27.2.07

Les Dix Paroles du Fauteuil à Bascule





Selon Anicet Guimbo, il fallait pas moins de 178 étapes de fabrication pour arriver au meuble parfait, 100% massif, véritable bijou artisanal, son fauteuil à bascule !Et cela sans compter l'assemblage, le ponçage, le polissage et la finition !
Philémon Guimbo, son père, lui avait édicté sur son lit de mort les tables de la loi, les Dix Paroles du Fauteuil à Bascule:



Première Parole : Je suis le Fauteuil à Bascule, l'Eternel, ton Fauteuil à Bascule, qui t'ai fait sortir du pays d'Égypte, de la maison de servitude. Tu utiliseras toujours du bois de plus de quarante ans, du bois arrivé à maturité, du bois dur, sans noeufs, sans défauts naturels, pas de bois de coeur ni d'aubier.


Deuxième Parole : : Tu n'auras pas d'autres Fauteuils à Bascule devant ma face. Tu ne te feras point d'image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre. Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point; car moi, le Fauteuil à Bascule, l'Éternel, ton Fauteuil à Bascule, je suis un Fauteuil à Bascule jaloux, qui punis l'iniquité des pères sur les enfants jusqu'à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent et qui fais miséricorde jusqu'en mille générations à ceux qui m'aiment et qui gardent mes commandements. Tu calculeras ainsi 18 pouces un quart de profondeur d'assise, 26 pouces d'écart entre les deux accoudoirs, 19 pouces et quart d'écart entre les montants de devant, 32 pouces entre le haut du fauteuil et l'assise, et ainsi de suite. Dans mon fauteuil tous pourront s'asseoir quelque soit leur taille, morphologie (proportion tronc-jambes, cambrure lombaire, basculement du bassin...). Les 4 barreaux du dossier composant le dossier ne mesureront pas plus d'un demi-pouce et seront étudiés pour s'adapter aux muscles du dos, mais aussi aux ischions...


Troisième Parole : Tu ne prendras point le nom de l'Éternel, ton Fauteuil à Bascule, en vain; car l'Éternel ne laissera point impuni celui qui prendra son nom en vain. Tu feras chanter joues de mortaises et flancs de ténons jusqu'à ce qu'il s'imbriquent parfaitement. Tu feras bien sûr aussi appel à queues d'aronde et chevillage bois.


Quatrième Parole : Souviens-toi du jour du repos, pour le sanctifier. Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage. Mais le septième jour est le jour du repos de l'Éternel, ton Fauteuil à Bascule: tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l'étranger qui est dans tes portes. Car en six jours l'Éternel a fait les cieux, la terre et la mer, et tout ce qui y est contenu, et il s'est reposé le septième jour: C'est pourquoi l'Éternel a béni le jour du repos et l'a sanctifié. Tu appliqueras toujours teinte d'origine végétale avant les trois couches de résine incolore.


Cinquième Parole : Honore ton père et ta mère, afin que tes jours se prolongent dans le pays que l'Éternel, ton Fauteuil à Bascule, te donne. Tu veilleras comme sur toi-même sur gouge, maillet, scie à guicher, ciseau à bois, coins, forêts, tarières, chignole, rabot, plane et villebrequin.


Sixième Parole : Tu ne commettras point d'homicide. Lors de la finition tu alloueras 48 h de séchage entre chaque couche de vernis.


Septième Parole : Tu ne commettras point d'adultère. Tu honoreras scrupuleusement les 178 étapes de ma fabrication.


Huitième Parole : Tu ne déroberas point. Ta colle sera toujours d'origine animale.


Neuvième Parole :Tu ne porteras point de faux témoignage contre ton prochain. Comme essence de bois tu utiliseras de préférence du mesquite ou du jacaranda.


Dixième Parole : Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain; tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni aucune chose qui appartienne à ton prochain. Quant à mon inclinaison, l'angle formé entre la tangente à la courbe du dossier et le plan de l'assise sera de 7 1/2 degrés.

26.2.07

Blanca Moreno expose a partir du 27 février à Bogota (Colombie) à la galerie du FENALCO


El director de FENALCO Bogotá, Dionisio Araújo Vélez, invita al coctel de inauguración de la exposición "Memorias de Lugar" de la artista Blanca Moreno, que se llevará a cabo el 27 de febrero de 2007 a partir de las 6:30 p.m.

La exposición estará abierta hasta el 27 de marzo de 2007 de lunes a viernes de 8:00 a.m. a 5:30 p.m. en la Galería de Arte FENALCO GAAF.


Mayores informes teléfono 336 1164

"Il y a un endroit qui bouge en moi. Parfois c'est le vent qui remue les feuilles vertes de la forêt qui vit dans mes poumons. Parfois encore ce sont des milliers de lumières qui parcourent mon torrent sanguin, frénétiques et délicates comme un roucoulement. Je m'assieds sur une rive ou l'autre et j'observe le va-et-vient. Alors celui qui peint disparaît. Le jeu mystérieux commence et nous sommes plus débordants de vitalité, plus libres et plus vulnérables.
De cette vraie dynamique, vestiges silencieux, surgissent, les peintures." Blanca Moreno, 2007

21.2.07

"Je ne saurais croire qu'à un Dieu qui saurait danser"


"Je ne saurais croire qu'à un Dieu qui saurait danser" affirmait Nietsche. Moi je ne saurais croire qu'à un dieu ou une déesse qui saurait suivre et non mener. Car dans la danse celui qui a la capacité de suivre, d'accompagner, de prévoir, de deviner est bien plus méritant que celui qui imprime de son corps , de sa main, la direction et le rythme à suivre. Au Dieu maître de ballet je préfère Flore de Sainte Rita, déesse diablotine de la sieste, qui se déhanche telle une hormiga culona, une reine des fourmis à gros cul qui aurait perdu ses ailes au beau milieu des mortels, sur des chants de troglodytes à calotte noire entremêlés à ceux des troglodytes siffleurs :

Aussi longtemps que les lions n'auront pas leur historien...


"Aussi longtemps que les lions n'auront pas leur historien les récits de chasse tourneront à la gloire des chasseurs" dit un proverbe africain. Aussi longtemps que les bromelias n'auront pas leur historien les natures mortes tourneront toujours à la gloire des artistes !

Sabes?? los animalitos andan metidos detras de las hojas..


Platanillos

"Sabes?? los animalitos andan metidos detras de las hojas...(de los arboles). Tambien las montañas y bosques viven flotando dentro de mi .. It is always that way that I paint...When I do, I feel boundaries do not exist any more."
Thus spoke Blanca Moreno, en réponse à une interrogation du journaliste Carlos Caatinga de la Dépêche des Reliques sur l'absence étrange d'animaux dans ses tableaux exposés en ce moment à la galerie Pilar De Morfil à Kalakata. "Les animaux vont et viennent bien installés à l'abri des feuilles... (des arbres). Par ailleurs les montagnes et les bois vivent en flotaison en mon for intérieur... C'est toujours ainsi que je peins... C'est alors que je ressens que les frontières n'existent plus."
Suite à cette réponse le chroniqueur mondain de la Dépêche des Reliques écrivait alors ceci :
"Voici Blanca Moreno, que je proclame dès à présent chef de file de l'infra-réalisme merveilleux. Car maintenant tout est fantamagorisquement clair. Son merveilleux ne saurait être accessible qu'à travers l'utilisation de rayonnements infrarouges, ultraviolets et x . Au-delà de l'observation à l'oeil nu qui vous montrera une couche picturale tout à fait normale (si ce n'est quelques craquelures, témoins de l'ancienneté du tableau), je vous invite d'ores et déjà à l'examen de l'un de ses tableaux au microscope binoculaire. Il s'agit du célèbre "Platanillos" (Balisiers) .
Ce dernier montre que la plupart des motifs végétaux du tableau (feuilles, troncs, branches, bractées) du tableau ont été retravaillés ou ajoutés par l'artiste. La reflectographie par infrarouge permet de pénétrer plus en avant dans la couche picturale. L'analyse par cette technique fait apparaître le dessin préparatoire qui se trouve sous la couche de peinture. Par exemple ici on constate que c'est la fin de la saison de pluies, nous sommes entre Pâques et juin, sous chaque feuille s'ébat une colonie de fourmis coupeuses de feuilles rouge orangé en plein vol nuptial par un lendemain de carnaval. L'analyse fait aussi apparaître quelques surpeints au niveau des troncs d'arbres (en fait à l'origine des palétuviers à échasses). On aperçoit aussi des milliers de trous de crabes et des fourmis à gros cul qui s'y aventurent désorientées à la recherche de leur reine. La radiographie révèle une foule de détails : grain, fissures, défauts, vides, joints, ailes, repentirs, ajouts, retouches, mandibules, insectes à l'état de nymphes ou d'imago, etc
Grâce aux rayons X on se rend compte que la tache rouge (la bractée de balisier bordée de poupre et de vert) correspond à une tête de troglodyte siffleur masquée par un surpeint. Si on observe attentivement on découvre qu'elle a été modifiée : elle était au départ peinte de profil.
Oui, bien installée à l'abri des feuilles de balisier c'est une vrai ménagerie de troglodytes qui est ainsi exposée au delà de la paix apparente de ce paysage tropical de zingibérales idéales : à calotte noire, à gorge brune, à face pale, à long bec, à miroir, à nuque rousse, à poitrine grise, à poitine tachetée, à ailes blanches, à bec court, à bec fin, à tête blanche, à ventre blanc, à ventre noir, arada, austral, barré, bicolore, chanteur, d'Apolinar, de Bewick, de Boucard, de Caroline, de Cobb, de Socorro, de Zapata, des cactus, des canyons, des marais, des rochers, des ruisseaux, des volcans, du Merida, du Sinaloa, du Yucatan, familier, fascié, flûtiste, géant, gris, grivelé, mignon, modeste, montagnanrd, rayé, roux, rufalbin, tacheté, zoné, à favoris, à moustaches, à sourcils roux, à ventre fauve, balafré, bridé, brun, coraya, de Branicki, de Clarion, de Cozumel, de Nava, de Niceforo, de Sclater, denté, des Antilles, des Guarayos, des halliers, des Santa Marta, des tépuis, fauve, ferrugineux, inca, joyeux, maculé, moine, ocre, olivâtre, philimèle, rossignol, zébré.
C'est une vraie explosion de cris et de chants, de queues qui remuent et de couleur qui tente de s'affranchir des bleus et verts et bleus et verts et bruns d'une mangrove décidément indomptable. Puis tout à coup s'impose le silence. Et si l'on prête l'oreille au delà des inflorescences, on entend par delà les mousses et les lichens le chant parfait des troglodytes siffleurs : twit twit twit !!!! Also sprach Blanca Moreno, grande amatrice devant l'éternel de caviar de Santander."

Mercredi des Cendres


Mercredi des Cendres le carnaval s'éteint théoriquement! Au petit matin les éboueurs dansent et leurs poubelles se transforment en tambours, le camion d'ordures devient trio elétrico, les confettis collent au trottoir et les jets d'eaux des lances les font virevolter une dernière fois dans l'atmosphère fétide ! Partout de serpentins pendent aux fils électriques ! Et les seuls cadavres qui jonchent ça et là sont les bouteilles de bière aux trois quart pleines dont les étiquettes vantent Brahma et l'Antarctique...
En théorie seulement, le Mercredi des Cendres le carnaval s'éteint. Car selon les lois de l'Eglise Universelle c'est le mercredi des Cendres que commence le comptage des quarante jours de Carême. Quarante jours sans viande ni tafia ! Quarante jours à jeûner, à ne prendre qu'un repas par jour, le soir après les Vêpres ! Quarante jours de recueillement ! Quarante jours de viande maigre d'oiseaux de mer ou de rivière, de poisson déguisé en viande !
L'Archipel des Reliques par dérogation expresse du Pape a obtenu de déplacer la date de départ du Carême du mercredi des Cendres au vendredi qui suit le mercredi des Cendres.
Le cas de l'île aux Masques est encore entouré de mystère.

20.2.07

Quand je n'ai pas de bleu éthylène, je mets du bleu de méthylène


Pour paraphraser Picasso qui disait "quand je n'ai pas de bleu, je mets du rouge" le maître photographe Orphélien Tito-Dandy disait : "Quand je n'ai pas de bleu éthylène, je mets du bleu de méthylène". A vous de voir si vous êtes sur la même longueur d'onde dans le spectre qui nous sépare du visible et de l'invisible.

Selon lui les bleus de sa jungle rivalisaient et de loin avec les bleus Klein. Bleus ciel, bleus marine, bleus lagon, bleus roi, bleus pervenche, bleus saphir, bleus zinzolin, bleus de Prusse et de Delft, bleus cyan, ardoise, pétrole, bleus d'Auvergne, bleus cobalt, outremer, bleus céruléen, indigo, de Nîmes, bleus turquoise, bleus d'aniline, bleus éthylène tous sublimés dans un même élan dans son bleu de méthylène !

Mon Grand Intérieur Rouge fourmille d'anges rebelles


Le Grand Intérieur Rouge est un tableau de Matisse. Mon grand intérieur rouge est paradoxalement saturé de vert et de bleu et est intitulé "Rencontre de Damballah avec les Anges Rebelles". Ce tableau de l'artiste haïtien Frantz Zéphyrin évoque pour moi assez bien l'univers clos où se déroule le réalisme magico-merveilleux présent dans "Le Bal d'Entre-Deux-Morts ou les Très Riches Heures du Temps Ordinaire". Dans cet univers il ne s'agit pas de représenter mais d'articuler le tryptique sous-naturel, naturel et surnaturel : réconcilier prévisible, visible et invisible, dit, dicible et indicible; expliciter, justifier zombis, orixas, diables et vampires, panthères, souris vertes phosphorescentes, requins et dauphins d'eau douce de couleur rose dans de grands ébats contradictoires. Du formidable charivari suscité à l'intérieur de ce grand intérieur rouge surgit toujours une vérité carnavalesque à laquelle on ne peut se soustraire tant elle est vibrante et contraignante.

Préface aux lecteurs, auditeurs et autres spectateurs de ce blog !



Oyez, oyez, bonnes gens, je me situe dans la veine, le sillon, le sillage du réalisme magique, appelé par d'autres encore avec des nuances réalisme merveilleux. Qui n'a jamais traversé pieds nus la mangrove entre trous de crabes et fourmis coupeuses de feuilles, qui ne s'est jamais faufilé sous les palétuviers et leurs racines en échasses par une nuit saumatre, qui n'a jamais plongé dans le territoire inextricable du verbe ne comprendra jamais ce qu'est le réalisme magico-merveilleux.
J'ai été nourri aux textes-biberons de Julio Cortazar, Maryse Condé, João Guimarães Rosa, Toni Morrison, Edouard Glissant, William Faukner, Marcel Aymé, Alejo Carpentier, José Lezama Lima, Rabelais et abreuvé aux pigments-chopines des Jerôme Bosch, José de Goya, Brueghel, Edvard Munch, James Ensor et d'autres encore. Je me suis imbibé encore enfant des contes et légendes de contrées que je n'ai jamais visitées, de mille et une nuits dans lesquelles le rationalisme et le cartésianisme étaient loin d'être virulents. J'ai vu des hommes enceintes accoucher en plein jour près de leur embarcadère, des mangoustes se transformer en raccoon rouge, des colombes sortir des bouches des vierges, des mamelles coupées donner naissance à des fontaines, des singes vénérables apparaître et se transformer en volcan les nuits de pleine lune ... J'ai vu des flûtes se muer en serpents cycloniques, des bâtons devenir nuages durs et impitoyables... Par la magie du verbe ou était-ce par le pouvoir du réel ? La photo comme la musique sont selon moi avec l'écriture parmi les ressorts les plus puissants du réel. Comme le dit Rolland Barthes (merci Julie pour la citation) "il y a toujours un ça a été dans la photographie". Mais loin de moi l'idée de restreindre le réalisme magique/merveilleux à l'univers délimité entre la chambre claire et la chambre noire. La photo reste pour moi une vision magique du réel car le photographe en est partie prenante. Je ne crois pas à la caméra vérité, au réalisme intrinsèque, formel et définitif prôné par Dziga Vertov. Le peintre, tout comme le musicien, est un griot, un passeur de réel quand bien même toute création est une récréation, donc un jeu dont la solution passe inévitablement par la déperdition d'un idéal incommensurable. Ce sont ces visions juxtaposées de pans de territoire du réel que je voudrais recréer dans cet humble réalisme magique avec lequel je souhaite établir une filiation. Peu importe à la fin que cela soit vrai, en fin de compte, il m'importe que cela soit vraisemblable. Comme dans un dessin animé da Walt Disney, la chute n'est jamais fatale et l'envol est toujours possible.
Ce feuilleton est en éternelle reconstruction, notamment en ce qui concerne les noms de lieux et les noms de personnages. Je ne crois pas beaucoup en la touche finale, peut-être ! Je ne voudrais pas que le lecteur-auditeur-spectateur-voyeur soit dérouté dans son parcours qui, j'ai lieu de l'espérer, ne sera pas linéaire. Certains textes s'apparentent au bloc-notes :livrés bruts, sans façonnage et redemandent à être retravaillés, reciselés comme du marbre de Carrare, remontés. D'autres me semblent arrivés à leur presque quintessence mais le pinceau est toujours proche prêt à rectifier une pose. A vous de savoir votre groin utiliser pour, dans la bouillie celluloïde apparemment difforme que je vous propose, trier le bon grain de l'ivraie (E-vrai ?)