble, que l'igname rouge proliférait, proliférait, n'ayant pas en outre de prédateur attitré, de charognard invétéré pour le gêner dans ses prétentions.<br />
Les autres espèces et variétés colonisèrent l'archipel. Il y eut ainsi à l'apogée de Maglouglou jusque 53 000 espèces d'ignames sur l'archipel.<br />
On dénombra ainsi des ignames à rats, des ignames du pays, des ignames cochon, des ignames de deuxième qualité come l'igname wacacatuma, watronga, wakalikali, l'igname waetha, l'igname bilehe et enfin des ignames de troisième qualité comme l'igname hmarerum. Aucune ne pouvait rivaliser avec Kanbar, Roi des Rois, tant elle était parfumée des quatre vents de l'archipel, on y retrouvait l'amertume des lianes et du varech, la tendresse des vagues quand elle lèchent l'estran, et un infinitésimal soupçon d'odeur de charogne, bref elle était unique et irremplaçable.<div class="blogger-post-footer">Copyright Jean-Marie Baltimore javaligwada@gmail.com</div>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/11723491451065633801noreply@blogger.com