1.6.08

Comment pratiquer la pêche à l'Ennemi

Le prieur général de la Congregation de Saint-Zoulou fit éditer un jour un traité de pêche à l'Ennemi.
Ce traité stipule que tout habitant de l'île doit avoir en sa possession un haveneau, un croc et une ou deux gaffes pour crocher l'ennemi, pour l'étourdir voire le tuer.
Mais tout d'abord il s'agit de l'appâter avec des rougets-barbets, des thons, des poissons-lait, des pieuvres et des requins.
On peut aussi offrir à l'Ennemi des boissons cérémonielles, des ceintures de fleurs, voire le chasser à la dynamite ou au poison. Tous les moyens sont bons, toutes les techniques de Pêche ou de chasse sont les bienvenues mais il ne faut jamais oublier
Il enjoint de gaffer l'ennemi de préférence à la tête pour éviter qu'il ne gigote. Croché dans le corps il va se débattre, réussir à se décrocher et s'échapper.
Il recommande aussi l'utilisation du noeud coulant réalisé à partir d'un noeud de chaise autour du dormant. Il suffit de placer le collet jusqu'à la hauteur des ouïes de l'Ennemi, puis une fois le collet en place, de serrer très fort, hisser l'Ennemi Ou le laisser attaché jusqu'à ce qu'il meure.
Ne pas oublier d'évacuer le sang et les humeurs...Cela c'est la version épiscopale.

Mais la rumeur circule que l'Ennemi n'est rien d'autre qu'une créature hétéroclite, un diable volant, ni plus ni moins, un succédané de requin-marteau, moustique et chauve-souris à cornes de boeuf nélore et aux mains pires que des tenailles, un mutant, quoi, un dégénéré que seuls des désinfectants tels la Créolina et le Bézéguel sont à même d'éliminer le venin de cobra.

Mais d'autres, encore, ceux-lá bien plus rares, mais bien plus au fait des choses, s'aventurent jusqu'à évoquer un pacte tacite entre vautours carcaras, de la région du Carrascon, et les frères Adémar et Ordario, tous deux sourds et muets, comme le furent depuis des génerations d'unions congénitales, leurs parents, grands-parents et arrière-grands-parents.